Sur écoute par klauskinski

Au tournant des années 90-2000, la télé américaine a connu une sorte d'âge d'or, notamment grâce à l'inventivité de la chaîne câblée HBO. Après les succès Sex and the city, Soprano ou autre Oz, le dernier joyau proposé par la chaîne s'appelle The wire (Sur écoute). La vaste enquête policière pour faire tomber un réseau de trafic de drogue au sein d'une cité de Baltimore va bien au-delà de la simple intrigue policière, et David Simon, le créateur, va explorer toutes les imbrications imaginables: politiques, sociales, personnelles. La démarche est ouvertement documentaire et n'ambitionne rien de moins que de dresser un portrait quasi exhaustif de la ville de Baltimore, de ses flics alcooliques à ses jeunes dealers, en passant par ses junkies et politiciens véreux. Bourrée de surprises, de petites histoires qui densifient constamment le récit, d'une lenteur sidérante (au sens propre du mot) qui fait de chaque soubresaut un évènement d'une puissance quasi mystique, plaçant systématiquement flics et dealers sur le même plan, s'appuyant sur une richesse incroyable dans l'écriture des personnages et sur le sens du détail, capable d'inventer une sorte de fraternité autour d'un match de basket de quartier, The wire reste à ce jour la série artistiquement la plus ambitieuse jamais réalisée, un véritable chef d'œuvre.