Skins par-ci, Skins par-là... A force d'entendre parler de cette série britannique sur le monde adolescent, il fallait bien que je m'y mette, et finalement, j'en ressors assez déçu. Je m'attendais à du trash, à des beuveries et à des orgies dans tous les épisodes, et au final, je n'ai vu qu'une bande d'adolescents gentillets et pas aussi déjantés qu'on me l'avait promis. Après avoir lu quelques critiques, je me suis volontairement limité aux deux premières saisons, et globalement, je les ai trouvées assez lisses et mal rythmées.
A mon grand regret, bon nombre de personnages ou de thèmes prometteurs ont été complètement survolés. Les acteurs sont pour la plupart moyens, et si certains personnages m'ont passionné, d'autres bien moins intéressants ont été largement plus mis en avant. Je pense ainsi à Tony et Michelle qui phagocytent le temps à l'écran, et dont le va-et-vient amoureux m'a ennuyé à mourir. Anwar avait un certain potentiel, et il méritait à mes yeux un meilleur traitement : j'aurais aimé le voir dans des scènes ambigües avec Maxxie, d'ailleurs ça semblait parti pour au tout début, mais les auteurs ont apparemment préféré faire de lui le bouffon de service plutôt que de creuser le personnage. Dommage, vraiment dommage... Si Chris s'est parfois révélé assez touchant, les histoires de clarinette de Jal ne m'ont pas passionné, et les états d'âme de la prof de psycho encore moins.
Finalement, seuls 3 protagonistes sortent vraiment du lot. Tout d'abord Sid. Puceau, moche et toujours coiffé d'un bonnet, il n'a rien pour lui, mais c'est un des personnages les plus profonds et les moins caricaturaux de la bande. Il est excellent de bout en bout, sauf quand il s'agit de pleurer. Son père est également incroyable à voir, mais cela n'a rien d'étonnant puisqu'il s'agit de l'interprète de Malcolm dans The Thick of It.
Et puis il y a Cassie.
Cassie et ses problèmes d'anorexie.
Cassie et son regard halluciné.
Cassie et son sourire contagieux.
Cassie qui s'émerveille pour un rien.
Cassie qui est capable de donner le baiser le plus doux à quelqu'un et de lui donner une gifle cinglante dans la seconde qui suit.
Il n'y a pas assez de mots pour décrire à quel point ce personnage m'a troublé, envouté. Juste WOW. Cassie possède à la fois la joie de vivre d'une enfant et la lucidité d'une adulte. L'épisode qui lui est consacré dans la saison 2 est absolument bouleversant : Hannah Murray habite l'écran, et tout le monde ou presque fait pâle figure à côté d'elle.
Malheureusement, on la voit relativement peu, les scénaristes préférant nous saouler avec des histoires familiales dont on se contrefiche pour la plupart. Car oui, c'est l'un des énormes défauts de Skins : les auteurs ont choisi de nous montrer les adolescents dans leur vie de famille, en consacrant chaque épisode à un personnage en particulier. J'imagine que le but recherché était de donner un peu de densité et d'épaisseur à leurs héros, mais au final, cela alourdit le rythme plus qu'autre chose. Ce qu'on veut quand on vient regarder une série de ce type, c'est voir les relations entre adolescents au sein d'un groupe, et pas leurs problèmes familiaux. Conséquence logique de ce choix d'écriture, il n'y a pas de place pour tout le monde, et certains persos disparaissent carrément de l'intrigue pendant plusieurs épisodes (Maxxie où es-tu ?). Comment le spectateur pourrait-il alors éprouver de l'empathie pour le groupe quand celui-ci n'est pas visible à l'écran ?!! Les 9 "amis" ne sont presque jamais présents tous ensemble dans une même scène, et je trouve que cela handicape lourdement la série. Ajoutez à cela des épisodes ratés (le voyage en Russie, l'entretien à l'université), quelques scènes fantasmées complètement à coté de la plaque, et vous comprendrez que Skins est un énorme gâchis. Quitte à regarder des séries adolescentes trash, autant choisir Misfits ou The Inbetweeners, au moins vous en aurez pour votre argent.
Vous l'aurez donc compris, je suis frustré par cette série. Il y avait matière à faire quelque chose de grandiose, mais au final, on s'ennuie souvent, et la série mérite à peine la moyenne. Heureusement qu'il y a l'énigmatique Cassie pour sauver les meubles...