Staged est une série hilarante basée sur l'autodérision de ses deux vedettes Martin Sheen et David Tennant. Ou David Tennant et Martin Sheen, ou David McDonald et Martin Sheen, ou "David that f@#king liar" et Martin Sheen (vous comprendrez quand vous verrez Staged, et ses génériques évolutifs). Si vous connaissez les deux héros de Good Omens, que vous avez un pied dans les séries Doctor Who, Harry Potter et Twilight, alors la saison 1 de Staged se boit comme un délicieux nectar de références à mourir de rire. Pour nous (qui adulons les deux premières, et connaissons bien les deux autres) : un ré-gal. Les disputes des deux compères sont autant d'hommages à nos propres débats enflammés avec les bons copains pour des bêtises : pour eux, les rivalités galloises et écossaises, ou "quel nom sera en premier sur l'affiche", pour nous "qui a laissé le lait sur la table, et une bouteille vide au frigo", nous n'avons pas les mêmes valeurs, mais les disputes débiles sont les mêmes, et on s'est souvent reconnus à l'écran (d'où l'hilarité, en plus des références filmiques, vraiment cette saison 1 est "tout bénéf'"). Le format est aussi très intéressant étant uniquement en format visio-conférence, la série parvient à utiliser la pandémie de Covid à son avantage, sans jamais nous lasser visuellement. La durée est aussi à la portée de n'importe quel "dévoreur" d'épisodes : 22 minutes fois six (soit 3h15 environ) pour la première saison, et 22 minutes fois huit (soit un peu plus de 4h) pour la seconde (ou plutôt "deuxième" ? Le final laissant la porte ouverte à une troisième saison). On adore aussi le côté intimiste des deux acteurs qui nous laissent entrer dans leur quotidien, avec leurs épouses respectives qui ajoutent encore aux gags (elles parlent entre elles de leur don pour la procrastination). Avec ce confinement, on se rend compte qu'on est tous égaux face aux galères du quotidien (Martin Sheen qui devient parano des oiseaux qui "complotent contre lui", David Tennant qui doit gérer les cours des enfants mais n'y entend rien, la cuisine qui n'est pas non plus son fort...) et on continue de trouver que les situations sentent le réalisme à plein nez. Seulement, là où la série perd nettement en intérêt et en vitesse, c'est au passage difficile en saison 2. Le dernier épisode de la première et l'ensemble de la saison 2 nous ont bien moins enthousiasmé. En plus de sa préoccupation principale de créer un casting all stars (un peu à la Extras, les stars affluent pour s'auto-parodier) qui noie le binôme sympathique dans la masse (pas franchement drôle), on entame une "désillusion" en nous montrant que tout était écrit, on revient sur certains passages de la saison 1... Non seulement la mise en abime a tendance à radoter (on retrouve toujours le même contenu de la première saison), mais on aimait croire à ces improvisations de disputes (sans être naïf, juste pour le plaisir), qui ici sont décortiquées sous tous les angles comme des scripts réfléchis (on nous retire cette impression de spontanéité qui nous avait tant séduit). On est aussi bien moins amateurs de la flopée de stars qui essaient d'être aussi amusantes dans l'autodérision que les deux compères, mais n'y arrivent pas (on s'ennuie un peu, on regrette les démarrages de la série plus simples). Au final, on a adoré la saison 1 qui mêle auto-dérision bourrée de références pour les connaisseurs, disputes débiles de bons potes, et étrangement un lien beaucoup plus fort avec les vedettes à travers la visio qu'avec la caméra de cinéma. Cachu hwch !