En bon amateur de faits divers, et fan de "Faites entrer l'accusé", je m'étais réjoui au départ de l'explosion du phénomène true crime, objet de nombreuses séries documentaires ces dernières années, consacrées à des affaires plus ou moins célèbres à travers le monde.
J'avais ainsi dévoré des titres tels que "The Jinx", "The Staircase", "The Ted Bundy Tapes", ou encore le must absolu du genre : "OJ : Made in America".
Cependant, une certaine lassitude est rapidement survenue, à mesure que le phénomène s'intensifiait : pour preuve, je ne suis pas parvenu à finir "The Keepers", et même l'acclamé "Making a Murderer" m'a semblé bien longuet.
Je n'avais donc plus regardé de série true crime depuis longtemps lorsque j'ai lancé "The Ripper" ; c'est sans doute l'une des raisons de mon enthousiasme devant ce documentaire Netflix consacré à l'éventreur du Yorkshire, une affaire fascinante en elle-même.
Il s'agit de l'enquête sur l'un des pires tueurs en série britanniques, auteur d'au moins 13 meurtres de femmes (plus 7 tentatives) dans la seconde moitié des années 70.
Outre le nombre de victimes et le caractère particulièrement barbare des agressions, cette affaire comporte plusieurs dimensions qui la rendent uniques, et viennent enrichir le documentaire.
D'abord, il s'agit d'un véritable fiasco pour la police du Yorkshire, puisque le coupable fut interrogé une dizaine de fois sans être véritablement inquiété!
L'occasion d'ouvrir un volet social consacré au féminisme durant cette période, dénonçant les préjugés de la police locale, presque exclusivement composé d'hommes.
D'autre part, parmi les rebondissements qui jalonnent ces 4 épisodes, je vous laisse découvrir l'incroyable canular qui va longtemps induire en erreur les enquêteurs.
Enfin, la valeur ajoutée de "The Ripper" réside à mes yeux dans sa capacité à restituer (par le biais des images d'archives) l'atmosphère grisâtre de l'Angleterre urbaine des années 70, dans ce West Yorkshire en pleine récession, victime de la fin de l'ère industrielle.
En revanche, on pourra regretter que la série se contente du minimum sur le portrait de l'accusé, et sur le rôle ambigu de son épouse qui choisira de le soutenir durant son procès.
On pourra aussi déplorer un léger ventre mou au cours des deux épisodes centraux, mais "The Ripper" reste globalement rythmé et captivant, sans tomber dans le remplissage comme certains de ses concurrents.