j'ai commencé à regarder The Fall un peu à reculons. Je trouvais ça lent et j'avais du mal à rentrer dans l'intrigue. J'étais surtout gênée par le personnage de Paul Spector, car je n'arrivais pas à me persuader qu'un "pretty boy", de surcroît psy-quelque chose, pouvait endosser de tels crimes. Puis j'ai commencé à me laisser porter par le sujet, sa lenteur délibérée, sa noirceur, faisant fi de mes hésitations vis-à-vis de ce personnage, à partir du 3ème épisode de la saison 1. C'est vrai qu'on se perd un peu dans l'enquête parralèle dont on oublie de nous donner par la suite le dénouement (donc que vient elle faire là ?), qu'il y a nombre d'invraisemblances qui sont hélas inévitables, que le nom du tueur, choisi par les scénaristes, peut prêter à sourire et sonne un peu comme un slogan publicitaire, et que surtout Jamie Dornan n'est pas du tout à la hauteur du personnage et qu'il surjoue les méchants, trop impregné de sa gueule d'ange et d'ex mannequin. Mais malgré toutes ces restrictions, The Fall est une excellente série qui vous accroche les tripes et devient, tout comme sa musique lancinante, comme une obsession dont on veut connaître l'issue. Gillian Anderson est tout simplement exceptionnelle et elle est servie par un plateau de seconds rôles magnifiquement écrits et interprétés. La narration parralèle du point de vue de l'enquêtrice et du tueur en série contribue à donner du souffle à cette série policière anglaise résolument différente et encore et toujours très réussie. Pourquoi nos scénaristes et réalisateurs français, à l'exception de séries qui se comptent sur le bout des doigts (Engrenages, le Bureau des Légendes, Les Papillons Noirs...) ne savent ils pas nous faire de la bonne téloche comme ça et se contentent ils de nous resservir le mêmes vieilles recettes éculées depuis Maigret ? Cela reste pour moi un mystère.