Depuis plusieurs années, la plateforme Netflix prend goût à mettre (ou plutôt remettre) en lumière des compétitions sportives existantes depuis des décennies mais souvent regardées par un public restreint d'aficionados. Parmi ces dernières, il est possible de citer Drive To Survive dont la toile de fond est le championnat de Formule 1, Au cœur du peloton qui narre les exploits cyclistes sur la célèbre épreuve du Tour de France ou encore Break Point qui traite du microcosme des tournois de tennis. La quasi intégralité des principaux sports avaient ainsi eu droit à leur série. C'est maintenant également le cas du rugby avec Full contact, racontant les péripéties s'étant déroulées durant le Tournoi des VI Nations 2023.
Tout d'abord, s'il est une chose qui est habituellement reprochée à ce type de série netflixesque, c'est assurément la propension des scénaristes à créer du drame là où il n'y en a pas. La série consacrée à la Formule 1 en est l'exemple le plus grotesque. Or, sur ce point, j'admets, avant de regarder la série, avoir eu peur de retrouver ce genre d'écueil avec Full contact. En effet, limiter une épreuve centenaire de rugby à des conflits et du clash aurait été ridicule voire déplacé. Fort heureusement pour le spectateur et pour la crédibilité de ce documentaire, cette erreur n'est pas réalisée.
Au contraire, plutôt que des joutes verbales à gogo, les producteurs font le choix de mettre l'accent sur le jeu et les principaux acteurs du dernier Tournoi, au premier rang desquels figurent les entraîneurs. Ainsi, la personnalité de chacun d'eux est plus ou moins développée et il est intéressant de connaître plus en détail les personnes à l'origine des succès et réussites de chaque équipe. Ainsi, entre le gnomique Fabien Galthié (coach du XV de France), le talentueux Andy Farrell (entraîneur des vainqueurs irlandais) ou encore le dépressif Kieran Crowley (sélectionneur de la triste équipe d'Italie), le spectateur appréciera de voir l'influence de chacun de ces individus sur la manière de jouer de leur team.
Dans le même ordre d'idées, le focus opéré sur certains joueurs phares du Tournoi vaut également le détour. A titre d'exemple, je citerai l'intéressante histoire du pilier anglais Ellis Genge ou encore celle du troisième ligne italien Sebastian Negri, commentant notamment ses déboires connus en 2022.
On pourra malgré tout regretter la tendance de Netflix à créer du suspens là où il n'y en a pas et à tenter d'inventer une tension narrative qui est malheureusement inexistante. Parce que c'est ici que le bât blesse. Beaucoup d'épisodes sont creux et brillent par le vide qu'ils créent. Pourtant, cette série est courte avec seulement huit épisodes de 40 minutes en moyenne. Cependant, et cela en dit long sur la neutralité de ce documentaire, une micro-série moitié moins longue aurait très largement suffi.
L'objectif affirmé de ce type de documentaire est d'attirer un nouveau type de spectateur vers ce genre de compétition souvent boudée du grand public. Or, contrairement à Au cœur du peloton, il n'y a pas de tentative de vulgarisation qui permettrait à un public plus jeune ou en tout cas moins aguerri de s'intéresser en profondeur au ballon ovale. La série se contentera ainsi de plaire à un public averti qui n'y trouvera pas non plus son compte étant donné la pauvreté abyssale de l'histoire malheureusement caractéristique de ce type de documentaire.
Au final, et avec une pointe de cruauté pourtant teintée de vérité, on pourrait affirmer que le documentaire Full contact pourrait se résumer à un simple rappel du déroulé du dernier Tournoi des VI Nations en version allongé et étiré au maximum, auquel s'ajouterait les réactions épisodiques des principaux protagonistes, entraîneurs et joueurs cadres de chaque équipe. Bref, cette série est loin d'être un must have.
Si vous voulez voir du vrai spectacle, regardez le prochain Tournoi des VI Nations qui sera, à n'en point douter, largement supérieur en qualité et en tension à ce fade documentaire de seconde zone.