Sherlock
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Sherlock

Série BBC One (2010)

Saison 1 :


L’idée est simple : bousculer le mythe, tout en conservant ses caractéristiques, élémentaires, mon cher Watson! De fait, la modernisation est omniprésente, presque outrancière, parfois excessive dans la forme, mais au final le dépoussiérage donne un résultat plutôt convaincant grâce à ses deux comédiens principaux : Benedict Cumberbatch et Martin Freeman.


Ces deux-là permettent à eux seuls de maintenir la série dans un cadre à peu près crédible, en tout cas fort divertissante. Avec ces trois premiers épisodes cette mini série ne leur donne pas encore le temps de construire totalement, définitivement une complicité évidente, mais ils nous en livrent toutefois quelques aperçus prometteurs, notamment dans le dernier épisode où la relation entre Watson et Holmes évolue astucieusement vers un rapport d'interdépendance.


Ce qui est formidable, c’est que la parure électrique, modernisée n’occulte en rien les fondamentaux des romans originaux, par exemple la relation fascinante que nouent les deux hommes où affection, admiration, intimité et dépendance se mêlent avec finesse. La série semble entendre sauvegarder cette part importante de l’oeuvre originelle.


Reste que le jeu de Martin Freeman pour créer son docteur Watson donne naissance à un personnage complexe, peut-être même beaucoup plus que celui de Conan Doyle. Dans une certaine forme de retenue de prime abord, progressivement il laisse son personnage gagner en amplitude avec une interaction plutôt comique, puis de plus en plus protectrice à l’égard de Holmes.


Benedict Cumberbatch est quant à lui un Sherlock Holmes excellent, flamboyant même, tout à fait traditionnel a priori, avec sa condescendance, sa souffrance, son isolement, cet ennui qui l’envahit dans l’oisiveté, mais il parvient le saligaud à ajouter une nuance d’une grande originalité : peu à peu, on se rend compte par petites touches de légers indices qu’il souffre aussi du regard méprisant que lui renvoient ceux qui l’entourent, le jugent sans vouloir le comprendre. Innovation précieuse car amenée avec prudence et subtilité. Cela ajoute ce qu’il faut d’humanité au personnage pour éviter l’écueil de l’invraisemblance.


A ce propos, je nourris quelques inquiétudes devant le jeu exténuant de grimaces et d’effets grossiers de Andrew Scott dans le rôle pourtant crucial du professeur Moriarty. J’espère que dans les saisons suivantes, il se calmera un peu, parce qu’il risque de relativement me casser les gonades ce clown. Affaire à suivre.


Saison 1 captures et trombi


Saison 2:


Les bonnes sensations ressenties au cours de la saison 1 se confirment largement au cours de celle-ci. La mauvaise aussi, autant l’évacuer le plus vite possible : Andrew Scott en professeur Moriarty grimaçant me hérisse le poil. Jeu ampoulé, sans intelligence, grossier, lourd, il donne une confrontation pâlichonne et le condamne à une grandiloquente mascarade. Quel dommage!


Les deux acteurs principaux Benedict Cumberbatch et Martin Freeman font toujours merveille heureusement. On sent de plus en plus l’enthousiasme qui les anime, leur complicité est évidente et très motivante aussi pour le spectateur.


Les libertés que prennent les scénaristes avec les nouvelles ou romans initiaux ne dépassent pas les limites et surtout ne détériorent en rien les éléments essentiels de la mythologie holmesienne. Seuls les plus farouches ultra conservateurs en seront chafouins. Les autres s’amuseront à trouver dans cette mise en forme révolutionnaire les contours et l’assise narrative des récits originaux.


Sans doute un chouïa déçu par le dernier épisode tout de même avec cette écheveau dramatique tellement abracadabrant qu’on a le sentiment que le scénario perd toute mesure, et donc toute crédibilité, très vite, trop vite pour éviter l’effet cumulatif rédhibitoire.


Fort heureusement, les liens entre les personnages sont assez solides pour maintenir l’intérêt de la série, mais c’est vrai que cette machination ultime de Moriarty apparaît ridiculement compliquée et pour tout dire bien trop malhabile pour ne pas faire sourire. L’intensité dramatique en prend un petit coup. Il va falloir revenir un peu plus sur terre pour la saison 3, please!


Captures et trombi

Alligator
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le 16 mai 2017

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