Une critique écrite après avoir vu les 4 premiers épisodes.
Étant un gros fan de sci-fi, j’en mange à toutes les sauces, du bon (un peu) et du vraiment pas bon voir pas digeste du tout (beaucoup). Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par le pilote. Bon je ne sautais pas au plafond non plus (la gravité m’incite à choisir mes combats), mais cet épisode était plus prometteur que ce qui a pu se faire ces dernières années en TV depuis grosso modo Battlestar Galactica.
Je connaissais donc le livre sur lequel est basé la série et qui avait connu lors de sa sortir en anglais un succès critique largement mérité.
Le pitch de l'éditeur? L’humanité a colonisé le système solaire. Jim Holden est second sur un transport de glace qui effectue la navette entre les anneaux de Saturne et les stations installées dans la Ceinture d’Astéroïdes. Quand il croise la route du Scopuli, un appareil à l’abandon, il se retrouve en possession d’un secret bien encombrant. Un secret pour lequel certains sont prêts à tuer. De son côté, l’inspecteur Miller recherche une jeune femme. Quand l’enquête le mène au Scopuli et à Holden, Miller comprend que cette jeune femme est peut-être la réponse à tout. S’il ne découvre pas rapidement qui a abandonné ce vaisseau, et pourquoi, le conflit latent entre le gouvernement de la Terre et les Rebelles risque de se réveiller.
Avec The Expanse, il ne faut pas s'attendre à ce que la série brille par son originalité. L’orientation ''réaliste'' la place dans une logique d'exploitation d'hypothèses sci-fi déjà explorées par une « fouletitude » d'auteurs du genre. Un peu des truckers de l'espace version Alien (un choix surtout anti Star Trek et anti 2001 qui proposent une conquête spatiale aseptisée), un peu BG avec une planète Mars militariste et mystérieux destroyer agressif à souhait, un équipage coloré regroupé autour d’un leader malgré lui qui évoque à la fois un peu de BG et un peu de Firefly, un peu de géopolitique version B5 ou plus encore Mass Effect (l’esthétique de la série doit d’ailleurs beaucoup à ce jeu) et même Game of Thrones, un enquêteur blasé version Deckard dans Blade Runner mais avec un chapeau et dans une station spatiale version Sean Connery dans Outland ou encore Garibaldi dans B5, mais sans l’uniforme. Le tout avec parfois un petit air de Total Recall pour les conditions de vie de Belters. La dimension lutte des classes est assez claire dans le film sans qu'on soit pour autant dans la veine de SnowPiercer.
Rien de particulièrement nouveau sous le soleil pour le moment, sauf une chose assez rare pour être signalée : c’est (très) bien fait. L’ensemble est cohérent et annonce un niveau de maturité renvoyant une série comme The 100 à ce qu’elle est, c’est-à-dire une diffusion pour jeunes ado à peine pubères n’ayant pas encore le droit de veiller trop tard le soir. Oui c’est sévère, mais pas injuste.
Il faudra juger The Expanse sur la durée mais le pilote donne largement satisfaction et a su créer des attentes pour la suite (c’est bien ce qu’on demande à un pilote, non ?). Les 3 épisodes suivants confirment largement avec ce sentiment que c'est de mieux en mieux et qu'un épisode est bien trop court.
C’est une bonne surprise et en soit une performance pour une série TV de sci-fi. Les amateurs du genre sont tellement sevrés de qualité qu’ils doivent se contenter du médiocre; avec The Expanse on est dans le bon. Pas l’excellent, juste le vraiment bon: un A- pleinement satisfaisant, si on veut. Il n’y a aucune raison de bouder son plaisir même si le passé des séries de sci-fi invite à la prudence.