Des centaines de joueurs surendettés et désespérés participent à des jeux cruels et meurtriers pour l’amusement des plus riches. Après une exposition un peu longue pour montrer à quel point Seong Gi-Hun est un perdant, et une première épreuve dont les participants ignorent l’issue fatale, les participants se voient confrontés au choix de revenir à leur vie misérable ou à tenter de gagner de l’argent. Beaucoup d’argent.
Côté technique, la série porte un bel effort sur les costumes et les décors — mention spéciale aux murs du dortoir qui se couvrent petit à petit des dessins des épreuves. Cependant on reste dans une production propre, bien léchée mais sans grande personnalité typique de Netflix. Il n’y a rien à redire, mais il n’y a pas non plus grand-chose qui se détache.
Si Squid Game lorgne du côté de Battle Royale voire plus franchement du côté du divertissement Hunger Games, il dilue cependant sa critique sociale et culturelle derrière le divertissement, le sang et le baroque. La série estampillé Netflix ne recule devant aucun excès pour construire son île et ses épreuves mortifères, dans un étalage qui confère parfois au ridicule. Non, je ne crois pas une seconde que des VIP aussi riche acceptent de porter des masques aussi lourds et encombrants qui les empêche de boire et leur filerait suée et mal de crâne. Quant à leur décor de maison close baroque porté sur l’exploitation humaine, c’est également tout much. Côtés participants, aucun cliché n’est épargné, du beau-père à succès emportant la fille aux États-Unis à la transfuge nord-coréenne en passant par l’universitaire magouilleur. Les expositions de personnages appuient bien fort au cas où on n’aurait pas compris. La série fait aussi le choix de délaisser de vrais moments de psychologie pour accumuler les histoires parallèles : flic infiltré, trafic d’organes, recherche d’un frère perdu…
Quand je vois les critiques et la note global de Squid game, je me dis que j’ai encore dû rater un truc en le regardant. Peut-être que je passe à côté du recours au grotesque comme levier de dénonciation, mais j’ai vraiment du mal à y voir une critique sociétale réaliste dans un environnement si peu réaliste. C’est une sensibilité personnelle, mais je trouve que la représentation des différentes factions — joueurs, organisateurs, spectateurs — est trop caricaturale. Mais c’est également parce que la série est cousue de fil blanc que rien ne me surprend. La plupart des retournement ou révélation se voient à des kilomètres, et par conséquent, la narration est longue. Très longue.
Oui, on avait compris depuis le début que le vieux était organisateur et que l’Agent serait le frère disparu. Ça paraissait évident et on espérait qu’on se trompait mais non. Et donc c’est long à venir.
Autre effet surement voulu mais qui ne fonctionne pas avec moi : toute la représentation ou le point de vue nous place nous comme spectateur-voyeur, adeptes du dogme de l’argent-roi et d’une société inégalitaire où les vies n’ont pas la même valeur. Si cet effet de style réussit à me mettre mal à l’aise, elle ne me convainc pas sur la présupposé profondeur de la série. C’est encore plus mis à mal par ce cliffhanger qui annonce une éventuelle deuxième saison, ce qui ne parait vraiment pas faire sens dans l’intrigue.