Ceux qui connaissent le style de David Simon ne seront pas du tout depaysés par The Corner.
Un petit groupe de protagonistes filmé dans son milieu gravite "mine de rien" autour de la caméra.
En mode reportage, caméra à l'épaule.
Cette manie de suivre plusieurs personnages à la fois me fait penser à l'architecture scénaristique de G.R. Martin et son "Trone de Fer". J'aurai tant aimé qu'il soit au commande du portage TV de cette série ! mais Bref.
Ce que j'aime par dessus tout chez David Simon c'est son travail sur la psychologie des personnages, leur manière de se fondre dans le décor pour y prendre vie afin de (re)créer un microcosme local. Le tout avec une mise en scène et une scénarisation très efficace.
Or là j'ai été déçu.
Déja c'est beaucoup moins sombre que dans le bouquin dont est tiré cette série de 6 épisodes. Certains détails sont différents mais n'entachent en rien la trame principale de l'histoire.
Cependant :
J'y trouvé quelque chose de superficiel et de sur-joué par rapport à la version papier.
Les personnages et les dialogues prennent beaucoup trop de place et empiètent sur le lieu. Lieu qui se résume trop facilement à un décor vide et maladroit.
Au début j'ai mis la faute sur les acteurs... Mais c'etait trop facile. Donc j'ai cherché et j'ai pris conscience de quelque chose.
Cette façon de filmer, c'est faire de la réalité une fiction.
"Jouer" quelque chose qui ne devrait pas l'être. Or quand ce "jeu" est filmé de façon ultra réaliste, empruntant à certains codes du documentaire, c'est, quelque part, transgresser une certaine ethique de la representation cinématographique.
David Simon, journaliste d'origine, s'est tout simplement dit que c'était pas une mauvaise idée de mélanger le cinéma et le journalisme. Seulement, pour ce premier essai, il aurait fallu en rester au livre.
Et si le style de Simons était seulement un gimmick esthétique ? Et d'abord, peut-on vraiment dissocier "Style" et "Esthétisque" ?
Ouais mais en fait la question c'est plutôt : Qu'est ce que l'esthétique viens foutre dans un film sur la réalité du "corner" ? Rien.
En fait, j'aurai aimé une part d'images réelles pour pouvoir prendre du recul sur la scénarisation imposé et juger par moi même l'étendu du gouffre.
Je pense qu'il doit y avoir une parabole à faire avec le théâtre documentaire aussi mais je n'ai pas les connaissances nécessaires.
Enfin, mon avis sur tout ça est très certainement causé par mon attente par rapport au livre : l'ecxé de réalité que produit le processus filmique par exemple. Occulté.
J'ai suis donc resté, malgrès moi, ermétique face au déroulement de l'histoire et suis tombé dans la comparaison et l'analyse compulsive. De quoi bien foutre en l'air l'immersion !
Donc voilà, pour résumer je jugerai cette série comme un coup d'essai et une amorce au chef d'oeuvre The Wire.
A voir si on a pas lu le bouquin, sinon très dispensable.