Serial Experiments Lain
7.6
Serial Experiments Lain

Anime (mangas) TV Tokyo (1998)

Sérieux, il y a des passages qui valent 10/10 dans Serial Experiments Lain. Dans la première partie notamment, j’étais fasciné par l’atmosphère qui se dégageait, par le caractère mature de l’œuvre. Il y a souvent ces plans très éclairés, sans musique, où Lain traine dans la rue. Ce sont des plans d’une lenteur très agréable… Elle rencontre parfois des inconnus bizarres, elle ne comprend pas, on ne comprend pas non plus. Et ce n’est pas grave, ça fait partie de cette atmosphère mystérieuse, troublante, mais fascinante… Pour moi, on n’est qu’à deux pas de l’ambiance hypnotique du film Trois Femmes d’Altman (un de mes films préférés), c’était très immersif.
Et il y a des choses superbes à côté. A l’instar de ce générique, Lain casse les codes de l’anime classique pour s’affirmer comme une œuvre plus forte dans son réalisme. A cela, je pense à des détails comme lorsque Lain et au bar, et que sa voix est couverte par la musique, mise en second plan. Ou bien lors de cette scène digne d’un film d’épouvante où un homme effrayé et poursuivi n’arrive pas à ouvrir sa porte, et que la musique se contente de percussions très légères. Ou encore les guitares violentes quand Lain parcours le Wired. Ca a l’air de rien comme ça, mais j’ai trouvé que c’était super bien fait car ces scènes réussissaient à rester naturelles, sans user d’artifices faciles.


J’aime les œuvres lentes, celles qui se déroulent naturellement tel l’écoulement d’une rivière. A partir de l’épisode 6, l’œuvre se complique en affichant une séparation qui n’est plus nette entre la réalité et le Wired, et les dialogues se multiplient, le ton calme disparait peu à peu. Néanmoins, même si ça me plaisait moins, j’ai accepté cette nouvelle formule. Surement car ces scènes dans le Wired étaient très bien faites, surréalistes mais bien plus intéressantes que si elles étaient restées au stade initial de discussions par mails. Et aussi car il y avait l’évolution du personnage principal, mademoiselle Lain qui, encore en fin de collège, vit avec ces peluches et porte un pyjama d’ourson. Ce qui était parfait dans cet anime, c’est que malgré sa timidité, son asociabilité, elle n’était pas pour autant la ijime de sa classe. On contraire même, les filles sont venus directement vers elle, sans mauvaises arrière-pensées. J’aime cela car ça contraste avec d’autres œuvres japonaises dans le milieu scolaire qui sont beaucoup trop noires face au sort de ces exclus.
Mais bref, l’évolution de Lain, qui passe de la petite fille qui ne connaît rien d’Internet à cette ado impitoyable prête à tout pour obtenir les réponses à ses questions, j’aimais bien. Je suis même prêt à accepter l’épisode 8, machin inégal qui part dans plusieurs sens, mais qui développe vraiment bien le personnage, sa double-personnalité, ou plutôt les deux Lain. Je n’aime pas parler de schizophrénie, je dirais plutôt les deux facettes du personnage. L’une propre, gentille, enfantine. L’autre, celle d’Internet, la vraie, l’impitoyable, celle qui ne cache rien, la vraie Lain ? On pense un peu à Satoshi Kon, à Perfect Blue ou à cet épisode réussi de Paranoia Agent, d’une certaine manière.


Jusque-là, Serial Experiments Lain méritait au moins un 8 de ma part. Evidemment, vous vous doutez que ce sont les derniers épisodes où l’œuvre s’est écroulée tel un badaboum. Passe encore le fait que je n’aime pas le surréalisme (et c’est un euphémisme), mais face à une œuvre qui se complique inutilement, avec des dialogues à rallonge, un manque de cohérence même… Ce n’est pas que j’aime être pris par la main, mais être lâché par contre du jour au lendemain dans un milieu inconnu, pouah, donnez-moi une carte au moins.
Surtout que bon, d’accord l’œuvre va comme ça encore plus loin que l’anime de base. Mais honnêtement… cet avant-gardisme est plus que malhonnête ! L’épisode 9, je veux voir un anime sympa et bien fait, pas le dernier documentaire d’Arte sur les aliens. Comme s’il suffisait d’être avant-gardiste pour être intéressant…
On veut tellement faire partir l’œuvre dans un sens ou dans l’autre que ça devient vraiment pénible à suivre. Je me suis rapidement désintéressé de l’histoire. Cela n’empêchait pas quelques éclats de temps en temps, la première partie de l’épisode 11 par exemple qui rappelle un peu une scène du film Evangelion, on dirait une bande-annonce de la série voire un épisode récapitulatif, avec John Zorn ou je ne sais qui qui fait la musique à côté. Mine de rien, c’est une expérimentation assez puissante qu’on nous délivre là, bien barrée. Méprisante aussi, les développeurs cherchent tellement à faire n’importe quoi qu’ils passent du coq à l’âne sans crier gare, et j’ai trouvé ce gros fuck envoyé à sur la tête des spectateurs très drôle sur le coup. Cette moitié d’épisode n’a aucune cohérence avec le reste de l’anime, mais elle sait être suffisamment intéressante si on la prend à part de l’œuvre.
Du reste, il y a toujours quelques beaux plans lumineux… mais ce sont les mêmes qui reviennent, encore et encore. Toujours ces mêmes bruitages d’ondes magnétiques, ça ne me fascinait plus…


Serial Experiments Lain au fond partage les mêmes défauts que d’autres animes que je n’aime pas particulièrement (Evangelion, Dennou Coil…). Pourtant, c’est aussi ce genre d’animes que je cherche, celui qui va plus loin que l’anime de base comme je l’ai dit, qui bafoue allègrement ses codes. Mais il s’y prend mal, comme le dit Alice un moment : « Ton corps est si froid… mais il est vivant. ». Voilà, Serial Experiments Lain a des enjeux intéressants à développer (du moins ce que j’en pensais avant de lâcher définitivement le fil), mais il les traite d’une manière froide, ampoulée… comme un robot qui essayerait d’expliquer les sentiments humains. C’est futile tout ça.
Comment cette série a-t-elle fait pour obtenir autant de succès ? Beaucoup sont ressortis sans vraiment comprendre ce qu’ils avaient vu. Face à l’incompréhension, il y a deux façons de réagir : Généralement, on va trouver cela génial tant l’expérience restait quand même fascinante. Ou alors, si on n'a pas aimé, on estime que ce sont les développeurs qui ont volontairement cherché à répandre le trouble chez le spectateur, sans pour autant chercher à créer un quelconque message (et si vous lisez les cahiers des artistes surréalistes, ce n’est pas loin d’être le cas…). Et tant pis, ça n’a presque jamais marché sur moi ce genre de fumisterie !
Quel dommage, j’ai vraiment cru au départ que Serial Experiments Lain allait venir compléter mon top série.


4.5/10

stevenn33
4
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le 19 juil. 2015

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stevenn33

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