We are family et plus si affinités
Cette série est bourrée d’anachronismes et de raccourcis historiques assez importants, de quoi faire hurler les historiens au sujet de la Renaissance romaine. On n’a que trop débattu sur ces points, ce sont des vérités incontestables. Les Américains ont assez extrapolé sur certains événements, d’autres sont une pure invention et sont historiquement assez aberrants, c’est vrai. Je ne vais pas me pencher sur ces aspects.
Famille à la réputation sulfureuse, aucun des membres n’échappe à son lot de ragots, de péchés et de blasphèmes. Rodrigo, Cesare, Juan, Lucrezia. On compare souvent cette version Showtime de l’histoire des Borgia à la série Canal+ sur le même sujet, vantant les mérites de la seconde et reprochant à l’américaine son côté trop glamour. Personnellement, je suis en plein visionnage de la série Canal+, et j’accroche beaucoup moins.
Cependant je ne compte pas axer ma critique sur une comparaison entre les deux séries. Ma note peut sembler démesurément élevée, donc je vais essayer de la justifier. D’abord, Jeremy Irons. Pour son interprétation magistrale d’Alexandre VI, sa façon d’incarner le personnage qui est humainement et moralement détestable mais cependant diablement (c’est le cas de le dire) intelligent et charismatique.
L’histoire des Borgia, on la connaît. C’est pour cette raison que j’ai préféré envisager la série pour ce qu’elle est, un pur divertissement à l’américaine, bourrée de trahisons, de complots, de sexe, de spectacle.
Au niveau reconstitution visuelle, c’est beau, les costumes sont impressionnants, les appartements aussi, il n’y a rien à redire à ce niveau-là. Je n’ai pas eu la moindre difficulté à entrer dans la série, peut-être parce qu’elle se lance dès le début au cœur des complots avec la mort d’Innocent VIII.
Chez les personnages, on découvre peu à peu l’importance que va prendre Cesare dans les affaires de son père, son intelligence pour l’espionnage et ses conflits de vocation qui le poussent sans cesse vers une image de cardinal impie notoire (quoiqu’au fond, la plupart des cardinaux n’aient des valeurs morales très contraignantes, pour faire dans l’euphémisme). J’ai aussi eu un coup de cœur pour le personnage de Micheletto, qui pendant les deux premières saisons reste assez difficile à cerner réellement, agissant dans l’ombre, artiste du meurtre, mais qu’on découvre de plus en plus dans la dernière saison jusqu’à -attention super spoil- sa chute.
En fait, pour résumer, les personnages évoluent de façon intéressante, c’est assez visible avec Lucrezia qui passe de gamine effrayée et capricieuse à une empoisonneuse manipulatrice –aah, j’aime beaucoup cette fille en fait- et Cesare. Grosse faiblesse dans le scénario en revanche, le fait le petit Joffre et Sancha soient complètement éclipsés de façon très rapide alors qu’on aurait pu développer également le personnage de cet autre fils Borgia.
J’ai véritablement eu un coup de cœur pour cette série mais j’approuve néanmoins la décision de la chaîne américaine qui souhaite s’arrêter à la fin de la saison 3 terminée cette année, ce serait dommage de rajouter le défaut de la saison de trop à une série qui en a déjà suffisamment.