J'ai mis du temps à regarder The Wire. Ce n'est pas qu'elle ne m’intéressait pas, au contraire ! Mais le côté "Meilleure série au monde que si tu ne la regardes, tu mérites d'être pendu au dessus d'une fausse remplie sérivores armés de sarbacanes." me faisait peur. Le fan est une créature effrayante, adorable, mais terrifiante.
Quoiqu'il en soit, il y'a peu, et motivé par les nombreuses comparaisons avec les événements aux USA, je me suis décidé. Je ne suis pas vraiment du genre à faire un marathon mais j'ai dévoré les cinq saisons à la suite et j'en ai adoré chaque petit morceau, du début à la fin, frôlant la crise de foie, lâchant un rot de bonheur après le dernier épisode.
Du coup, meilleure série de tous les temps ? Meh. A voir. Disons que comparativement aux vingt-milles séries policières de CBS, The Wire a quelque chose de rafraîchissant au possible, occultant même son aspect "série policière". Pourtant, à n'en pas douter, The Wire en est une ! Mais pas tant dans le sens d'une série sur la police que sur l'univers de la police au sens très large.
Le temps de parole est donné tant à la police qu'aux camés, aux dealers, aux politiciens ou même à l'éducation, facteur important dans la construction de ceux de la rue. Et c'est là que The Wire est précieux, quelque chose de très simple, d'évident même mais qui manque souvent à des séries se voulant pourtant assez réalistes : Les gens sont des humains.
Cette série ne propose pas une logique de réelle opposition manichéenne, et c'est rafraîchissant. Tout prend place dans un milieu social défini, on ne critique pas ici les toxico' ou les revendeurs, on les montre, mais on ne les juge que très peu, ce qui est montré du doigt, c'est le système qui va créer des malheurs. C'est d'ailleurs à ce titre que les saisons 2 et 4 sont mes préférées.
C'est bien écrit, les personnages sont attachants ( Aimez Omar. ), parfois très osé dans le choix des personnages et très intelligent dans sa critique. Mais... Deux détails m'ont chiffonné, des problèmes très récurrents dans toutes les séries en réalité mais qui gène plus dans une série qui met le sociétal en avant avec tellement de justesse et de bienveillance. Le premier serait le traitement des personnages féminins.
Il n'est pas dramatique comme de nombreuses autres œuvres de ce type, mais l'écriture est tout de même un poil sexiste, je trouve. Pas seulement car les milieux en question le sont eux même, mais les femmes, même haut placé, même avec un tempérament de fer, elles ne sont que très rarement des personnages clés comme le seront à un moment ou un autre, les autres protagonistes.
J'ai la conviction que The Wire aurait pu s'attaquer au sexisme en général, plus qu'à l'injonction à la virilité et bien s'en sortir. C'est mon premier regret.
Le second, c'est celui du rôle principal. Jimmy est un bon personnage, un excellent personnage, mais pourquoi le choisir comme personnage principal ? Il n'est qu'un énième flic blanc middle classe avec des problèmes de couple, de famille et d'alcool. Bien-sûr, il est intéressant à suivre et est plaisant, mais un premier rôle un peu plus original m'aurait tellement plu !
The Wire, c'est génial. Si vous cherchez une série qui casse la gueule au rêve américain et critique de façon très rude la société tout en mettant en avant de façon que je trouve juste comment elle se construit, avec des personnages au charisme omniprésent, regardez The Wire.