Créée par Steven Moffat et Mark Gatiss, cette énième adaptation des célèbres romans de Conan Doyle parvient, contre toute attente, à sortir du lot, transposant l'univers du détective à la pipe dans un monde contemporain, tout en restant extrêmement fidèle au matériau d'origine.
Ne trahissant jamais l'esprit de Conan Doyle, Moffat et Gatiss transportent le duo Holmes / Watson dans un Londres moderne et tentaculaire, froid et déshumanisé, offrant, aux fil des six épisodes (la troisième saison ne devrait pas tarder), des enquêtes parfaitement construites et passionnantes, pleines d'humour et de clin d'oeil aux écrits originaux.
Mais aussi réussies soient-elles, les intrigues policières ne sont pourtant pas le coeur de la série. En effet, le véritable sel de "Sherlock" se situe justement dans la vision qu'ont Moffat et Gatiss du personnage, finalement très proche de l'image que l'on peut se faire en lisant les histoires de Conan Doyle. Superbement campé par Benedict Cumberbatch, Sherlock Holmes est ainsi décrit comme un inadapté social, dont peu de choses le séparent des criminels qu'il poursuit, mais qui va petit à petit s'humaniser auprès d'un Watson à la fois attachant et torturé, interprété avec justesse par Martin Freeman.
Si l'on peut tiquer face au format des épisodes (90 minutes chacun, c'est quand même un peu long) et au personnage un poil caricatural de Moriarty, "Sherlock" est assurément une des variations les plus intéressantes autour des écrits de Conan Doyle, à la fois respectueuse et parfaitement dans l'air du temps.