Six pieds sous terre
8.1
Six pieds sous terre

Série HBO (2001)

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Six feet under, ou l'art du trépas à la vie, à la mort. Fleuron céleste, immanquable dans le ciel, le must de HBO et de la création télévisuelle qui évoque la mort pour exalter la vie dans ce qu’elle a de plus simple, de plus précieux et de plus absurde. De plus con dès fois. Notre belle impuissance, aux mains de la Faucheuse, doit nous permettre d'exister davantage, si c'est possible, contre-pied gigantesque d’une condition humaine où l’ironie navigue sans cesse du doux-amer au plus féroce. Chaque épisode commence comme ça, par la fin. Une mort en mouvement, à nos regards, parfois terrible ou parfois grotesque. Le défunt se retrouve alors dans la cave de la famille Fisher dont il va dire les tourments, inconsciemment mais sous nos yeux à nous, privilégiés. Réaliste et incisive, décalée et gorgée d’humour noir, la série joue sur l’imagination des personnages dans l’expression (et la résolution) fantasmatique de leurs angoisses et de leur fardeau.

Le décès inaugural du père va révéler les mensonges et les non-dits de cette fratrie dysfonctionnelle. Entre la mère, les deux frères et la sœur, tout n’est que discordances, interrogations et conflits secrets. Les morts qui s’adressent à eux sont comme des échos à la matérialisation de leurs sentiments, mettant en lumière leurs doutes et leurs faiblesses pour les faire avancer, les aider à être, simplement. Ne plus fuir pour Nathan, accepter son homosexualité pour David, s’émanciper pour Claire, réapprendre à vivre pour Ruth.

La grande habileté de Six feet under, en plus d’une mise en scène au cordeau et d’un univers visuel somptueux, tient dans le ton grave et sarcastique sur lequel elle parle de choses finalement banales. Elle nous rappelle à notre mort un jour, dans cette attente et dans cette crainte de celle qui nous prendra dans un souffle, dans un battement de cil ou, au contraire, en pleine conscience de sa venue, et nous rappelle aussi qu’il n’est rien de plus angoissant que la mort triste que l’on s’impose en ne profitant ni des joies ni des nuances de l’existence. Comme prendre une voiture et partir, sur une route, et puis s'accomplir. Imaginer la vie des autres. Se sentir trouvé, en larmes.
mymp
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le 18 nov. 2012

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