Etouffe-chrétien
Je retiens toujours mes rires lorsque l'on présente Mike Flanagan comme le nouveau maître de l'horreur. D'abord parce que ses créations sont moins des œuvres horrifiques que des mélodrames...
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le 26 sept. 2021
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Étrange, intrigante, dérangeante, avec ses moments de grâce, mais un peu décevante au final.
Voilà comment je résumerai la série Midnight Mass. "Sermons de minuit" je préfère m'abstenir je deviendrais vulgaire. Et pour l'affiche aussi, j'ai eu très peur. J'ai cru soudain qu'on avait perdu Mike Flanagan. Je me suis trompé. Quoique. J'ai des doutes pour la suite. Certes, il poursuit son petit bonhomme de chemin dans un genre qui lui sied très bien. Enfin un genre. Plusieurs genres.
D'autant qu'il réalise tous ses épisodes histoire de bien se démarquer des autres et de montrer par la même que ce projet, c'est le sien : de bout en bout. J'ignore si il avait des comptes à régler, mais sa patience ici va en rebuter et en endormir plus d'un. En tout cas, il s'est "sacrément" investi par rapport au dernier Bay Manor Haunting dont il avait laissé la réa à d'autres. Et ça s'est vu ! C'était bien moins percutant même si l'on reconnaissait le style et même si les acteurs étaient encore très bons. Car on reconnait très vite ici sa pâte si singulière à Mike Flanagan et qui fait qu'il est l'un des meilleurs et l'un des plus appréciés de la critique et du public. Comme Ari Aster, ou comme Robert Eggers. Chacun dans leurs films ont proposé un cinéma nouveau. Midsommar de Aster est selon moi le parfait exemple. Depuis Absentia ( 2011 ) qui pour moi reste son meilleur bad trip et m'avait bien retourné ( un des rares ) et qui reste d'ailleurs toujours aussi méconnu et sous-estimé, Mike Flanagan sait parfaitement jongler avec les ambiances, les rapports humains, et distille des jump scare souvent novateurs. Il continue ici plus que jamais son exploration du "moi" et pousse le vice avec beaucoup d'audace et de talent. En tout cas, dans la première partie, il en impose et surprend encore. La seconde partie est à mon sens très en deçà. Il sert autant qu'il maltraite la religion et le vampirisme tout en s'amusant comme un gamin. En tout cas, il interroge, se questionne, et jette par la même un flou vraiment intéressant, et dérangeant à certains moments; jusqu'à une bascule hélas beaucoup trop prévisible; et aux travers horrifiques bien trop usités. Surtout en ce moment.
Parallèle obligé avec American Horror Story. Dommage. J'aurais été chercher ailleurs une explication dans l'imaginaire. Comme si l'on avait besoin de toujours de rester sur les sentiers battus. La peur d'être trop audacieux et de ne pas accrocher ? C'était un risque de plus que Flanagan n'a pas osé prendre. C'est pourtant aujourd'hui et maintenant qu'il faut essayer de renouveler le genre. Sa créature est belle, certes. Mais il y en a d'autres tout aussi belles, et déjà anciennes. Et pour le reste, c'est surtout beaucoup de scènes dialoguées, certes pour beaucoup très intéressantes. Mais l'action finit par manquer. Et le liant se perd peu à peu avant de se retrouver. Le ventre mou peut donc en faire décrocher plus d'un.
C'est pourtant dans l'imaginaire que de grands écrivains ont pu pondre autant de chefs d’œuvres. J'invite Flanagan à relire ses classiques et notamment les bouquins de Robert Silverberg. Il pourrait adapter pour seul exemple L'Oreille Interne, pour ne citer que celui-ci.
Néanmoins, sa bande d'acteurs est toujours au top, et son Nosfératu est quand-même bien foutu. Même si on ne le voit pas assez. Il nous donne des miettes. On reconnait la bande de copains de Flanagan. Les habitués. Les Thomas, Siegel, Gish, et consort. Siegel, perso, je l'adore. Elle est toujours très juste, et touchante dans ses rôles. Je découvrais Hamish Linklater qui m'a beacoup plu et fait marrer aussi. Samantha Sloyal est sidérante, de bout en bout. J'ai beaucoup aimé sa proposition et elle aussi a retenu mon attention. Maintenant, voilà : La série est très lente, parfois même excessivement lente, surtout quand elle s'attarde trop sur les atermoiements de ses personnages dont certains sont d'ailleurs mieux explorés que d'autres, ce qui est dommage, là encore. Je pense au personnage de Sturge très bien joué aussi par Matt Biedel.
Ainsi Dans Midnight Mass, ce qui est sa force finit par devenir sa faiblesse et on peut facilement céder à l'endormissement. Mais l'interprétation et quelques bonnes scènes horrifiques ( qui ici remplacent les jump-scare habituels mais qui sont trop justes ) finissent malgré tout par tenir en haleine le spectateur à défaut de vraiment l'émerveiller. La seconde partie bascule dans une voie plus académique et convenue. Elle est moins originale, mais elle redonne à contrario du rythme,
de l'allant, et l'ensemble est finalement cohérent et va au bout de sa proposition sans coup férir. Sans coup férir, justement. Ce qui rend le tout bien moins fort que Hill House.
Flanagan tend même, et c'est nouveau chez lui, à quelques accentuations et autres surlignages bien évitables et peu compréhensibles au vu du bonhomme peu habitué du genre ( la musique, surtout, et un final qui flirte avec la niaiserie.) Comme si passée la révélation, tout avait perdu de son poids et de son mystère et qu'il fallait vite en finir.
J'aurais été plus brutal avec l'incandescence pour marquer le coup car on l'attend. Donc très déçu là-dessus. Mais les 4 premières heures sont suffisamment puissantes et singulières pour lui céder un 7 bien mérité. Mais pas plus.
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Créée
le 1 oct. 2021
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