Kuzu no Honkai, que l'on traduira en "Voeu d'ordure" en français, est un animé adapté d'un manga de Mengo Yokoyari en ce début d'année 2017. On va rentrer dans le tas tout de suite et je vais vous donner mon avis : cet animé redéfinit pour moi les codes du genre drama/psychologique.
Le synopsis est à première vue plutôt classique. Le personnage principal, Hanabi Yasuraoka, est une adolescente amoureuse de son professeur (Kanai-sensei) qu'elle connaît depuis sa (pas très) tendre enfance, et elle n'arrive pas à lui dire. Premier amour, thème classique dans l'animation japonaise, bref une histoire banale. Mais Kuzu no Honkai, c'est aussi Kuzu no Hentai. Nos amis du pays du Soleil Levant n'ont pas hésité à y aller cash.
Nous sommes introduits dès le début à un autre personnage, dans la toute première scène en fait. Le personnage de Mugi Awaya. Mugi, c'est un substitut pour Hanabi. Et réciproquement. Car Mugi vit lui aussi un amour à sens unique. Bref, ils sortent ensemble parce qu'ils ne peuvent pas atteindre l'être aimé et ont besoin de quelque chose de plus fort que cet amour abstrait. Quelque chose de charnel. Ils sont adolescents.
Finissons l'introduction des personnages. On a la femme dont Mugi est amoureux, Akane Minagawa, qui est aussi une professeur. On a Sanae aka "Ecchan", amoureuse de Hanabi. Et une fille amoureuse de Mugi depuis longtemps, Noriko. Bref, on a un beau paquet de personnages aux personnalités bien développés, aux relations imbriquées, c'est un beau bordel scénaristique, mais c'est justifié. Mention spéciale à quelques personnages servant seulement de tremplin scénaristique occasionnel, ou de flashback utile au personnage lié.
Je vais m'attaquer à l'animation maintenant. C'est un des points fort de l'animé, et quand je dis qu'il redéfinit les codes du genre, c'est sûrement la réalisation qui m'interpelle le plus.
Kuzu no Honkai, c'est coloré et lumineux. Mais Kuzu no Honkai, c'est sombre. Tout un jeu de contraste se met en place, et se mixe avec l'ambiance mise en place par l'animé. D'une scène à l'autre, l'image sera tour à tour brillante et chatoyante, puis sombre et triste. Les émotions du personnage que l'on suit (en particulier Hanabi, mais tous les personnages "principaux" sont abordés à tour de rôle) sont retranscrites via toute une ambiance. Cela me fait beaucoup penser aux jeux de lumière qu'utilisent les films (j'ai regardé Lesson of Evil dernièrement, bon exemple), et c'est un concept peu utilisé dans l'animation. Bref, techniquement, c'est good.
KnH (j'ai la flemme ok?) a donc une réalisation bluffante, mais que dessert elle? (et je ne parle pas de tiramisu)
Eh bien, ma foi, entre le rejet, l'amour à sens unique, la tromperie, la solitude, l'addiction et j'en passe, le passage de l'adolescence à l'âge adulte est compliquée pour nos protagonistes. Avec peu scénaristiquement parlant, car hormis des évolutions de relations, il se passe pas grand chose (là c'est les vacances, puis là ils vont en cours, puis la c'est la fin de l'année, et voilà). Mais, on ne s'ennuie pas. Car c'est un animé qui explore les méandres de l'âme de ces personnages, souvent tourmentés, que ce soit leur rejet de la solitude, leur ennui quotidien ou leur refus de s'ouvrir aux autres. La narration est souvent présente, regarder Kuzu no Honkai, c'est un peu comme jouer à un VN. Dialogues, monologues, instant contemplatifs abstraits, et parfois on les mixe entre eux. C'est comme si on mélangeait Evangelion et Monogatari, mais sans ce côté fantastique. Et qu'en plus, le mélange était réussi.
Au final, Kuzu no Honkai, c'est quelques heures de visionnage, des personnages aux personnalités complexes, avec un background pour appuyer le tout. C'est un trip dépressif en plein dans l'adolescence, que ce soit les professeurs ou les élèves. Ce sont tous des personnages qui ont besoin de franchir un cap, de réussir une épreuve, afin d'avoir accès à ce voeu qu'ils cachent au fond d'eux-même. C'est un cri à la liberté, une ôde à ce passage difficile qu'est l'adolescence.
Puis, entre nous, bah, les personnages, ils baisent entre eux, donc c'est cool.
Je finirais sur une citation rapide de notre respecté Antigoomba :
"NoMoreCryInMyHentai"