Saison 1 :
La dernière adaptation en mini série de l’œuvre décidément immortelle de Conan Doyle a pour elle nombre d'atouts significatifs : en tout premier lieu, une paire d'acteurs parfaits, le solide Martin Freeman qui compose ici l'un des meilleurs (ou en tous cas l'un des plus touchants) Dr Watson jamais vus à l'écran, et surtout Benedict Cumberbatch, la star qui monte et qui renouvelle sans les trahir les traits de caractère du grand Sherlock Holmes... Ensuite, et c'est là que ça devient vraiment passionnant, une actualisation féroce des situations, tout en tentant de respecter l'esprit des textes originaux : du coup, chaque épisode se transforme en un passionnant jeu intellectuel pour tout spectateur un tant soit peu féru en la matière, puisque, outre la fascination intacte pour les talents de déduction du plus grand détective jamais inventé, il s'amusera à retrouver dans chaque chapitre ce qui appartient à l'original. Enfin, l'inscription de la fiction dans le Londres moderne, particulièrement bien filmé, qui offre à la série un ancrage géographique et émotionnel remarquable, qui va bien plus loin que ce que l'on peut voir en général dans les séries. S'il y a un léger bémol, c'est dans certains scénarios trop alambiqués et dont la crédibilité passe surtout grâce à la vitesse de la narration (en accord avec la vitesse de la parole de Sherlock, et de ses déductions) qu'on identifiera la seule véritable faiblesse de cette série par ailleurs brillantissime. Des trois épisodes constituant cette première saison, c'est quand même le "pilote" qui est le plus bluffant, organisant la rencontre - incroyablement émouvante par instants - de ces deux archétypes que sont Holmes et Watson d'une manière totalement "moderne" (au bon sens du terme) et avec un humour irrésistible. Tout simplement merveilleux ! [Critique écrite en 2013]
Saison 2 :
Finalement, comme dans les "buddy movies" à l'américaine, mais en plus... anglais (subtil, profond, décalé...), ce que l'on aime le plus dans la brillante série "Sherlock", c'est le développement de la relation entre Watson et Holmes (avec ces amusantes références - répétées en forme de running gag - à la possible homosexualité, qui désamorcent d'ailleurs finement le soupçon qui a toujours pesé sur l’œuvre de Conan Doyle) : Freeman et Cumberbatch sont tout simplement excellents dans la manière dont ils font exister à l'image comme dans nos cours ce "couple" terrible ! Dans cette deuxième saison, on déplorera par contre la dérive de la mise en scène, de plus en plus inutilement tape à l’œil, et d'un faux modernisme qui frôle le contresens : car le rythme frénétique infligé à de nombreux passages prive finalement le téléspectateur du plaisir essentiel de confronter sa propre lecture des faits à celle de Sherlock, et nous amène souvent à penser que les courts-circuits narratifs qui nous sont ainsi imposés dissimulent de nombreuses incohérences logiques, ce qui n'était évidemment pas le cas chez Conan Doyle... La saison est composée de 3 épisodes, 3 films de 90 minutes en fait, qui varient du passable - "le Chien des Baskerville" sous influence paranoïaque autour des manipulations génétiques, bof bof - à l'excellent - "...Belgravia" où les documents secrets sont enfermés dans un Blackberry dont il s'agit de découvrir le mot de passe, et où la passion pour une femme fatale vient tournebouler Sherlock -, en passant par le malin chapitre final, qui adapte assez génialement le fameux épisode de la mort de Moriarty et de Holmes, ainsi que, bien sûr, l'argument assez forcé du possible retour de ce dernier, imposé à l'époque par un public qui n'acceptait pas de voir disparaître son héros. Le tout compose une saison hautement réjouissante, qui, heureusement, ne sera pas la dernière de cette passionnante mini série. [Critique écrite en 2013]
Saison 3 :
Eh oui, la troisième saison de "Sherlock", qui ne devrait pas (plus ?) être la dernière, vues les critiques dithyrambiques et le succès de la série, pourrait bien être la meilleure de toutes. Si le premier épisode, travaillant sur des variations de la manière dont Sherlock pourrait avoir échafaudé sa mort "publique", nous laisse légèrement sur notre faim, le second, avec son interminable discours du garçon d'honneur construit en parallèle avec une enquête, et surtout, le tout dernier, avec ses coups de théâtre jouissifs et sa conclusion malicieuse, sont un véritable régal. Certains pourront se plaindre du fait que l'aspect "policier" passe nettement au second plan dans cette troisième saison derrière les relations complexes et hilarantes entre les personnages - Sherlock et Watson, bien entendu, mais pas seulement... -, la série assumant alors la tradition "soap" de tout feuilleton télé qui se respecte. Mais grâce à une mise en scène constamment inventive et surtout à l'interprétation impeccable du tandem Cumberbatch - Freeman (ce dernier n'ayant sans doute jamais été meilleur qu'ici), "Sherlock" reste un divertissement brillantissime. [Critique écrite en 2014]
Saison 4 :
Trois ans d'attente pour cette nouvelle livraison de trois épisodes (sous la forme de films d'une heure trente chacun, comme toujours) de la série qui, personnellement, et même si elle n'est pas la meilleure, "m'excite le plus" en ce moment. Cette quatrième saison, qui bouleverse lors des épisodes 2 et 3, considérablement l'univers de "Sherlock" et notre perception du personnage, semble avoir été moins bien reçue par le grand public que les précédentes, alors qu'elle m'est à moi apparue comme absolument irrésistible. Il s'agit cette fois, à travers la mort de Mme Watson et l'apparition d'un nouveau membre de la fratrie Holmes, de permettre à Sherlock de remonter à la source de sa sociopathie et d'apprendre / réapprendre à exprimer, voire à avoir, des sentiments envers le reste de l'humanité. Dans ce contexte beaucoup plus "psychologique" que celui des saisons précédentes, Cumberbatch et Freeman sont tous deux excellents, et peuvent exprimer tout leur talent - désormais universellement reconnu - d'acteurs. La fin de la saison, qui peut être lue comme la fin de la série, remet élégamment les compteurs à zéro, et permet aux deux personnages de Sherlock et Watson un nouveau départ - voir ce dernier plan, d'une énergie positive enthousiasmante ! - et relance les "Enquêtes de Sherlock Holmes" sur les débris fumants d'un passé trop douloureux. Qu'importe alors si l'invraisemblance, qui a toujours plané sur "Sherlock", règne ici, et en particulier sur un dernier épisode qui atteint des sommets de tension, le plaisir que nous prenons à ce spectacle hystérique de jeux de l'esprit bien retors est intact, voire même amplifié. [Critique écrite en 2017]