Grand amateur de séries que je suis, j'avais déjà entendu parler à de multiples reprises de cette série peu connue du grand public mais acclamée par la critique. Le niveau de confiance que j'accorde à la critique journalistique étant identique à celui que j'accorde au prince du Watanga qui vient de m'envoyer un mail, je suis passé à côté pendant longtemps.
Et puis, aimant me faire mon propre avis sur une série, j'ai fini par commencer la saison un de la série. Je ne le cache pas, je me suis fait un peu chier. Dans sa première saison, la musique est seulement diégétique, la réalisation est lente, l'action est peu présente, seuls les dialogues font la série. Les personnages sont alors peu développés, et donc peu attachants. La série semble alors construite comme un documentaire : elle est totalement ancrée dans la réalité, peut-être un peu trop.
Mais je ne m'arrête pas là, je ne considère m'être fait un avis sur une série non pas après quelques épisodes, mais après au moins une saison. Et justement, à la mi-saison, un évènement se produit qui va radicalement changer mon avis :
Kima se prend une balle.
Les personnages deviennent un petit peu plus définis, moins lisses, plus attachants, plus humains. En même temps, on n'a plus l'impression de regarder un documentaire sans saveur.
Les saisons de The Wire ayant chacune un début, un milieu et une fin, je les ai regardé indépendamment, faisant parfois une pause de quelques mois entre elles. La saison 2 étant probablement la plus molle de la série, cela n'a pas aidé.
Il faut en effet patienter jusqu'à la saison 3 pour que The Wire assume totalement un concept : chaque saison, non seulement elle va se concentrer sur un point de vue différent de la ville de Baltimore, mais surtout émettre une idée assez originale de la part d'un des personnages, et voir jusqu'où elle peut aller.
Dans la troisième saison, c'est la création d'Amsterdam. Dans la quatrième, la création d'une classe spéciale pour les élèves risquant devenir dealers. Et dans la cinquième, ma préférée, créer un crime de toutes pièces.
La série fonctionne, non seulement grâce à ce concept, mais également, et surtout, grâce à ses personnages (McNulty, Omar, Stringer Bell, Snoop, Bubbles...), qui gagnent en profondeur de saison en saison, et qui sont obligés de faire des choix sous nos yeux, en nous rappelant qu'aucun d'entre eux n'est tout blanc ou tout noir. Cela forme un univers intelligent, non-manichéen, dénonçant les rouages du système sur un plan tout aussi bien politique qu'humain, le tout en étant extrêmement plaisant à regarder. Il faudra toutefois s'accrocher et regarder la série en entier pour découvrir tout ce qu'elle a à offrir.