On ne pensait pas avouer un jour que, après des années de « série TV moderne », le soap opera à la papa nous manquerait, mais c’est pourtant indiscutable que, au milieu du premier épisode de Shrinking, il y a cette drôle d’allégresse qui nous saisit, et c’est bel et bien ça : une joie quasi enfantine de retrouver les codes – apparemment inusables – qui rendaient des choses comme Friends ou Sex and the City tellement addictives. Et qui plus est, désormais, sans les rires pré enregistrés !
Mais Shrinking, ça raconte quoi ? Une histoire de bande, bien entendu. Des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, qui ne sont que parents, collègues et amis au début de l’histoire et qui vont former, envers et contre tout, une bande à la fin. Jimmy est analyste et travaille dans un cabinet avec Gaby, sous ma supervision de Paul, praticien célèbre en bout de course et menacé par Parkinson. Dévasté par la mort de sa femme dans un accident de voiture, incapable de reconstruire sa relation avec Alice, sa fille adolescente, et épuisé par ce qu’il voit comme une suite d’échecs avec ses patients, Jimmy va rompre l’une des lois de base de son métier : il va s’impliquer personnellement dans la vie des gens qu’il traite, dans un désir absurde – mais tellement compréhensible – d’avoir un impact positif sur le monde. Bien entendu, à partir de là, tout va affreusement se compliquer et la série va monter progressivement en tension – drôle, la tension – au fur et à mesure que les interactions vont se multiplier et s’intensifier Jusqu’à créer de mini catastrophes, mais aussi jusqu’à forcer chacun à se dévoiler beaucoup plus que prévu devant les autres.
Menée à un rythme soutenu durant de courts épisodes de 30 minutes remplis de péripéties pour la plupart hilarantes, Shrinking déploie sa magie grâce à des dialogues très bien écrits, mais aussi grâce à l’énergie déployée par un casting qui semble en permanence s’amuser. Harrison Ford, qui a toujours été drôle quand il interprétait des héros cartoonesques dans les blockbusters que l’on connaît, est particulièrement savoureux, même lorsqu’il en fait des tonnes… dans son style habituel : il n’y a certes là rien de vraiment surprenant, mais on en regretterait presque qu’il n’ait pas plus exploité ses talents comiques au cours de sa carrière. Jason Segel, un ton en-dessous, est convainquant, souvent touchant de maladresse, mais ce sont la plupart du temps les autres protagonistes qui nous emballent vraiment, comme la ravageuse Jessica Williams, qui incarne une analyste dynamique et déterminée qui devient très vite notre personnage préféré de la série.
Bien sûr, on pourra déplorer que le scénario soit largement bâti sur des stéréotypes, et reste en permanence dans la pure superficialité des situations, en en privilégiant systématiquement l’angle comique. Shrinking manque clairement d’ambition, ne semblant vouloir en fait qu’une chose : nous divertir. Mais comme ça fonctionne impeccablement, on ne voit pas pourquoi s’en plaindre !!!
[Critique écrite en 2023]
https://www.benzinemag.net/2023/04/08/apple-tv-shrinking-le-retour-furtif-du-soap-opera/