Seven Seconds
7.2
Seven Seconds

Série Netflix (2018)

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Veena Sud était à l'adaptation de la série danoise The Killing qui transposait l'enquête sombre et éperdue de deux inspecteurs sous la chape de plomb nuageuse et la pluie incessante de Seattle. Une réussite !
La voir donc aux manettes de cette nouvelle production Netflix me fit mettre la série directement dans la longue file d'attente de mes trucs à voir mais, avec un billet coupe-file.
Un billet coupe-file de 3 ans certes mais si vous saviez que plusieurs productions ont atterri dans cette file alors qu'elles n'avaient pas la taille minimale pour monter dans l'attraction et qu'au terme de l'attente, elles avaient grandi d'assez de centimètres pour embarquer, vous comprendriez que 3 ans, ce n'est rien, à peine 3 petits tours autour du soleil.
Ainsi, après "qui a tué Rosie Larsen ?", direction la côte est et la grisaille New-Yorkaise pour très rapidement assister au triste destin de Breton Butler, jeune noir américain, renversé par accident par un flic inattentif.
Lorsque The Killing nous laissait naviguer à vue, d'indices en impasses, Seven Seconds choisit de nous exposer les coupables dès les premières minutes pour nous offrir un déroulement basé sur le fait de voir si la justice trouvera son chemin dans cette affaire.
Et pour nous accompagner, quelques personnages intéressants, torturés, avec leur part d'ombres pour bien entendu jouer de révélations et de coups bas. Une richesse aussi louable que nécessaire pour faire avancer le récit et l'enquête de l'inspecteur Fish Rinaldi, sympathique et persévérant Michaël Mosley, et de la procureur K.J. Harper.


Si Seven Seconds tire son épingle du jeu, c'est avant tout grâce à son suspense constant qui nous mène sur différentes pistes, toutes truffées de pièges pour nos inspecteurs revêches et destinées à faire tomber notre bande de flics corrompus, quatuor au-dessus des lois faisant inévitablement penser à la strike team de The Shield, le charisme en moins.
Pour autant, l'ensemble du casting reste convaincant et certaines gueules, à l'image de celles de Patrick Murney et David Lyons, ont le mérite de nous agacer quand d'autres comme celle de Regina King nous rallie à leurs sentiments.


Encore une fois, sous-couvert de l'enquête, Veena Sud s'attarde sur ses personnages, sur une famille, prise dans la tourmente et la détresse d'un drame imprévu et bouleversant, sur le monde qui continue de tourner à travers ses spéculations et ses préjugés mais ici, elle vient clairement délivrer un message de société. Et derrière les événements intimes à la fois poignants et révoltants des personnages directement liés au drame, une revendication.



Black Lives Matter ! Black Lives Matter ! Black Lives Matter !



C'est finalement avec cette partie de l'histoire que j'ai eu le plus de mal car malgré la subtilité initiale d'un message pourtant clair sur le racisme dans les affaires policières outre-Atlantique à travers cet accident fictif, tous les personnages jouant de leur complexité, de leurs actions, de leur situation pour rendre la question épineuse, opposant vécus et idéaux, la série joue la carte du manichéisme en confrontant simplement deux couleurs de peau.
J'ai toujours eu du mal avec la représentation iconique de l'individu en tant que porte-étendard d'une cause et même si ici, Brenton Butler devient le symbole d'une communauté à l'image d'un Georges Floyd, cette image qui vient noyer la singularité dans quelque chose de plus grand me gêne encore. Mais c'est le jeu me direz-vous. Le jeu des clichés et de la force du nombre, le jeu de l'indécence et du pouvoir, le jeu des préjugés, mais ce n'est en aucun cas le jeu de la vérité, ou celui de la justice d'ailleurs. Et finalement, même si je prends tout cela comme des défauts, ils sont peut-être au final des défauts nécessaires qui font de la série ce qu'elle est, une œuvre à la fois pleine de sincérité et de facilité où la richesse des personnages transpirent au milieu des messages véhiculés pour faire uniquement écho à une réalité inacceptable.


Et pour en revenir au titre : Oui, un titre, ça se mérite ! C'est même parfois un peu tiré par les cheveux. Et si vous voulez comprendre celui-ci et à quel point il l'est (capillotracté), vous devrez donc aller au terme de ces 10 épisodes. Ce ne sera pas un supplice, ce sera même parfois haletant aux côtés de ce duo d'inspecteurs sympathiques décidés à faire éclater la vérité mais, vous risquez comme moi d'être déçu quand vous saurez enfin le sens de ces 7 secondes.

Créée

le 2 avr. 2021

Critique lue 221 fois

RicowRay

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