Sherlock est une série malicieuse qui sait savamment surprendre, appâter et réjouir, tout en cachant ses défauts pourtant non négligeables.
Commençons par ceux-là. Déjà, la série ne comporte que trois épisodes par saison, chacun d'1h30. Alors certes cela permet de pouvoir dérouler les enquêtes de façon intéressante mais bizarrement squizze énormément le développement des relations entre les personnages. Ainsi Moriarty, Irene Adler, voire même Watson lui-même, entrent dans la vie de Holmes de plein fouet et le marquent chacun à leur manière sans réellement explication quant aux sentiments qui les animent. Cela passe surtout moyennement avec le personne de Moriarty, qui à lui-seul vaut un petit paragraphe.
En effet, j'avoue ne pas avoir lu de bouquin sur Sherlock, outre Le Chien des Barkerville mais dans lequel Moriarty n'apparaît pas, mais je peux me douter que l'ennemi juré de notre cher détective, son jumeau maléfique, se devait de posséder un minimum de charisme. Malheureusement, il est bien pâlot, le bougre, en pirate informatique surdoué. Sa haine envers Holmes n'est pas du tout explicitée, ce qui ne permet pas d'entrer vraiment dans son jeu.
Pour en finir avec les défauts (sinon on va croire que j'ai mis 8 pour faire plaisir), je dirai juste ce que nombre de mes comparses SCritiqueurs ont déjà dit : les épisodes deux ça craint ! Surtout celui de la deuxième saison. Baisse de rythme vraiment horrible, enquête mollassonne et twist assez naze. Ah oui car une chose aussi que je trouve assez faible dans la série ce sont les faux twists, et certains effets de narration qui certes en jettent mais sont un peu prévisibles.
MAIS
Cette série est tout de même une bonne tuerie ! Je relève quatre raisons principales à cette affirmation pour le moins péremptoire.
La première étant la brillante, gigantesque idée de transposer Sherlock de nos jours en ayant pris intelligemment la peine de ne pas le foutre en jeans/baskets. Car Sherlock c'est quand même la classe du début du 20ème siècle, avec tout ce que cela comporte (vêtements, intérieurs, postures, langage...). Ici, on sait que cela se passe au 21ème siècle mais un soin particulier est tellement apporté aux décors et au costumes que le tout revêt un côté désuet, romantique absolument parfait. L'appartement d'Holmes est exactement celui où aurait pu vivre le vrai Sherlock s'il avait été téléporté en 2010. Les rues de Londres sont délicatement maquillées, les costumes sont subtilement retouchés pour que l'on ne tombe pas dans la grosse transposition qui tâche. Bref, je pourrais en parler des heures durant tellement je trouve ce travail remarquable.
La deuxième raison de mon engouement est la prise de partie visuelle des démonstrations de la mécanique mentale de Holmes. C'est un petit rien mais qui distille dans les épisodes des moments réjouissants. Certes cela ressemble un peu à ce que Guy Ritchie a créé dans ses films sur le célèbre détective mais cela fonctionne parfaitement. Les petits instants où Sherlock déroule le fil de ses observations en prenant appui sur une tâche, la couleur d'une valise ou l'humidité résiduelle d'un pardessus sont juste un bonheur.
La troisième raison sont les acteurs (outre Moriarty on l'aura compris), notamment Benedict Cumberbatch (à tes souhaits mon vieux) qui habite le rôle de Holmes comme un chef. Sa diction et son timbre de voix grave participent largement à mon engouement. J'ai même lancé un épisode sans porter un œil à l'écran et rien qu'à la voix, j'ai cru qu'il y avait Allan Rickman en guest !
Son physique de grande girafe maladroite colle au personnage avec humour, et son regard d'un bleu cristallin évoque à la fois la malice et le désespoir. Je sais, j'en fais trop, mais après tout, il est rare de complimenter avec excès des acteurs de série. Martin Freeman complète le tandem en un Watson loyal, discret et protecteur, avec toute la retenue qu'il faut. Les autres acteurs sont tous très bons, enfin juste assez pour laisser la part belle à Cumberbatch quand même.
Enfin, et j'arrêterai de vous soûler, un petit mot sur la musique, dernière raison principale qui m'ont fait tomber sous le charme de Sherlock. Juste excellente, et encore une fois en adéquation parfaite après ce petit monde contemporain teinté de petite touche début 20ème. Le thème est grisant !
Tout cela pour dire que cette série vaut réellement le coup (pour le moment j'admets) pour qui aime les enquêtes policières, des personnages de haute volée et les atmosphères soignées. Car pour moi il est clair que Sherlock m'a attrapée plus par sa forme, son souffle qui emporte, que par son histoire qui faute de temps se déroule sans trop se laisser déguster.