Assassin's Creed III : Sons of Liberty
Assassin's Creed... plus que de John Adams. Tiens ! Lorne Balfe est à la musique, quel hasard !
La mini-série HBO (2008 déjà...) montrait à merveille tout le côté politique de chambre des débuts : les décrets, les pamphlets, les Act et les palabres qui s'empilent, s'ajoutent puis se contredisent et que tout cette paperasserie pesante, reliquats du vieux Monde, mélange explosif d'économie, de politique, d'idéologie et d'intérêts personnels cuisait à feux doux au bain-marie d'un océan jusqu'à la Révolution et au-delà.
Avec SoL, on sabote toutes ces imbrications complexes, on rabote les nuances, on compresse la temporalité pour ne garder que le sentimentalisme facile, l'élan pataud dans une caricature puérile totalement tournée vers les faits d'armes.
La Liberté ! on a tué un enfant (innocent) ! abomination ! Ha ça ira !
Symptomatique sont les débuts qui se passent dans la rue et dans les tavernes crasses où chaque fermier, chaque bûcheron, sera à même de prouver son courage et son honneur face aux soldats anglais, aussi vicieux que lâches. En somme en faire un mouvement exclusivement, simplement, immédiatement populaire puis oblitérer tout le reste. Vous savez, la partie intéressante. Sans non plus pouvoir le faire totalement : le spectateur connait son Histoire et il y a certaines figures imposées : les gars va falloir parler à huis clos et signer des papiers à la fin.
L'entière machinerie procède pour lors d'un Samuel Adams fort éloigné de ce qu'il est supposé avoir été, a.k.a un quadragénaire lettré ayant fait Harvard publiant des pamphlets politiques. Non, ici ça sera un jeunôt mal rasé qui aime courir et unique bonhomme altruiste des Treize colonies (oui oui même pas les autres pères fondateurs). Ben Barnes, à baffer, l'interprète sans charisme ni nuance quand bien même il serait déguenillé à la Léonard le cow-boy en jean de cuir de Starz et filmé à la Assassin's Creed.
Franchise à laquelle on emprunte également au passage et le compositeur et la patte visuelle. Loin de briller, elle se place dans les stricts canons de ce que sont les séries historiques depuis une grosse décennie. La sobriété est vite sacrifiée sur l'autel de poses pompeuses et autres tristes ralentis éblouis par le soleil.
Etant chez History Channel, il y a certes un peu plus de retenue qu'ailleurs, pas trop de CGI faisandés et un soin certain a été apporté aux décors en dur et aux costumes (comme Ubisoft, d'ailleurs) mais on peut se douter que les scénaristes se sont sentis terriblement frustrés de ne pouvoir libérer quelques seins du joug des corsets. (anglais à n'en point douter)
Et dès que ça commence à se bastonner, ho la la on sent ce que les longues scènes ratées de contrebande et d'infiltration laissaient présager : qu'ils n'attendaient que ça ! Du sang, des tripes, la fumée des canons et les morts héroïques sur le tintouin de Lorne. Le soleil toujours aussi éblouissant. Solennel, puéril et pompeux.
Seules les scènes sans Sam Adams et sans faux suspense sont donc à peu près regardables sauf qu'elles sont peu nombreuses, de plus simplifient et déforment de façon tout à fait étrange ce que l'on connaît déjà.
Entre casting en grande partie foiré, faux-rythme et licences "pop" grand-guignolesques, l'enfant n'est pas très beau. Trois petits pas et puis s'en vont.