N'y allons pas par quatre chemins : cette série est sans doute la meilleure jamais réalisée. Voilà pour le 10. Maintenant attelons-nous à essayer d'étayer quelque peu cette critique.
Si les traducteurs ont préférés mettre l'accent sur l'aspect "policier" de la série, Sur Ecoute ne peut clairement pas y être réduit. Le titre originel étant The Wire, il aurait été préférable de lui substituer un titre comme celui de ma critique tant l'idée de fil y a son importance (je vais vous faciliter la tâche et mettre en majuscule tout les jeux de mots qui suivent) :
Elle ne peut pas être réduite à une simple série policière mais si elle devait l'être, elle serait sans comparaison. The Wire nous invite à suivre les déboires d'une brigade montée de toute pièce pour les besoins de la ville de Baltimore. Sa spécialité ? La mise sur écoute. Planques, indics, micros, ordinateurs, caméras, infiltrations, filatures, tout ce qui est controversé leur est permis pour écouter le COUP DE FIL qui leur permettra de faire le ménage dans les rues d'une ville gangrénée par la drogue.
Nous suivons donc le FIL DES EVENEMENTS qui viennent secouer autant les sans-abris que les hautes sphères de la politique en passant par les enquêteurs qui sont le lien entre ces deux classes que tout séparent. Tout, sauf l'argent. L'argent, FIL CONDUCTEUR d'une série qui en regorge, vient éclabousser ceux qui s'en réclament possesseurs. Argent sale des ghettos, argent blanchi par l'appareil juridique, argent détourné ou argent volé, tous ceux qui y touchent se voient suspectés d'agir dans un complot globalisé à l'échelle nationale.
Non manichéenne, cette série vous offre à voir la vie Américaine sans fard. Alternant entre flics et voyous, le spectateur aura bien du mal a prendre parti, si bien qu'il sera amené à remettre en question ses croyances et ses convictions. Le seul FIL ROUGE tangible et immuable qui reste debout jusqu'à la fin étant la scène où se déroule cette tragédie Antique : la bien nommée Baltimore.
La morale est semblable au FIL DU FUNAMBULE : il est la seule chose qui lui permette de ne pas s'abîmer. Cela n'aura jamais été aussi vrai dans une série. Aucuns protagonistes ne peut se vanter d'avoir un rôle clean, sans côté sombre et inversement, aucun ne peut s'enorgueillir d'être parfaitement malfaisant. Ceux qui luttent pour le bien voient leur morale flancher à un moment ou à un autre, et les faiblesses viennent attendrir les plus durs. C'est sans doute ce qui fait qu'on s'attache à un gangster et qu'on abhorre un homme politique (Oui Clay Davis, c'est bien de toi que je parle). Notre intégrité NE TIENS alors QU'A UN FIL.
Mais cette série ne s'arrête pas là. Au FIL DES AGES (je pense à la saison 4), les auteurs épingles également les problèmes qui ronge les bases de la société en mettant en avant la jeunesse broyée par un système qui ne les épargnent pas et où les adultes sont absents. On fait face alors à un système cyclique, un cercle infernal où bons et méchants se pourchassent sans fin et où le mal et le bien s'équilibrent pour donner naissance à la terrible injustice de la "sélection naturelle".
Cette série donnera du FIL A RETORDRE à celui qui s'attend à moment paisible sans prise de tête. Elle est diablement exigeante tant les intrigues et les personnages se multiplient au cours des saisons et il ne serait alors pas impossible d'en PERDRE LE FIL...
Ajoutez à cela des acteurs géniaux, une réalisation impeccable, une image parfaite, une bande son bandante, des dialogues qui s'autorisent l'auto référence avec brio, un scénario dingue et une critique de fond inégalable et vous obtiendrez la meilleure série de tout les temps. Jamais une série télévisée n'aurait été si réaliste et déstabilisante au quotidien. Vous ne verrez plus les choses sous le même angle désormais.
All is connected
Et le plus important : EN AVRIL NE TE DECOUVRE PAS D'UN FIL.