Bien souvent, trop souvent, la notion de "feel good" movie (ici une "feel good" série...) renvoie à un peu d'eau de rose, une pincée de niaiserie et beaucoup de bons sentiments. Rien de bien grave finalement, si ce n'est que, allez savoir pourquoi, les bons sentiments n'ont plus la cote et sont au mieux moqués, au pire méprisés.
Ted Lasso est un petit miracle et, sur un pitch de départ qui parait anecdotique, il parvient à rappeler à l'humain ce qui devrait le différencier de l'animal...les émotions. On ne voit pourtant rien venir, absolument rien, puisque l'histoire d'un coach de foot américain prenant les rênes d'une équipe britannique de soccer, laisse penser que c'est là le ressort sur lequel va rebondir la série de saison en saison.
Il y a de ça c'est vrai, au début du moins. Car on se rend compte rapidement que Ted Lasso va sauver l'équipe de Richmond, moins par ses qualités de technicien, que par ses qualités humaines: de l'humour, de la psychologie, du dévouement et une bonté désarmante. Les épisodes défilent et l'affection ressentie se mue peu à peu en un amour, qui provoque un véritable besoin. Chaque fin de saison laisse un manque, celui de l'histoire, des personnages et du bien-être incroyable que provoque chaque épisode.
On oublie même qu'il y a, derrière ces personnages, des acteurs véritables et qui méritent leurs nominations et awards remportés. Jason Sudeikis, drôle à pleurer qui émeut aux larmes lorsque son personnage dévoile ses premières failles sentimentales. Hannah Waddingham, d'une classe et d'une élégance irréelles, capable de passer d'un claquement de doigts, de la redoutable femme d'affaires à la bonne copine. Juno Temple...impossible d'être objectif, trop craquante. Brett Goldstein, un rock d'un stoïcisme impressionnant et pourtant hilarant dans son art du gros mot. Tous les autres mériteraient leur mot, leur anecdote.
Ted Lasso est devenue une nécessité, qui s'arrêtera un jour, malheureusement. Il semble que son succès inattendu à pousser l'équipe de production à jouer les prolongations, espérons que la qualité ne s'en ressentira pas. Mais rester encore un peu, comme dans ces moments de la vie dont on voudrait qu'ils ne s'arrêtent jamais, prolongera cet état de grâce que peu de séries de ce genre ont réussi à créer. Ted Lasso, c'est la plus sincère humanité devenue madeleine de Proust.