Après Six Feet Under, il n'y a plus rien.
Alan Ball, c'était quand même le type qui avait écrit le scénario de American Beauty dans lequel Kevin Spacey prouvait encore une fois son talent incandescent. C'est avec la mort de sa soeur qu'il trouve l'idée de Six Feet Under. Concrètement, c'est l'histoire d'une famille qui s'occupe d'une entreprise de pompes funèbres : les Fisher ( cousin éloignés de Sam Fisher ? ). Nathaniel Fisher Sr possède son lieu de travail au rez-de-chaussée de sa demeure, exposant ainsi ses enfants directement dans l'étrange atmosphère qu'est la mort. Nate, David et Claire vont ainsi tomber dedans dès leur plus tendre enfance, si on peut dire ça comme ça. La premier épisode marque donc la mort de Nathaniel Fisher Sr qui devait aller chercher son fils, Nate, à l'aéroport pour qu'il puisse passer le réveillon de Noël avec sa famille. Manque de bol donc, la famille est en deuil mais personne ne semble vraiment chagriné par les événements. David devient donc le seul patron de Fisher et Fils tout en tentant d’initier Nate à ce boulot qui a décidé de rester avec eux pour les aider. Claire, quant à elle, en pleine crise d'adolescente ne va pas forcément mieux vu les merdes qu'elles enchaînent et ses petits amis tous autant douteux l'un que l'autre. Et pour ce qui est de Ruth ( Route en vf, s'il vous plait ), elle ne va jamais s'arrêter de jongler d'un amant à l'autre sans jamais être pleinement heureuse déjà qu'elle ne l'était pas forcément avec son défunt mari.
On assiste donc à la descente aux enfers pour cette famille mais surtout pour Nate qui va rester malgré tout le personnage " principal " de l'histoire. C'est lui qui va le plus pleurer, le plus souffrir et surtout le plus se questionner. David aura du mal à s'affirmer en temps qu'homosexuel même sous les conseils de Keith, jeune policier noir avec lequel il est en couple. Claire va s'efforcer de trouver sa voie avec beaucoup de difficulté tandis que Ruth va avoir toujours plus de mal à s'épanouir complètement.
Ce qui frappe en premier, c'est la qualité d'écriture et le réalisme de ses propos. Rien n'est laissé à la surréalité. N'importe qui peut penser en regardant la série que ça pourrait lui arriver que ce soit les événements dramatiques qui surviennent ou juste rater la marche de l'escalier en montant dans sa chambre. Tous les acteurs sont incroyablement crédibles en particulier Peter Krause et Michael Hall campant respectivement Nate et David. Chacun saura émouvoir l’auditoire quand il le faut. L'avenir financier de Fisher et Fils sera souvent mis en avant mais il y aura aussi les problèmes liés au coming out de David ainsi que sa propre affirmation de lui-même sans oublier les troubles amoureux de Ruth, Claire et Nate qui ne vont cesser de s'accumuler réfléchissant nos propres problèmes du même registre. On s'identifie parfaitement à cette famille complexe tant par l'émotion qu'elle nous transmet que par son incroyablement crédibilité.
Le seul personnage exagéré sera celui de Nathaniel Fisher qui ne sera présent que dans certains flashbacks ou rêves mais ceci est voulu car, même en fantôme, il reste une figure fantasmée pour les membres de la famille Fisher comme une idéologie ou une crainte profonde. Pour ceci, Richard Jenkins interprète le personnage avec un brio déconcertant.
On assiste aussi aux conneries de Brenda, petite amie de Nate en premier temps, et de son frère Billy qui sont tous deux mentalement dérangé. Brenda parvient néanmoins à mener une vie assez correct mais ce n'est pas le cas de son frère qui peut péter les plombs à n'importe quel moment surtout quand il stop volontairement son traitement, fatigué d'être tenu en laisse par de simples médicaments ( ceux qui ont déjà suivi un jour un traitement anti-dépresseur puissant le comprendront, je peux vous l'assurer ).
S'ajoute à cette galerie de personnage déjà bien rempli celui de Rico. Le seul employé de Fisher et Fils qui peut sembler sympathique et fendard au premier abord mais qui regorge de bien des surprise lorsqu'ils se montrent beaucoup plus belliqueux qu'à son habitude Ses multiples choix de vie au cours de la série réussiront à nous surprendre tant on se demandera ce qu'essaie de faire Rico exactement.
Chaque épisode démarre sur la mort random dont la famille sera pris en charge par les Fisher pour enterrer le corps. Parfois très drôles mais surtout très banales ( dans le bon sens ), ces ouvertures nous permettent de se rendre compte à chaque fois que la mort peut frapper n'importe qui, n'importe quand, qu'on en est d'ailleurs tous conscient et qu'on peut faire n'importe quoi pour s'en préparer, ce n'est pas toujours facile de résister au désespoir. L'on assistera alors aux points de vues de la famille de la victime puis des Fishier qui essaieront de les réconforter et de les comprendre. Autre élément grandiose de la série, chaque personnage principal va avoir des hallucinations ou plutôt des rêves éveillés ou encore des apparitions allant du spectre de Nathaniel Fisher Sr jusqu'aux morts dont s'occupent Nate et David qui viendront les hanter. Une excellente initiative qui nous permet une immersion encore plus forte.
Si l'on peut ajouter à cela que Six Feet Under possède la fin la plus aboutie de toute l'histoire de la télévision. Elle boucle tout. Il n'y a plus rien laissé au hasard. Il m'a fallu une semaine et demie à peine pour la terminer tellement elle m'a chopé les tripes. J'ai passé des nuits blanches à enchaîner les épisodes. J'avais l'impression d'appartenir à leur famille, que j'étais leurs amis. Une contribution notable à la tristesse que j'ai éprouvé à la fin du dernier épisode. La série se finit comme elle a commencé. Après Six Feet Under, il n'y a simplement rien.