Nous nous sommes tant aimés.....
Je me suis lancé dans Sherlock, comme un enfant fonçant dans Disneyland, en pensant que j'allais me régaler, profiter de toutes les attractions et m'amuser comme un petit fou. Ce ne fût pas le cas, un peu comme un enfant, la découverte est parfois moins jouissive que l'envie qui menait à cette série.
Sherlock Holmes transposé au 21ème siècle, pourquoi pas, surtout que cela reprend tout son univers, avec les technologies de notre époque, comme le blog tenu par le docteur Watson, une merveilleuse idée. D'ailleurs, cela fourmille d'idées, on sent que les auteurs se sont régalés, mais ils ont oublié l'essentiel, ce qui fait la particularité de Sherlock Holmes, son don de déduction et donc ses enquêtes.
Problème, les enquêtes sont souvent reléguées au second plan, voir inexistante, le récit se focalisant plus sur les rapports entre Sherlock et Watson, mettant en place une ambiguïté, à coups de regards appuyés. De plus, le personnage est aseptisé, son addiction à la cocaïne et remplacé par la cigarette, je préfère en rire, tellement c'est ridicule....
Le format est aussi un énorme défaut, initialement prévu pour 60mn, ils ont décidés de faire des épisodes de 90mn, et à de rares exceptions, j'ai décroché au bout des 30 voir 45 premières minutes, cela s'étire, on remplit et il ne se passe pas grand chose, le sommet étant atteint avec un des mes romans préférés de Sir Arthur Conan Doyle "Le chien des Baskerville", dont la version 1959 de Terence Fisher avec l'immense Peter Cushing dans le rôle de Sherlock, est une des perles de la Hammer.
Elle est massacrée ici, dans une enquête des plus ennuyeuse, dont je me demande encore comment ils ont pû détruire ce classique, sans se remettre en question par la suite, surtout que lors de cette saison 2, le premier épisode est totalement à l'opposé, en se trouvant être le meilleur des 9, avec "La femme", ou l'art de calmer mon enthousiasme en peu de temps, enfin pas si rapidement, 90mn quand même.
Mais revenons en arrière, mon affection pour "Le chien des Baskerville" était trop forte pour ne pas en parler dès le début, car avant il y a la saison 1. Je laisse le 1er épisode en paix, la mise en place, la découverte des personnages, tout comme le 2nd, la mise en place, la découverte des....Euh, 180mn pour cela ? Il a fallu un combat interne avec moi-même pour ne pas jeter la série à la poubelle et il aura fallu le final de cette 1ère saison, pour me dire que j'avais bien fait (enfin, pas vraiment). La rencontre de Sherlock avec Moriarty est fabuleuse, Andrew Scott est immense, totalement inconnu de ma personne, j'ai pris un grand plaisir à le découvrir et à attendre chacune de ses apparitions, un grand méchant!
J'ai déjà fait un point sur le début de la saison 2, l'épisode final aura encore ma sympathie, vu que l'on retrouve à nouveau Sherlock face à Moriarty, sauf que la saison 3 va tout gâcher, du début à la fin, avec un 1er épisode pour nous raconter comment Sherlock a feinté sa mort, sous divers angles, avec de multiples visionnages, à croire qu'ils se sont crûs exceptionnels, alors que c'est juste totalement improbable et incohérent, un nouvel épisode calvaire, comme le sera les deux suivants (enfin presque, le discours de Sherlock au mariage de Watson est assez jouissif, un moment de plaisir, au milieu de l'ennui) , ou le cliffhanger final et tellement sur-vendu de toutes parts, qu'ils en devient faible, très faible et sonne le glas de cette pâle transposition de Sherlock au 21ème siècle.
Il est évident que lorsqu'on s'attaque à un personnage aussi populaire et intéressant que Sherlock, il faut prendre en compte qu'il y a toujours des mécontents, qui ont tellement apprécié les livres, comme les diverses adaptations, tout comme celles qui ne sont pas de la main d'Arthur Conan Doyle (cf La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder), voir le dessin animé ou il a les traits d'un renard, que voir cette version édulcorée, fait mal à l'oeuvre originale.
Après, ils ont respecté les grandes lignes de son histoire, oui Sherlock fait semblant de mourir, tout comme Moriarty, il a bien un frère Mycroft haut placé dans les instances gouvernementales, il est bien logé au 221B Baker Street, il mange peu (normal, il est cocaïnomane, sauf là...), il joue du violon, etc.... En cela, ils s'en sortent bien, mais cela manque vraiment de cohésion, d'une enquête passionnante, juste une et en 9 épisodes, pas une seule, ce sont surtout les personnages qui ont la part belle et je dois avouer, que les acteurs sont excellents, fort heureusement!
J'ai déjà fait l'éloge d'Andrew Scott; dont le retour pourrait me redonner envie de me taper la saison 4 dans 1 ou 2 ans; mais il y a aussi un duo qui fonctionne très bien, Benedict Cumbertach (dont je viens encore d'apprécier le talent dans "12 years a slave") et Martin Freeman (alors que dans le Hobbit, je n'accroche pas), ils sont la raison de ce succès. La voix de Benedict fait toute sa classe (voir Smaug pour s'en convaincre), grand, mince et élégant, il est parfait pour ce rôle, tout comme son "compagnon", ou l'on épie leurs moindres regards et gestes, pour voir si leur amitié et plus profonde que cela.
Malgré ces bons acteurs, je reste déçu, cela n'a pas suffit pour faire mon bonheur, seulement 2 bons épisodes sur 9, puis encore et toujours, ce gros manque d'enquête passionnante, ce qui est un affront envers un des plus célèbres détectives de l'histoire.