Sweet/Vicious pour vous contextualiser, est une série MTV. Vous savez, la chaine qui a produit Teen Wolf, Awkward ou encore Faking It. Des séries pour ado, qui a leur départ proposaient suffisamment d’autodérision pour s’y intéresser mais dont la qualité n’a malheureusement fait que baisser. Ici MTV propose avec Sweet/Vicious, une série, certes qui se déroule à l’université, beaucoup plus forte dans sa thématique que les séries précédemment citées, mais aussi d’une remarquable (compte tenu de la chaine) qualité tout au long de la saison.
Sweet/Vicious met en avant deux filles qui décident de devenir justicière sur le campus pour venger des viols qui n’ont pas été traité par les autorités de l’université. Leurs victimes sont donc des violeurs. Ainsi dans la première partie de la saison, Ophélia et Jules jouent les vigilantes, elles traquent les violeurs, les agressent violemment en leur expliquant la raison de cette humiliation. Ils n’iront bien évidemment jamais crier aux autorités la vérité sur la raison de leur agression. Cette partie est introductive et montre à quel point la non-réponse à ces femmes victimes de viols peut alimenter la rage de ces femmes, d’autant plus que l’une d’elle, Jules, en est aussi passée par là.
La seconde partie de la saison renforce d’autant plus son propos en évoquant à la fois les conséquences de la mission que ce sont données les deux filles, dans leur vie, dans leur rage et dans l’illégalité de leurs actes, mais aussi les conséquences du viol pour les victimes. Ainsi, c’est par le prisme de Jules, du chemin parcouru, entre l’avant et l’après, que l’on peut voir à quel point les dommages sont importants et d’autant plus quand le crime ne trouve pas justice.
Sweet/Vicious a pour moi démontrée que c’est une bonne série sur deux points. Le premier point c’est le traitement de la violence par ces deux filles, qui n’est jamais minimisé. Les scènes de confrontation avec des violeurs sont souvent violentes, ce qui peut bien évidemment s’expliquer, mais en contre point d’autres personnages de la série sont là pour questionner, voir même condamner ce type de procédé. Le second point c’est le traitement des autres personnages, qui servent à nuancer un message qui aurait pu être très manichéen, ou toutes les femmes sont des victimes et tous les hommes sont des violeurs. Ici de nombreux hommes de la série sont des personnes fiables, qui n’hésitent pas à dénoncer ce type de situation. La culture du viol est aussi traité dans la position parfois ambigüe des autorités qui, en cherchant la vérité de ces actes, finissent par amener le doute que les victimes étaient peut-être consentante et ce discours peut-être véhiculé par des femmes. Par ailleurs la place accordée au déni ou à la non-reconnaissance de la parole de l’autre, par une partie de la population est aussi traité en fond. Le rapport à ce sujet n’est donc pas montré dans cette série comme quelque chose de tout noir ou tout blanc, il y a une complexité dans la question de la culture du viol, mais quoi qu’il arrive, il y a dénonciation de la part de Sweet/Vicious.
Je vous rassure par ailleurs, en vous disant que comme dans tout œuvre un peu engagé, elle ne peut être réussie que si le dosage entre émotion et divertissement est bien mené. Ici le duo Jules/Ophélia, dont la complémentarité est détonante, permet de passer de grand moment de rire et d’émotion. En cela, le duo sur Wicked improvisé dans la voiture lors du pilot est indéniablement la marque que Sweet/Vicious ça fonctionne.
Sweet/Vicious c’est une bouffé d’air frais dans le milieu des séries, tant il est possible de porter un vrai message dénonciateur et militantiste, tout en sachant alterner avec de grand moment d’humour et de fun.