Je ne peux pas me montrer objectif ! J’adore le cinéma en général, les films noirs en particulier et Humphrey Bogart est mon héros. Comment voulez-vous que je ne succombe pas au charme de Sugar, la série Apple TV ?
Il y a bien sûr la musique, nostalgique et planante à souhait avec des notes de blues qui vous serrent le cœur.
Et puis les inserts d’anciens films, courtes séquences en noir blanc. Elles pourraient se révéler juste artificielles ou « chic » mais ici, elles apparaissent toujours au bon moment, contrepoint nostalgique et tendre en raccord avec la trame du récit. Elles racontent une histoire éternelle, l’errance de tous les privés en quête de vérité , des anges meurtris, chassés, battus mais qui restent debout.
On peut aussi saluer les cadrages soignés, les réflexions philosophiques en off sur la décrépitude du genre humain, les accès de violence percutants et toute une galerie de personnages attachants dont l’ancienne rockeuse devenue alcoolique (touchante Amy Ryan) ou la patronne de Sugar (déroutante Kirby Howell-Baptiste).
Last but no last, il y a le charme de colin Farrell, élégant, mystérieux et sacrément entêté. Au volant de sa Corvette il va parcourir les rues de Los Angeles, bordées de palmiers, à la recherche d’une jeune femme disparue. Petit bonus, le soleil nous change des polars nordiques neigeux ou du Fog anglais en cette fin d’été pluvieux.
Alors comment ne pas fondre devant cet hommage au cinéma de genre ? D’autant que l’intrigue, tordue comme dans tout bon polar, ne faiblit pas. En bref, John Sugar, détective spécialisé dans la recherche de disparus, est engagé pour retrouver la petite-fille d’un réalisateur connu et adulé. Mais la famille de celui-ci cache bien des secrets tout comme l’entourage de la disparue, Olivia. Ce n’est que le début d’une longue enquête qui prendra un tour complètement inattendu.
Je sais, à la lecture des autres post, que le retournement, de la fin du sixième épisode, a beaucoup surpris, voire refroidi les ardeurs suscitées par le début. Je trouve au contraire ce twist superbe. D’abord il éclaire un certain nombre d’indices (que je me contenterais d’évoquer) semés tout au long des épisodes dès le début : baguettes du restaurant japonais, alcool, chasteté, injections, langues parlées …). Ensuite ce changement de registre ouvre de nouvelles perspectives et colore différemment la suite de l’enquête. Elle nous empêche de ronronner dans un script familier.
Moi qui imaginais un secret lié à un traumatisme de guerre ou à la disparition de la sœur du détective je me suis fourvoyé.
Colin Farrell, cité parmi les producteurs, a trouvé un personnage à sa mesure bien loin par exemple de l’ennuyeux remake de Total Recall.
Donc, un dernier conseil gratuit, attrapez votre fedora, votre holster et votre bouteille de scotch puis partez sillonner l'asphalte de Los Angeles.