Something in the Rain est mon premier k-drama "romantique", et il est plutôt parvenu à me faire passer un bon moment, en dépit de plusieurs défauts qui ont fini à la longue à me faire passer du stade de l'euphorie niaise des premiers épisodes à la frustration, voire l'ennui, dans les derniers.
L'histoire tourne autour d'un jeune homme, Jun-hee, et d'une femme de dix ans son aînée, Jin-a, qui est la meilleure amie de la soeur de Jun-hee. Après un séjour à l'étranger de trois ans pour des raisons professionnelles, Jun-hee revient en Corée et retrouve Jin-a, laquelle, cherchant à s'extirper d'une relation toxique avec un homme abject va tomber amoureuse de Jun-hee. La première moitié du drama, qui tourne autour de l'attirance entre les deux personnages et qui se transforme rapidement en un amour inconditionnel, constitue sa plus grande force. Les sentiments des deux protagonistes y sont en effet abordés avec une délicatesse et une sensibilité rares, toujours en équilibre entre le romantisme un peu excessif et les aspects les plus triviaux d'une relation amoureuse. Les huit ou neuf premiers épisodes se regardent ainsi quasiment d'une traite (1h 20 chacun), le plus souvent avec un grand sourire béat et une véritable sensation d'être comblé au plus profond de ses entrailles... Rien que ça, et j'exagère à peine !
La séduction entre les deux tourtereaux acquiert une saveur particulière quand on sait que la différence d'âge et la situation de Jun-hee (orphelin) complique beaucoup les choses, la société coréenne étant (beaucoup) plus conservatrice que la nôtre à cet égard. S'en suit alors la tension permanente d'être découvert, le poids de moins en moins soutenable de la dissimulation aux yeux des autres, une réflexion profonde et touchante sur les barrières sociales qui semblent encore aujourd'hui empêcher en Corée des unions d'amour... Une première moitié extrêmement convaincante donc, et qui ne peut que toucher, voire profondément émouvoir, cela grâce à un jeu d'acteur extrêmement convaincant, aussi bien de la part des personnages principaux que des personnages secondaires, qui contribuent à faire de l'environnement social des deux amoureux une entité crédible.
Cependant, passé environ le dixième épisode, la série commence à faire du surplace, et l'arc narratif qui commence pour se terminer avec le dernier épisode accuse le coup d'une écriture pour le moins douteuse et en fort manque d'inspiration...
Je parle ici évidemment de l'arc qui implique les parents de Jin-a, notamment sa mère, et qui a dû je pense pousser la plupart des spectateurs à s'arracher les cheveux, d'autant qu'il y a là, pour l'Occidental que je suis, un décalage vraiment trop important (et je dois dire assez peu crédible, connaissant un peu les moeurs de la Corée actuelle, qui sont bien moins rigides que la série veut nous le faire croire) entre la réalité et ce que la fiction cherche à nous montrer.
S'ensuit une perte de vitesse inexorable dans le rythme de la série, dont la réalisation épurée, qui avait contribué jusque-là à rendre l'ensemble réaliste et crédible, se transforme en un poids qui ne fait qu'alourdir la progression d'une histoire bien moins inspirée (du fait qu'il n'y a plus qu'un seul obstacle à la romance entre Jun-hee et Jin-a, évoqué plus haut, et qu'il tient davantage du pathétique/ridicule que du tragique). Une impression de ras-le-bol qui s'accentue à cause de la musique, laquelle n'est composée que de cinq ou six morceaux qui finissent par vous sortir des oreilles tant ils sont répétés à outrance.
Cette inégalité dans le déroulement de l'intrigue constitue la plus grande faiblesse de la série, qui aurait pu être excellente si son ultime phase n'avait pas été si frustrante (même "ratée", disons le mot). Je garde cependant un excellent souvenir des premiers épisodes, qui dégagent comme je l'ai dit un réel sentiment de délicatesse à quasiment chaque plan, le tout permis par une réalisation sobre, des dialogues bien écrits et une interprétation de grande qualité. J'ai également apprécié la façon dont la thématique du harcèlement sexuel des femmes au travail était abordé, avec toute la profondeur, le cynisme et la cruauté inhérents à cette situation douloureuse pour celles qui en sont victimes. Une bonne (voire très bonne s'il on en retient que le début) série sur la naissance et l'affirmation de l'amour dans un environnement qui est loin d'y être favorable, avec cependant des lacunes qui empêchent d'en faire une franche réussite.