Six feet under est une série qui tourne autour de la mort : chaque épisode commence par le décès d’une personne, dont l’embaumement se fera chez Fisher & Sons, l’occasion de rencontrer la famille du défunt et de voir les réactions que chacun a face à la mort. Mais limiter Six feet under à cela serait une énorme erreur, car on comprend vite au rythme des épisodes (et donc des morts) que le point central de la série est avant tout les relations entre les personnes, et la façon dont les évènements auxquels les personnages assistent (que ça soit en tant qu’acteur ou témoin) les font évoluer. Ici, personne n’est un héros, personne n’est ni gentil, ni méchant, mais simplement humain. Tour à tour, les personnages nous intriguent, nous font rire, nous énervent et ce n’est qu’au bout d’un certain temps que l’on se rend compte à quel point on s’attache à eux : quand on peste contre une décision de Nate ou Claire, ou que l’on souhaite parler à David pour lui donner du courage.
Car voilà pour moi la grande force de cette série : nous faire sentir proche de cette famille et de ses membres, au point d’avoir parfois l’impression d’en faire un peu partie. Il n’y a pas de caricature alors que les auteurs auraient facilement pu sauter à pieds joints dedans. Si David est homosexuel, on suivra ses aventures de cœur pour ce qu’elles sont : des histoires d’amour (ou juste de sexe) et pas juste des histoires gays. L’autre point fort de la série est l’évolution des personnages, lorsqu’on arrive au bout de la série et que l’on constate le chemin qu’ils ont parcouru, on se rend compte à quel point le format série a été pleinement utilisé. Et là où les scénaristes ont été très très fort, c’est que tout se fait naturellement sans que l’on ne s’en rende compte et sans aucun artifice.
Et le point d’orgue de cet attachement que l’on a envers ses personnes (et non plus personnages) apparait dans les derniers épisodes. Tous les évènements vécus par les membres de la famille nous frappent alors en plein visage, et on ne sort pas de cette série dans le même état que dans lequel on y est rentré. Six feet under est une œuvre qui vous hante longtemps après le dernier générique de fin, qui vous laisse un goût amer dans la bouche, celui de la solitude de ne plus revoir cette famille avec qui on a partagé un quotidien pendant cinq ans. Je n’ai jamais été aussi proche de personnages, que ça soit dans un film ou un livre, et je ne me suis jamais senti aussi abandonné une fois la fin arrivée. Ce n’est qu’à ce moment là qu’on finit par comprendre que si on regarde Six feet under avec tant de plaisir, c’est parce qu’en réalité cette série ne parle pas de la mort, mais bel et bien de la vie, et un peu de la notre.
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