Cela doit être ma première critique d'une émission TV (je n'ai pas la TV, mais j'ai Netflix), et autant jouer franc-jeu : je n'ai regardé que cinq minutes. Moins parce que je suis allergique au principe même de la télé-réalité - ça je le savais déjà, et encore, en période de désoeuvrement ou de décalage horaire extrêmes, j'aime bien les bêtises inoffensives du genre concours de cuisine et tous nus dans la jungle.
Non, j'ai voulu voir ce truc pour pousser un coup de gueule sur le concept de cette émission elle-même : adapter pour un jeu une série qui montre l'humanité sous un visage très sombre, c'est abject. Ce qui est permis à la fiction ne passe pas toujours dans la réalité - c'est même un principe philosophique de base : la distinguer de la fiction.
Certes, on ne tue pas les joueurs (encore heureux, cela dit, au rythme où l'on va...) - mais pour tout le reste, bah, comme c'est étonnant, cette expérience sociale grandeur nature filmée nous montre l'humanité sous un jour sombre, mais sombre et grotesque. Avec certains des pires travers des sociétés anglo-saxonnes : esprit de compétition extrême proche du fascisme ("la pitié c'est de la faiblesse"), les lou-ravi du développement personnel ("je ne vais rien lâcher"), le chantage aux émotions ("je suis archi endetté, j'ai vraiment besoin de ce fric"), le casting remplissant soigneusement le cahier des charges "diversité" et "égalité" (je n'ai rien contre, sauf quand c'est amené à la truelle car cela sert d'alibi bien commode à la haute bourgeoisie dominante, qui reste en grande majorité blanche et masculine...).
Naturellement, le montage nous indique qui le spectateur doit (aimer) détester, qui mérite l'empathie...
Bref, une vraie prise d'otages bien dégueulasse, à la fois des participants et des spectateurs.
Cela dit, je serais un étudiant en sociologie (dieu merci ce n'est pas le cas), je me précipiterais sur cette émission bien racoleuse mais probablement riche d'enseignements.