Sonny Boy est un hapax très difficile à caractériser : le premier épisode nous induit volontairement en erreur, en nous laissant croire à une dystopie politique issue d'une sorte de faille spatiotemporelle... somme toute une intrigue qui aurait été assez typique ; mais dès le deuxième épisode, on change radicalement de perspective ; et bis repetita. Si bien qu'on n'est jamais totalement certain de savoir de quoi, précisément, traite cet anime. Et pourtant, épisode après épisode, quelque chose semble se créer : non pas tant dans la compréhension de l'univers qui nous est présenté, encore moins dans son déroulement narratif, ni même dans la symbolisation qui aurait pourtant été possible, mais dans le regard qu'on porte sur l'inconnu, le hasard, l'imprévisible, l'arbitraire de la contingence, sur cette "dérive" qu'on finit par accepter. Cette dérive, justement, explique à elle seule tout l'anime : péché originel qui conduit les adolescents à vouloir retourner à leur état anté-lapsaire, quand bien même ils savent que c'est vain ; faille/blessure dans le rapport de soi à soi, et de soi aux autres.
Bref, Sonny Boy est une pépite d'intelligence. A cela, s'ajoute une bande-son absolument remarquable et pleinement significative (les chansons ont été soigneusement choisies, et traduites à dessein).