Classique. .
C'est un peu énervant cette propension des gens à 'kiffer' des films ou séries dès que cela apparaît un tantinet trash ou subversif ... Dès qu'on enlève la forme la série est quand même très moyenne...
le 29 juil. 2019
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Amazon se lance dans le milieu du streaming en 2016 pour concurrencer Netflix et sort les gros moyens en 2019 pour attirer du public. Avant de balancer LA bombe nucléaire nommée Le Seigneur des Anneaux, Amazon compte sur l'adaptation en série d'un comic, ce qui attire pas mal de monde en général, pour ramener du monde, faire parler d'eux et faire du flouze ça vous le savez bien je pense. Là où tout devient très intéressant pour moi, c'est le choix du comic adapté et la direction prise par la série. Ce n'est plus un secret, je suis super fan des films/séries de super héros et quand on me propose d'en découvrir de nouveaux et qu'en plus, c'est différent de ce qu'on a l'habitude de voir, ça m'intéresse fortement. Ce qui est sûr avant de voir la série, c'est qu'Amazon a réussi à créer l'événement, The Boys est devenu le plus gros succès de la plateforme, Sens Critique a l'air d'avoir validé la série (7,7 de moyenne c'est pas rien) et l'arrivée de la saison 2 avec une diffusion hebdomadaire a créé l'attente des fans, les a fait parler en théorisant sur l'épisode de la semaine d'après, #TheBoys en tendance Twitter chaque vendredi... Bref Amazon s'est bien installé avec cette série, on est loin d'un succès tel que La Casa de Papel, c'est normal la série n'est pas adaptée à tout type de public, mais pas mal de chemin a été fait. Bon c'est bien beau tout ça mais ici c'est ma critique et l'intérêt principal c'est mon avis sur la série: qu'ai-je pensé de cette œuvre ? Et sans surprise, j'ai bien kiffé, chaque épisode était un plaisir à regarder, à aucun moment je me suis ennuyé, 8 à tous les épisodes donc oui je pense qu'on peut facilement conclure que j'ai aimé.
Comme je l'ai dit, la série se démarque des œuvres de super-héros qu'on a l'habitude de voir, violence, vulgarité, sexe, certains épisodes sont interdits aux -18 ans. Bon en vérité, c'est la recette Deadpool mais ça reste rare de voir ça. Et tout ça amène à des situations drôles, une est particulièrement délirante, ce qu'on voit à l'écran est tellement trash, abusé que ça fait rire, à la manière d'un Kill Bill ou d'un Deadpool (je ne citerai aucune scène pour ne pas spoiler ces deux films). J'aime aussi comment la série tourne des pouvoirs connus de manière... sexuelle et parodique, je pense à l'homme élastique ou l'homme fourmi, après il est vrai que ce sont de simples "caméos", il n'y a pas de scène qui tourne autour de ça. Les scènes de maltraitance animale sont également très drôles, et oui le bateau qui transperce la baleine dans l'épisode 4 de la saison 2 est pour moi la scène la plus drôle, la plus n'importe quoi, la plus débile aussi, mais quel délire. Les dialogues sont très bons, je n'en ai noté aucun mais certaines répliques arrivent à faire décrocher un sourire.
La série a du budget et ça se ressent, les effets spéciaux sont beaux, le sang (démembrement, têtes qui explosent), les pouvoirs des super-héros (rayons lasers, électriques, métamorphose) , beaucoup aimé le combat contre Translucide, je trouve qu'on ressent assez l'impact des coups pour croire qu'il est à l'écran. Malheureusement les scènes de combat sont pas folles, c'est pas super bien filmé, beaucoup de cuts, pas toujours très lisible mais le combat final de la saison 2 est quand même très cool et le final de la première saison évite le grand combat final donc on peut difficilement être déçu par lui. J'aime bien la photographie, je ne saurais la décrire, mais je trouve que la série a une identité, des couleurs chaudes (là où dans Deadpool, pour continuer la comparaison, c'est assez gris)... Bon voilà je ne maîtrise pas beaucoup ce sujet mais j'aime bien. Les costumes je les aime bien aussi, aucun de marquant ni d'exceptionnel mais ils sont sympas.
Parlons tout de suite des acteurs, ils sont tous excellents. Karl Urban est très charismatique, son rôle de personnage badass lui va à merveille, il a la classe quoi. Jack Quaid n'a pas un charisme de fou, mais est très bien dans son rôle de personnage sympathique, qui essaie tant bien que mal de survivre et de trouver sa place. Erin Moriarty...aïe aïe aïe petit coup de cœur, elle est très mignonne et oui bien sûr elle est très bonne, j'espère la voir dans d'autres rôles parce que le potentiel est présent, à voir comment elle se débrouille dans un registre plus sérieux. Celui qui a fait le plus parler, et à raison, c'est Anthony Starr qui est tout simplement énorme, ses expressions faciales effrayantes, son grand sourire d'hypocrite lui donnent un côté réellement terrifiant et menaçant, bref une grande performance qui colle parfaitement au personnage. Bon je ne vais pas m'attarder sur tous les acteurs parce que j'ai la même chose à dire pour tous: ils sont très bons...c'est juste dommage de ne pas avoir pris un acteur qui sait vraiment parler français pour jouer le Français.
La série commence par suivre le petit Hughie et on va souvent voir les événements à travers ses yeux. Hughie est un personnage sympathique, qui n'a aucun pouvoir ou compétence particulière, le même genre de personnage que Kick Ass. C'est bien sûr le personnage qui évolue le plus, d'abord rongé par le désir de vengeance suite au meurtre de sa copine par un super-héros, le premier évènement qui va le marquer est son assassinat de Translucide. Les remords feront surface mais son désir de vengeance prend plus de place, il avoue que tuer Translucide lui a fait plaisir. Il va au fil de la série gagner en assurance et s'imposer de plus en plus pour passer de spectateur victime à acteur principal de la révolte. À la fin de la saison 1, il s'estime même capable de se débrouiller sans Butcher et ose aller sauver les Boys capturés. Dans la saison 2, son envie de vengeance est rattrapée par son "bon sens" et il commence à craquer ainsi qu'à ne plus approuver les actions des Boys. Hughie a donc profité d'une belle évolution, c'est le personnage auquel on s'identifie (enfin je parle pour moi), je suis très curieux de voir ce qu'il va devenir dans la saison 3...et en plus son père c'est Simon Pegg.
Le cœur de la série pour moi au niveau des personnages est sans aucun doute la rivalité entre Butcher et Homelander, on peut même élargir à l'opposition entre les Boys et Vought. La série adopte un aspect non manichéen, il n'y a pas de réels super-héros ni de réels super vilains, soit on a des personnages qui sont les deux en même temps (Vought et les Sept) soit on a des anti héros type Deadpool ou Hit Girl (les Boys). En effet les Boys, censés représenter la figure héroïque, sont amenés à tuer des gens ou à faire d'autres choses illégales, Hughie lui-même les compare à des super vilains dans le dernier épisode de la saison 2. Et donc si Homelander et Butcher s'opposent autant, c'est parce qu'ils se ressemblent pas mal, l'un est la némésis de l'autre. Ils sont tous les deux reliés par Rebecca, la femme de Butcher qui a accouché de l'enfant d'Homelander. Ils ont tous les deux un objectif lié à cette personne, Butcher veut la venger et Homelander veut élever son enfant et ils sont prêts à tout pour l'atteindre, cet objectif est également ce qui constitue le point faible des deux. Autre petit point commun, leur place dans leur équipe a été remise en cause, pour Butcher ça s'est fait via l'opposition avec Hughie à la fin de la première saison et pour Homelander ça s'est fait avec l'arrivée de Stormfront. D'ailleurs pour confirmer cette théorie, Stella compare clairement Butcher à Homelander dans l'épisode 6 les jugeant de "gars qui roulent des mécaniques pour cacher un aspect sectaire et tyrannique", donc oui, les deux ont un comportement similaire, juste que l'un peut se permettre plus de choses à l'aide de ses pouvoirs. L'écriture de l'un est donc symétrique à celle de l'autre et elle constitue une rivalité vraiment intéressante à suivre, au point que je pense qu'il n'y aura pas de fin satisfaisante tant que l'un des deux ne mourra pas.
Le centre de la série est incontestablement Vought et tout ce que la série raconte sur les super-héros et leur situation aujourd'hui. Tout le monde le sait, le MCU rapporte des milliards, parfois avec un seul film et les films de super-héros en général sont souvent de gros succès au box-office, ils occupent une place importante dans la pop culture. Et la série n'hésite pas à les critiquer ou à y faire référence. Rien que le principe de la série (et des comics oui) détourne les super-héros en les faisant passer pour des immenses salopards et d'ailleurs je parle de super-héros mais comme je l'ai dit dans le paragraphe précédent, il n'y en a aucun. Vought est donc une entreprise qui utilise les super-héros pour se faire de l'argent et non pas pour sauver des vies, on y voit facilement un petit tacle à Disney et son MCU, même dans la composition de l'équipe: un leader, une femme, un qu'on voit peu, un qui a mauvaise réputation, un qui est stylé mais plus secondaire que le leader même s'il est vrai que de base les comics se moquent plus de DC que de Marvel. Et même les héros fabriqués en laboratoire peuvent être un parallèle avec le formatage des films de super-héros (qui ne me gêne pas mais qui est réel) tout comme Vought qui manipule la population peut être un parallèle avec le public de Marvel qui continue d'aller en salle malgré tout même si là je peux difficilement valider l'idée. Encore une idée que je valide pas beaucoup mais celle que Vought détruit mentalement les héros, même les plus purs comme Stella, ici ça pourrait être un parallèle et même une attaque assez violente envers Marvel qui détruirait les héros en faisant des films qui ne sont pas à la hauteur pour beaucoup.
Mais à côté de ça il y a des idées avec lesquelles je suis plus d'accord comme le fait d'intégrer des femmes dans les films de super-héros, Stormfront dit qu'on s'en fiche d'avoir un héros masculin ou féminin et c'est vrai, nous on demande juste de bons personnages. Et c'est la même avec les minorités (Eternals on te vise), quand Homelander éclate le sourd dans le premier épisode de la saison 2, ça peut vouloir dire qu'avoir un personnage faisant parti d'une minorité ne sert à rien si ce personnage est mauvais. On a aussi un questionnement sur le fait de reposer la sécurité d'un pays sur un être aussi puissant qu'Homelander, ça fait penser bien évidemment à Batman vs Superman. D'ailleurs un groupe d'indépendants qui se révoltent contre une grosse entreprise fait allusion à une certaine opposition entre cinéma indépendant et blockbusters, après sur cette idée la série reste assez neutre je trouve.
Bref, The Boys est une série qui m'a énormément convaincu pour son côté décalé, ses personnages, son univers (en même temps un univers super-héroïque a 98% de chances de me plaire), son esthétique et son fond assez travaillé. Malheureusement entre le moment où j'ai fini la série et le moment où j'ai écrit la critique, il s'est écoulé plusieurs mois donc la critique peut être incomplète mais je pense avoir abordé le plus important. J'adore les super-héros et ce n'est sûrement pas cette série qui va me faire changer d'avis, j'attends avec impatience la saison 3.
SAISON 3
Après un an et demi d'attente, Amazon diffuse la tant attendue troisième saison. La première remarque qui me vient en tête est que cet univers m'avait sacrément manqué. L'épisode qui ouvre cette nouvelle saison nous rappelle rapidement qu'on est bel et bien face à The Boys et son univers sans limites entre sexe et violence de plus en plus corsés. Quand on est habitués à Marvel Studios qui coupe ses films pour qu'ils soient plus familiaux, je peux vous garantir que chaque explosion de violence s'avère jouissive. Ce n'est de plus jamais gratuit et a tout le temps pour vocation d'accentuer le caractère des personnages, que ce soit l'anti-héroïsme de Butcher, la cruauté du Homelander ou la vengeance d'A-Train. Le cynisme est aussi un prétexte cette saison encore (et heureusement c'est ce qui fait l'ADN de la série) à une critique acerbe de beaucoup de choses. Les premières minutes nous gratifient d'une référence à Avengers : Endgame (« il n'est pas tout seul ») ainsi qu'à la Snyder Cut, au vu de tout ce qui a été fait d'ici là j'ai du mal à croire que ce soient des références innocentes. La série aborde également la question du soutien des causes par opportunisme via le personnage d'A-Train qui en supportant le mouvement Black Lives Matter ne cherche qu'à augmenter sa popularité.
Le parallèle entre le charismatique Butcher et l'effrayant Homelander se développe encore plus. Ils ne se sont jamais autant rapprochés que dans cette saison : dans le premier épisode lors d'une discussion autour d'une table, à Hérogasme où ils sont opposés dans le couloir, ils se ressemblent sans le vouloir et enfin à l'occasion de la bataille de l'épisode final durant laquelle ils sont montrés côte-à-côte dans le même plan, les yeux illuminés. C'est également la saison qui les fait péter un plomb en même temps, l'un en accédant à du Composé V l'autre avec le deuil de sa bien-aimée et l'envie d'être à la tête de Vought. Le danger est de plus en plus réel avec un Homelander sans pitié, toujours superbement incarné par un Anthony Starr impressionnant, dont chaque apparition est source d'une atmosphère particulière. Les Boys gagnent parallèlement en puissance mais aussi en tension alors que les actes de Butcher sont de plus en plus condamnables mais également plus nécessaires, là est toute la réflexion. Quand on voit son évolution qui consiste à être de plus en plus une version plus sage du Homelander (il a des pouvoirs, il a des aventures avec Maeve), on se demande vraiment comment il va finir.
Les autres ne sont pas en reste. Le petit Hughie est toujours le reflet du spectateur, on a autant de plaisir que lui à voir les Boys obtenir du Composé V. Sa relation avec Stella est une romance simple et efficace. Quant à elle, la voir totalement à bout au point de démissionner lui donne encore plus d'intérêt et ne fait que renforcer la menace que constitue Vought. Du côté de Marvin, on comprend encore plus ses motivations et j'ai bien aimé voir comment son désir de vengeance lui colle à la peau. Frenchie et sa Kimiko sont davantage développés, j'ai trouvé la séquence musicale plutôt maligne : utiliser le genre qui repose sur l'explosion des sentiments quand ceux-ci deviennent trop forts pour être exprimés normalement pour un personnage muet est intéressant. Ceci dit je n'arrive toujours pas à me dire que l'aspect gangster apporté par l'arc autour de la Petite Nina se prête vraiment à l'univers. Un univers qui gagne par ailleurs en richesse grâce à l'évocation des Payback. On se rend compte grâce à eux que les super-héros n'ont jamais été de vrais héros et ils permettent de mettre en lumière le personnage qui a trop longtemps été qu'une blague : Black Noir. Si on en parle c'est parce que leur chef devient central dans l'intrigue, Soldier Boy (calqué sur le cul de l'Amérique) s'impose comme une réussite en raison de son charisme, son caractère vengeur et surtout ce qu'il apporte au personnage du Homelander, les problèmes paternels sont à ajouter à la liste des ressemblances entre ce dernier et Butcher. J'ai cependant un souci avec le fait qu'on n'en ait pas entendu parler dans les saisons précédentes ou que Maeve ne dise que maintenant qu'il y a une arme qui peut détruire son bourreau.
Sur le plan visuel, la série n'a pas de mal à se placer au niveau de Disney+. Les effets spéciaux sont toujours aussi soignés et les combats se sont légèrement améliorés. Les séquences d'action sont toujours pas mal découpées mais proposent ce qu'il faut de dynamisme ainsi que de lisibilité, j'aime beaucoup la brutalité des affrontements avec Kimiko et on ressent vraiment l'impact des coups, ça m'a spécialement frappé lors du combat avec Ant-Man. Les fonds verts lors de la chute du dernier épisode sont très mauvais mais c'est clairement du chipotage tant ils sont visibles sur une petite partie de l'image et pour une courte durée.
La série phare d'Amazon Prime confirme son excellence avec une troisième saison de haute volée. Le rythme ne baisse jamais malgré deux épisodes (4 et 5) qui font plus office de transition. La densité de l'univers, des enjeux et des intrigues couplée à la palette de personnages géniaux font de cette série audacieuse une vraie valeur sûre. La référence à Old Boy nous fait fermer les yeux sur les quelques facilités scénaristiques (la clé USB à Red River ou l'Hérogasme qui a lieu comme par hasard quand tout le monde traque ceux qui organisent). Je vois déjà venir la fin en apothéose mais pour le moment j'attends la saison 4 qui devrait exploiter Ryan plus que celle-ci et le spin-off Gen V qui sera visiblement connecté à la série principale.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les séries que j'ai bouclées, Peut-être qu'en 2020 je vais voir plus de séries...ou pas, je fais cette liste au cas où quand même, Les séries en 2022, merci à Marvel de remplir encore cette liste, Top 10 Séries et 2024 The Boys et House of the Dragon au sommet
Créée
le 19 juil. 2022
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