Super Sentai, c’est un peu comme si tu demandais à un groupe de cosplayers de sauver le monde chaque semaine en se battant contre des monstres improbables, le tout dans des costumes fluos qui défieraient la mode de n’importe quelle décennie. C’est l’essence même du kitsch japonais des années 70, un mélange improbable de kung-fu chorégraphié, de robots en polystyrène, et de méchants qui semblent tout droit sortis d’une fête foraine hantée. Si tu cherches du réalisme, passe ton chemin. Si tu aimes l’absurde coloré, bienvenue dans l’univers où le spandex est roi !
Chaque saison de Super Sentai est à peu près la même : un groupe de jeunes (et souvent improbables) héros est choisi pour défendre la Terre contre des menaces intergalactiques ou mystiques, toujours avec le même combo : des poses dramatiques, des explosions improbables, et des monstres qui auraient très bien pu être fabriqués lors d’un cours d’art plastique. Et bien sûr, chaque héros a sa couleur attitrée, parce qu’un bon héros, c’est avant tout un code couleur bien respecté. Rouge, bleu, jaune, vert… il y en a pour tous les goûts.
Le leader, souvent vêtu de rouge (parce que le rouge, c’est la couleur de la victoire, n’est-ce pas ?), est le héros intrépide qui fonce tête baissée dans le danger, suivi de près par ses camarades aux compétences diverses : l’un est super fort, l’autre super rapide, et le dernier… fait des blagues. Leur mission : détruire les monstres du jour qui, invariablement, finissent par grandir de manière totalement absurde, parce que oui, que serait Super Sentai sans des combats de robots géants dans des décors en carton ?
Les combats sont le cœur de la série. Ce ne sont pas juste des bagarres, ce sont des spectacles d'acrobatie où chaque coup de pied est une œuvre d’art chorégraphique, où les explosions apparaissent derrière les héros au moment exact où ils sautent en l’air. Parce que oui, dans l’univers de Super Sentai, il y a une loi non écrite : plus la pose est dramatique, plus l’explosion derrière toi sera réussie. Même quand ils courent, c’est avec grâce et dignité, comme si la gravité n’avait aucune emprise sur ces héros en collants.
Quant aux méchants, ah les méchants ! Chaque semaine, c’est une nouvelle créature qui semble avoir été inventée lors d’une soirée particulièrement arrosée chez les designers. Des monstres mi-humain mi-crabe, des robots qui ressemblent à des mixeurs géants, ou des sorciers intergalactiques qui semblent avoir pris des cours de théâtre trop au sérieux. Ils apparaissent, rient diaboliquement, envoient deux ou trois sbires (qui se font toujours exploser en moins de cinq minutes) et finissent par grandir à une taille ridiculement énorme, obligeant nos héros à sortir l’arme ultime : le robot géant combiné. Parce que pourquoi se battre à taille humaine quand on peut faire tout exploser à coup de pied mécanique géant ?
Visuellement, Super Sentai est une explosion de couleurs criardes et d'effets spéciaux un peu douteux. Les costumes semblent avoir été dessinés par quelqu’un qui voulait mélanger Power Rangers avec une boîte de crayons fluos, et les décors sont parfois tellement cheap que tu te demandes si les héros ne se battent pas dans le jardin d’un particulier. Mais, bizarrement, c’est ce côté "fait à la main" qui rend la série charmante. Les monstres en mousse, les robots aux mouvements un peu rigides, tout ça fait partie du folklore Super Sentai.
Bien sûr, le scénario n’est pas vraiment le point fort de la série. Après tout, combien de fois peut-on sauver la Terre avec la même recette avant que cela ne devienne un peu répétitif ? La formule est immuable : un monstre apparaît, le groupe se transforme, combat en équipe, et finit par vaincre grâce à leur gigantesque robot. À ce stade, tu pourrais jouer à un jeu à boire en devinant chaque étape de l’épisode. Et pourtant, c’est là toute la magie : on sait exactement à quoi s’attendre, et c’est cette répétition réconfortante qui fait tout le sel de la série.
Les personnages, quant à eux, ne sont pas là pour leur développement psychologique profond. Ce sont des archétypes simples : le leader courageux, le comique de service, le mystérieux solitaire, etc. Mais ça fonctionne, parce que Super Sentai ne prétend pas être autre chose qu’un grand spectacle de bagarres colorées. Les dialogues sont souvent minimalistes et fonctionnels, juste assez pour te rappeler pourquoi ils se battent cette semaine, mais pas assez pour te distraire de la véritable attraction : les combats, les explosions, et les transformations.
En résumé, Super Sentai est une série qui ne se prend pas au sérieux et qui n’essaie pas de le faire. C’est une explosion de kitsch, de combats chorégraphiés, et de monstres en carton, le tout emballé dans un scénario répétitif mais étrangement addictif. Si tu aimes les héros en collants, les poses dramatiques, et les robots géants qui se battent dans des décors qui s’effondrent à chaque coup, alors tu trouveras dans Super Sentai une dose de plaisir coupable. Mais si tu cherches de la profondeur ou des intrigues complexes… disons juste que tu n’es peut-être pas au bon port.