Attention ! Cet avis contient des révélations sur l’intrigue de la série !
The Road So Far...
Je n’ai jamais été un grand fan de Supernatural. Je ne le suis toujours pas. Pas vraiment.
En revanche, après avoir vu l’intégrale de la série, je peux avancer sans mal qu’il s’agit de l’une des meilleures séries ‘moyennes’ qui ait jamais existé.
De ces ‘petites’ séries sans trop de prétention, sans trop de prises de tête ; où le staff se donne pour faire le job, pour satisfaire les fans, et le fait avec une certaine forme d’amour et de passion.
Du coup, il est difficile de ne pas rendre justice à un travail bien fait.
J’ai regardé les premières saisons sans trop de convictions. Et puis petit à petit, ce n’était plus qu’un épisode par ci, un épisode par là, jusqu’à abandonner totalement aux environs de la Saison 6.
C’était sympa, sans plus. Toujours en dents de scie, rarement passionnant, avec des intrigues parfois décousues, des fils rouges difficiles à suivre si on ratait un épisodes...
Pas très encourageant, et l’envie de persévérer est facilement absente lorsqu’à côté de ça on est largement plus attiré par pas des séries comme Battlestar Galactica, Kiba Okami Garo, Doctor Who, ou Masters of Horror. Et ça ce n’était que pour la première année, car pendant quinze ans, tous les ans, il y a toujours eu mieux, et bien plus intéressant, que Supernatural.
En 2020, cependant, il y a eu une fameuse pandémie, et nous sommes restés confinés un certain temps. Je ne dois pas être la seule personne à en avoir profité pour se plonger dans toutes ces petites choses mises de côté par manque d’envie ou de temps. Des livres, des films, des albums, des jeux, des séries... Et après en avoir fini, on redonne leur chance à des trucs auxquels on ne pensait peut-être plus du tout. À l’ère du streaming de masse et de plates-formes comme Prime, Netflix ou Disney+, on se plonge plus facilement dans des séries qu’on peut sans trop de mal ‘binge-watcher’. Eh bien Supernatural a été la série qui m’a dépanné quand il ne me restait plus rien à voir et presque plus rien à faire. Avec 14 saisons disponibles (et la dernière prévue pour la fin de l’année) j’avais de quoi voir venir.
Carry On Wayward Sons
Comme je le disais, c’est très moyen comme série. Mais ça reste efficace, relativement constant, les évolutions sont subtiles, le schéma global peut s’adresser à tout le monde, le côté fantastique reste omniprésent, et tout ce qui s’apparente de près ou de loin à de la religion n’est ici utilisé que pour sa mythologie. Ça reste simple, même quand ça part en cacahuète, les pires intrigues sans queues ni têtes arrive à s’intégrer sans trop de difficultés vu le contexte et l’ambiance de la série.
Bien que dans les thèmes ce soit le fantastique qui prédomine à tout instant, dans la fond et l’execution, c’est l’aspect humain qui prime. Les relations entre tous les personnages, leurs évolutions, en particulier entre les deux frères, sont le véritable intérêt de la saga. Quelles épreuves vont-ils devoir surmonter ? Comment vont-ils s’en sortir ? À quand la prochaine engueulade ? La prochaine réconciliation ? Quel sera le cliffhanger de fin de saison ? Des questions basiques qui reviennent sans cesse au fil des épisodes et des saisons.
Si de prime abord la série suit le schéma banal du ‘monstre de la semaine’ (expression consacrée que l’on doit au relent d’intérêt pour un schéma très en vigueur à la TV depuis les 50’s où les personnages vivaient une péripétie différente par épisode/semaine. Ce schéma n’a que très peu évolué jusqu’à l’explosion du nombre de séries dans les 70’s/80’s, majoritairement d’aventures et/ou policières, qui avaient leur ‘case of the week’. Les ‘monsters of the week’ sont popularisés dans les 90’s avec l’arrivée de séries de science fiction ou fantastiques comme X Files ou Buffy the Vampire Slayer), elle s’en éloigne assez rapidement, suivant le modèle de ses aînées, afin de se forger une identité propre, une mythologie, des marqueurs visibles et des fils rouges qui resteront la marque de fabrique de la série jusqu’à la fin.
Bien entendu, cela tourne essentiellement autour des deux frères. Au départ ils cherchent leur père, mais ce qui aurait pu vite tourner à une simple histoire de vengeance se transforme en quête pour sauver Sam. Puis vient le temps de sauver Dean. Puis vient le temps de sauver le monde. Et ainsi de suite. Les frères Winchester se brouillent, se réconcilient, passent leur temps à vouloir protéger l’autre sans grand succès, donc ils se retrouvent à devoir se sauver l’un l’autre, tout en devant sauver le monde, l’univers, voire d’autres réalités. Car ce qui commence par de simples et banales quêtes pour éviter l’apocalypse tout en préservant leur famille, se transforme peu à peu en épopée, en véritable saga épique où nos deux pauvres frangins du Kansas se démènent de plus en plus pour aider tout le monde, y compris des être bien plus puissants et importants qu’eux, et se retrouvent à se battre contre des entités cosmico-célestes de plus en plus puissantes. Leur dernier grand antagoniste sera d’ailleurs nul autre que Dieu en personne...
Certes, dit comme ça c’est grotesque, mais ça ne l’est jamais dans le ton qu’adopte la série.
Le tout est assez vite étoffé également côté background, avec le meurtre de Daniel Elkin, ancien possesseur du Colt, et surtout l’arrivée de Bobby Singer en fin de première saison. Il permet en effet de découvrir au fil du temps que les deux frères ne sont pas seuls et qu’il existent bon nombre d’autres Chasseurs, eux même ‘cousins’ marginaux des Hommes de Lettres, soit tout un réseau d’hommes et de femmes qui œuvre dans l’ombre afin de protéger l’humanité.
Du côté des créatures fantastique, là aussi tout s’étoffe petit à petit. Outre les classiques démons, sorcières, vampires et autres loups-garou, on découvre aussi des créatures moins connues (daevas, tulpas, wendigos, djiins, etc), on retrouve des dieux païens ou venus d’autres lieux et d’autres époques (ce qui n’est pas sans rappeler le roman American Gods), on fait aussi parfois dans le kitch et on puise directement dans le vivier des Series B et Z (comme avec des nécromanciens nazis), tout comme dans la littérature (Le Magicien d’Oz, Frankenstein, etc), mais c’est avec les religions monothéistes les plus connues que les auteurs vont bâtir les aspects les plus intéressants du lore.
Le démon Azazel est vite suivi par Lilith, la Mort (et les Faucheuses), puis les anges interviennent dès la saison 4, suivis par Lucifer, les archanges, Eve, les Alphas, les Léviathans, les prophètes, les Chevaliers de l’Enfer, Caïn, Amara (les Ténèbres), etc... Entre la Terre, le Paradis, l’Enfer, le Purgatoire et le Néant, les auteurs sont allé bien au delà du simple folklore ou de la théologie de base afin de construire une véritable mythologie à leur série.
Du reste, ils apportent également dès la saison 2 des ‘nuances de gris’ à leur univers un peu trop manichéen. Ainsi, on découvrira des monstres qui ne veulent pas tuer d’humains, des démons plutôt sympathiques, des anges sociopathes (voire fondamentalement mauvais), et bien d’autres qui nous conforterons dans l’idée que rien n’est absolument Bon ou absolument Mauvais. En revanche, les auteurs ont suivis une sorte de schéma récurrent concernant l’entourage des frères Winchester : John Winchester, Mary Winchester, Ellen Harvelle, Jo Harvelle, Gordon Walker, Bella Talbot, Rufus Turner, etc... Autant de noms que de destins tragiques, et qui deviennent, à la longue, relativement prévisible, si bien qu’il serait presque plus simple de retenir les noms de ceux qui ont survécu. Fort heureusement, il y en a quand même, sinon ce serait vite devenu très lassant, et l’impact émotionnel n’aurait pas été le même si le spectateur s’attendait systématiquement à un futur décès. Ainsi, il sera toujours agréable d’avoir des nouvelles de Jody Mills (et de sa petite famille), Donna Hanscum ou Garth Fitzgerald. Bien sûr, il y aura également ceux dont le destin n’est pas fixé, et qui peuvent nous réserver quelques surprises, comme Bobby Singer, Castiel, Crowley, Charlie Bradburry, Rowena McLeod ou Kevin Tran. Famille, amis, ennemis, ou un peu tout ça à la fois, des personnages à la destiné complexe comme on n’en trouve que dans les grandes œuvres de fictions.
Et si tout cela ne nous suffisait pas, ils enfoncent le clou en développant des univers parallèles (même si dans la série nos héros n’en visiteront que deux autres).
Au cours de ces quinze saisons, les auteurs ont su faire évoluer leur petite série en un univers bien construit avec en guise de mythologie un véritable melting-pot aux inspirations diverses et variées.
Livin’ On A Prayer
La construction d’un tel univers ne se fait pas sans compromis, et vu les diverses inspirations qui compose les fondamentaux de la série, elle aurait vite pu tourner à la ringardise ou à la grosse série B, voire Z. Fort heureusement, ce n’est pas le cas ici car autre grand intérêt de la série, c’est cette espèce d’humilité globale. Souvent on a l’impression que l’équipe de la série nous crie haut et fort : "on sait que nous ne faisons qu’une petite série fantastique, mais ça nous va très bien, et on va se donner à fond pour nos fans". Dès lors, on ne peut que respecter le travail accompli, car il est fait avec cœur, et exposé fièrement pour ce qu’il est. Ni plus, ni moins.
Du coup la série se retrouve avec l’aspect méta le plus assumé qu’on puisse voir à la TV. Que ce soit tout en finesse et en subtilité, ou que ce soit dans du second degré, de la parodie brute, ou de la grosse auto-parodie, la série s’assume toujours et n’a jamais la prétention d’être autre chose que ce qu’elle est. Jamais elle ne prend le spectateur de haut, jamais elle ne sombre dans la médiocrité flagrante, et jamais elle ne trahit sa base de fans.
Bien que certaines histoires paraissent évidemment trop énormes, trop faciles, ou trop capilotractées, elles restent cohérentes dans l’univers établi. Les bases posées permettent d’immenses latitudes, et les auteurs en profitent sans jamais en trahir l’esprit. Même lorsqu’ils reçoivent des critiques récurrentes, ils arrivent à en sortir quelque chose d’assez drôle, et revendiquent leur choix. On se plaint d’avoir trop d’épisodes loner au milieu d’une apocalypse ? On en fait un gimmick où se payer un monstre devient une façon naturelle de se vider la tête (plusieurs personnages finiront même par en faire la remarque). On se plaint que les monstres et les fils rouges deviennent kitch et redondants ? On balance alors des super-monstres, puis on invente des hybrides qu’on baptise avec le nom d’un groupe de rock, et on enchaîne avec une saison dont les monstres principaux sont dignes d’un nanar et ne sont sensibles qu’au détergent industriel.
Au fur et à mesure, les auteurs ont su faire de leurs défauts des codes récurrents qui viendront s’ajouter aux fondamentaux de la série. Quoi qu’on en dise, quand ils en font des caisses, c’est assumé. Quand ils sortent du cadre, c’est revendiqué. Quand ils veulent remercier les fans, eh bien il font dans le méta et il sortent un épisode sur une convention Supernatural. En effet, l’aspect méta passe un cap vers la fin de la saison 4 avec la découverte d’une série de romans Supernatural au sein même de la série, et qui reprennent exactement les aventures de Dean et Sam. C’est utilisé avec parcimonie au cours de la série, un convention par-ci, une fan amoureuse par là, mais lorsqu’on se retrouve devant un épisode de ce type, c’est à chaque fois un régal de voir à quel point tout le monde se donne à fond, n’hésitant pas à faire de l’autodérision ou d’avoir un œil critique sur leur propre travail, tout en y incluant respectueusement, mais non sans humour, leurs fans.
Car un autre grand intérêt de la série, et non des moindre c’est sa manière d’utiliser l’humour. Il est courant dans ce genre de série d’inclure de l’humour. Que ce soit dans une réplique, une situation cocasse, un personnage qui est le comique de service... Instauré assez tôt dans la série (S01E04 avec la phobie des avions de Dean -justifiant au passage les voyages en voiture-) l’humour est ici porté à un autre niveau avec des auteurs qui prennent un malin plaisir à malmener les personnages, et les acteurs qui s’en amusent, se lâchent, et en font des caisses volontairement. Si on retrouve bien entendu dans la majorité des épisodes la forme classique de l’humour inhérent à ce genre de série, on y trouve aussi des gimmicks, des running-gags qui peuvent ne durer qu’un épisode, coller à un personnage un certains temps, ou revenir régulièrement au fil des saisons. Un bon exemple avec le duo des Ghostfacers, Harry Spangler et Ed Zeddmore (parodie évidente des Ghostbusters et des gens de l’émission Ghost Hunters, et dont le leitmotiv dans l’épisode est "Que ferait Buffy ?"), introduits dans l’épisode 17 de la première saison (durant lequel Dean et Sam se piègent avec des blagues un peu nazes), et que nous recroiserons à cinq autres reprises dans la série.
Évidemment, comme il est devenu courant de le faire depuis les 90’s, on y trouve également son lot d’épisode un peu spéciaux. Que ce soit dans l’hommage, le pastiche pur et dur, l’explosion du côté méta, une tentative de spin-off, un épisode parfaitement décalé, ou un cross-over avec Scooby Doo, cette série propose de fabuleux épisodes spéciaux, dont certains pourraient servir de modèles tant ils sont exemplaires en tous points. Souvent loufoques, et toujours bien dosés, ils apportent saisons après saisons leur lot de bonnes surprises.
En voici d’ailleurs une liste non exhaustive :
- S02E15 : les deux frères racontent leur affaire en cours à Bobby, et chacun en profite pour critiquer l’autre, donnant des situations souvent comiques ; le tout agrémenté des farces d’un Loki pas toujours de bon goût.
- S02E18 : les deux frères enquêtent pendant le tournage d’un film d’horreur, offrant un bonne occasion de se moquer d’Hollywood et de voir Dean jouer les fanboy et se prendre un peu trop au jeu.
- S03E11 : les deux frères sont pris dans une boucle temporelle où Dean meurt à chaque fois. C’est un hommage non dissimulé au film "Groundhog Day" de Harold Ramis.
- S03E13 : épisode parodique tourné à la manière d’un épisode de l’émission Ghost Hunters, et mettant évidemment en scène les Ghostfacers.
- S04E05 : l’épisode, en noir et blanc, est un pastiche des films de monstres des 30’s que l’on doit majoritairement aux studios Universal. En réalité, l’épisode reprend également des codes du cinéma des 40’s et des 50’s.
- S04E06 : dans cet épisode les victimes semblent devenir de vrais trouillards pour finir par littéralement mourir de peur, et Dean semble soudainement être pris des même symptômes, rendant le tout excessivement drôle (sans parler du petit bonus final).
- S04E17 : épisode dans une réalité alternative où Dean et Sam ne sont pas frères et n’ont jamais été Chasseurs. Travaillant dans le même immeuble, ils sont confrontés à ce qui semble être un phénomène surnaturel, et décident d’enquêter en suivant les tutos internet des Ghostfacers
- S04E18 : premier gros épisode méta dans lequel les frères découvrent qu’il existent une série de romans Supernatural qui relatent leurs vies
- S05E08 : un épisode dans lequel les frangins se retrouvent coincés dans diverses parodies de séries et d’émissions de TV. Série médicale romantique, sitcom basique, jeu japonais délirant, publicité gênante, série policière... Une des plus drôle étant la parodie de K-2000.
- S05E09 : les frangins se retrouvent invités à la première convention des fans de Supernatural
- S06E04 : premier épisode centré essentiellement sur un personnage secondaire
- S06E09 : un épisode qui commence comme une parodie de X Files, et se poursuit avec un Sam à côté de la plaque et un Dean paranoïaque
- S06E15 : les frangins se retrouvent propulsés dans un univers parallèle où Supernatural est une série TV dans laquelle ils jouent
- S07E14 : à l’exception de cet épisode sur les peurs infantiles, assez drôle et avec son compteur façon "24", aucun des épisodes de la Saison 7 ne se démarque vraiment, car la quasi intégralité de cette saison adopte un ton presque nanardesque volontaire et assumé
- S08E04 : épisode presque entièrement en found footage où on suit l’affaire de l’intérieur, et les Winchester ne sont que secondaires
- S08E08 : épisode hommage aux cartoons old school, comme ceux de la Warner ou de Tex Avery
- S09E05 : à cause d’un sortilège qui a trop bien fonctionné, Dean peut parler aux animaux, mais il commence également à se comporter comme un chien
- S09E20 : cet épisode a été tourné pour être un spin off de la série. Baptisé Bloodlines, la série aurait du raconter l’histoire d’une guerre des clans à Chicago entre humains, loups-garous et polymorphes (mais aussi ghoules, djinns, vampires, spectres...), avec son lot de drames et d’amours impossibles.
- S10E05 : la série célèbre son 200ème épisode et les frangins enquêtent dans un lycée où des élèves montent une comédie musicale Supernatural
- S10E06 : épisode tourné à la manière du jeu Cluedo et rappelant les classiques de romans et séries policières (les aventures de Jules Maigret, Hercule Poirot, etc)
- S11E04 : épisode entièrement filmé du point de vue de Baby, la fameuse voiture de Dean
- S11E15 : épisode se déroulant dans les coulisses du catch amateur, avec un Dean en fan de la première heure, et la participation de Mike Mizanin (The Miz) de la WWE
- S12E11 : seul épisode un brin comique de cette saison à double intrigue, on y suit Dean perdant peu à peu la mémoire, ce qui nous offre des moments hilarants, et d’autres bourrés d’émotions
- S12E12 : épisode tourné à la manière des premiers films de Tarantino, avec beaucoup de clins d’œil, notamment à Reservoir Dogs et Pulp Fiction
- S13E08 : épisode parodiant les films de cambriolages
- S13E10 : cet épisode a été tourné pour être un spin off de la série. Baptisé Wayward Sisters, la série aurait du raconter des histoires mettant en scène le shérif Jody Mills et ses filles, Alex Jones l’ancienne otage de vampire, Claire Novak la chasseuse et fille du véhicule de Castiel, Patience Turner la médium et petite-fille de Missouri Mosley, et Kaia Nieves la marche-rêve, toutes pouvant bien entendu compter sur le soutien de Donna Hanscum, et affrontant des monstres échappés d’un univers alternatif
- S13E16 : épisode crossover avec la série animée Scooby Doo
- S14E04 : épisode hommage aux films d’horreur des 80’s, et en particulier aux slasher movies
- S15E10 : dans cet épisode Dean et Sam ont perdu leur chance et subissent donc un lot de petites galère qui frappent tous les humains lambda. C’est aussi le dernier épisode de la série à afficher clairement une volonté de faire dans le comique.
I Love Rock N’ Roll
Si je devais trouver un dernier point à souligner, ce serait évidemment un autre des gimmicks de la série. Oui, mais lequel ? La malbouffe de Dean ? Les chambres de motels cheaps ? Les récurrences de "Casa Erotica" et "Busy Asian Beauties" (ou "Voluptuous Asian Lovelies" en version vintage, "Fortune Nookie" en version web..) ? Les faux noms utilisés par les frangins et autres références à la Pop Culture ?
Pourquoi pas... Mais non, ce qui me viendrait plutot à l’esprit, c’est une Chevrolet Impala noire de 1967, et son radio-cassette.
L’Impala est un fabuleux marqueur ; elle fait totalement partie de l’identité de la série. N’importe quelle personne un tant soit peu versée dans les série reconnaît au premier coup d’œil la Pontiac Firebird Trans Am 1982 de K-2000, le Dodge Charger 1969 de Sheriff Fais-moi Peur, la Ford Gran Torino 1975 de Starsky & Hutch, le van GMC Vandura 1983 de L’Agence Tous Risques, etc.
On voit la voiture, on reconnaît la série. C’est aussi simple que ça. Et il faut bien avouer qu’au niveau des séries récentes, les véhicules iconiques ne se bousculent pas au portillon... Les plus grands fans reconnaîtront sûrement le camping-car Fleetwood Bounder 1986 (ou la Pontiac Aztek) de Breaking Bad, ou peut-être la Toyota Echo (Yaris en Europe) 2002 bleue de Psych, mais elles ont quand même moins de gueule qu’une voiture de collection vintage.
Côté musique, on ne peut pas dire que la bande originale (la musique composée spécialement pour la série) soit vraiment marquante. Hormis le thème mélancolique soulignant les grands moments dramatiques des Winchester, rien ne sort du lot. En revanche, la liste des chansons utilisées dans la série reste impressionnante, et ce à plus d’un titre.
Cette série peut en effet se targuer de posséder l’une des plus impressionnante collection de chansons rock de l’histoire de la TV.
Le radio-cassete de l’Impala et les goûts de Dean sont les premiers prétextes à balancer du rock, mais ça devient vite un des marqueurs important, et au fil de temps, on en vient presque à attendre de (re)découvrir quels morceaux ont été utilisés pour l’épisode qu’on regarde.
Si ils utilisent surtout du rock classique et du hard rock, ils ne s’y cantonnent pas, et on peut également y trouver du metal de l’experimental, du blues, un peu de country...
Quant aux artistes, que dire sinon qu’ils ont rassemblé du beau monde. Certains très connus, d’autres beaucoup moins, mais ça donne un sacré répertoire : Kansas, AC/DC, Bon Jovi, Bad Company, Blue Öyster Cult, Van Halen, Led Zepplin, Creedence Clearwater Revival, The Doors, Jimi Hendrix, The Who, Cream, Lynyrd Skynyrd, Iggy Pop, The Rolling Stones, Asia, Deep Purple, Iron Butterfly, Jefferson Airplane, Def Leppard, Styx, Journey, Poison, Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Bob Dylan, The Kinks, Ozzy Osbourne, The Beach Boys, Alice in Chains, Scorpions, Whitesnake, Pink Floyd, David Bowie, KISS, Dire Straits, Metallica, Quiet Riot, Black Sabbath, Aerosmith, Jethro Tull, Blondie, Halestorm, Warren Zevon, Motörhead, Foreigner, Rush, Mötley Crüe, Guns N’ Roses, Bachman-Turner Overdrive, The Band, Willie Nelson, Steppenwolf, Messer Chups, Bob Seger, etc, etc...
Comme on dit, il y a à boire et à manger, mais au moins ça a le mérite de changer de toutes ces séries qui ne jurent que par des morceaux à la mode, et qui usent et abusent de la pop, du rap (et autres déclinaisons dites ‘urbaines’) et de l’électro.
Tout autant que l’Impala, la musique rock est indissociable de la série. La chanson Carry On Wayward Son de Kansas deviendra même une sorte d’hymne pour les fans. En effet, de la saison 2 à la saison 14 incluse, c’est sur ce morceau que démarre chaque épisode final ; pendant un montage bien rythmé qui résume la saison et remontre quelques morceaux choisis.
Ce n’est pas le cas de la première saison, où Carry On Wayward Son ouvre l’avant dernier épisode, et où le morceau joué durant le montage du dernier est Fight the Good Fight de Triumph.
Et ce n’est pas le cas non plus avec la dernière saison.
The End
La saison 15 déçoit. Dans les grandes lignes, elle a tout d’une saison classique de la série, mais pour une dernière saison, c’est clairement moins marquant que ce que peuvent nous offrir les grandes séries en guise de bouquet final. Après le final épique de la saison 14 (l’invasion de fantômes/zombies sur God Was Never On Your Side de Motörhead) annonçant la fin de tout, on était en droit de s’attendre à quelque chose d’un peu grandiose ; mais non...
D’un côté, on pourra toujours se consoler un minimum en se disant qu’au moins la série reste fidèle à elle-même. Et on pourra relativiser en se disant que si les derniers épisodes ne sont pas ce qu’ils auraient dû être, c’est en partie à cause de la pandémie qui a frappé. Du coup moins de gens étaient disponibles, beaucoup de guest n’ont pas pu se déplacer pour les tournages, et au moins ils ont essayer de glisser un max de clins d’œil et de références aux saisons passées.
En revanche, difficile de pardonner ce final en demi teinte.
L’épisode 19 aurait suffit à clore la série. On a une vraie fin, ça reste ouvert en cas de suite ou de revival, on a un petit montage montrant les personnages plus ou moins importants croisés pendant ces 15 saisons, un morceau de rock sympa, la route, et l’Impala.
L’épisode 20 est absolument inutile...
Sorte d’épilogue un peu foireux, censé boucler la boucle en faisant revenir un petit vampire oublié de tous, croisé dans l’épisode 20 de la toute première saison (sûrement histoire d’être sûr qu’on voit bien le parallèle). Tout ça n’étant qu’un vague prétexte pour nous montrer les fins (toutes aussi foireuses) des deux frères, et nous offrir une sorte de happy end (là aussi foireux) où tout le monde se retrouve finalement heureux au Paradis...
Là encore la pandémie fait mal, vu qu’en guise de tout le monde on a juste Bobby qui nous explique que tout le monde est là... Sans être là... Donc en gros tout le monde s’en fout... Sauf Dean, qui attend sagement son frère...
Je l’ai peut-être déjà dit, mais c’est quand même bien foireux.
Bien sûr, les adieux de Dean sont un peu touchants, et puis il avait toujours dit que ça devait se finir comme ça, au cours d’une petite chasse banale, mais après tout ce temps et tous les moments épiques, ça fait quand même très plat.
Et puis histoire de bien foirer jusqu’au bout, ils ont aussi mis fin à la tradition du Carry On Wayward Son qui a ouvert le final de chaque saison depuis la seconde. Ici ils nous l’ont collé au bout de 34 minutes, dans l’auto-radio de l’Impala. Un moment gâché quelques minutes plus tard avec la reprise de cette chanson par Neoni ; quitte à foirer, autant le faire à fond...
Malgré cette ultime saison qui ne lui fait pas honneur, Supernatural est excellente série ‘moyenne’, et j’ai beaucoup aimé passer ces quelques temps avec ses personnages.
Dean, toujours prêt à se sacrifier, pour sa famille, pour sauver le monde, ou simplement un innocent. Qui ne dit jamais non à une bonne part de tarte, un burger, un verre, un porno ou une jolie fille. Et qui, même s’il évolue durant la série, reste un personnage entier du début à la fin. Qui plus est, magnifiquement campé par Jensen Ackles, qui sait en faire des tonnes quand il faut (je lui dois mes plus gros fou rires devant la série), et qui se montre capable de bien plus de profondeur que je ne l’aurais cru.
Sam, l’éternel petit frère, l’intello de la bande, mais aussi celui qui prend régulièrement les pires décisions. Même si je le trouve souvent agaçant, sans lui il n’y aurait pas d’intrigue, et il faut bien avouer qu’il a sa part de bons moments.
Castiel, le loser magnifique, l’ange régulièrement en décalage, et certainement un des personnages les plus intéressant à voir évoluer au fil des saisons.
Crowley, le démon qui voulu être roi, le méchant qu’on adore détester, à qui on s’attache malgré ses sales coups, et sans qui la série n’aurait pas été la même...
Je ne vais pas faire la liste complète des personnages qui m’ont marqué, ce serait peut-être un peu long, mais ce que je retiendrais surtout, c’est justement qu’ils m’ont marqué.
Supernatural ne figurera jamais dans mon Top 10. Je pourrais vous faire une liste de ses défauts longue comme un contrat de Crowley, mais elle est loin d’être mauvaise pour autant.
C’était certainement la dernière héritière des séries des 90’s, qui ne se prenaient pas la tête, qui cherchaient juste à divertir le spectateur, qui aurait eu sa place dans La Trilogie du Samedi.
Alors qu’une excellente série peine aujourd’hui à dépasser les 5 saisons, celle-ci en aura eu 15. C’est quand même énorme. Il y a de quoi être perplexe, non ? Eh bien maintenant que j’ai vu l’intégrale de la série, je crois que je comprends pourquoi. Et vous ?