C'est pour moi la révélation du mois, voire de l'année. Oui, je sais, ce genre de survival game, c'est un peu comme certaines choses: elles ne laissent pas indifférentes. Soit on adule, soit on déteste. Et je respecte tout à fait ses détracteurs.
Cet anime a des défauts. Certes, il en cumule quelques uns, et pas des moindres. Je peux accepter les personnages stéréotypés, le scénario un peu étrange, ou même le concept en général, parfois douteux.
Tout ça dépend vraiment de la personnalité et de la jugeote des spectateurs.
Mais moi, et j'espère ne pas être le seul, j'ai complètement accroché. Que je sois bon public, j'admet, mais de là à paniquer quand l'épisode fonctionne mal...
Ses points forts ? Des moments succincts mais efficaces à faire pleurer des pierres. Une protagoniste au sommet, et un développement de scénario suffisant.
Ses points faibles ? Les incohérences, le héros principal (ou plutôt anti-héros...) et le manque de profondeurs de certains personnages, qui en mériteraient tellement plus !
Je veux m'intéresser à Yuno, qui est pour moi le pilier central de l'oeuvre (je dis de l'oeuvre, parce que pour moi, ça en est une). Il est extrêmement difficile de comprendre le personnage de mademoiselle Gasai, et je ne suis pas sûr d’y parvenir un jour. Comment un amour peut il être aussi fort pour une personne somme toute aussi fade ? Demander à Roméo et Juliette ou à Cyrano et Roxane aurait du sens. D’où vient toute cette démence ? Ces tourbillons d’émotions abominables et d’une mélancolie comme jamais je n’en ai ressentit ? Elle est nimbée de mystère, d'irrationalité des pieds à la tête, et c’est ce qui fait son charme si particulier de Yandere.
Son enfance étouffée dans la violence à laquelle elle fit face dans la violence est malheureusement le reflet du quotidien de milliers d’enfants à travers notre monde, ne nous voilons pas la face. La suite est moins commune, quand même…
Ses parents indignes éliminés, ils laissèrent un vide absolument titanesque dans l’esprit de la jeune fille. Car tous les enfants ont besoin de leurs parents. Et tous les parents devraient aimer leurs enfants. Mais c'est mon humble avis...
Et seule, dans une maison de ruines obscures éclairée par ses cris, on imagine facilement que c’est le remord et la solitude qui l’ont complètement rongé. Et c’est là qu’intervient le modeste, le petit et ermite Yukiteru. Qu’est ce qui a changé ? Qu’est ce qui a opéré à cet instant ? Pauvre spectateurs que nous sommes, nous ne le saurons sans doute jamais.
Mais toujours est-il que l’incident de la « fiche parcourt » a donné à notre schizophrène ce qui lui manquait le plus dans son existence moite et décousue: de l'affection, et un but. Et c'est à partir de cette blague, ce vulgaire moment qu'une des passions les plus incroyables que j'ai jamais étudié va débuter. Parce que, à défaut de réalisme, on nous distille des sentiments extrêmes: Yuno n'est elle pas prête à sacrifier une demi-douzaine d'univers pour sauver son rêve ? N'est elle pas prête à vivre indéfiniment les même moments pour passer l'éternité avec lui, quitte à souffrir dans tous les enfers de Dante ?
N'est elle pas prête à le trucider pour revivre encore et encore la joie puis l'enfer de sa propre séparation ?
C'est la définition d'une fidélité abusive... car oui, dans ce manga, tout est abusif, tout est trop, tout est saturé. Explosions, mélancolie, amour, et surtout compréhension des chronologies (gros point noir; je n'en dors plus). Et puis la fin, cette fin aussi étrange que toute en guimauve...
Pour une dernière précision, je ne cherche ni à convaincre, ni à faire aimer. Juste partager ce qui est pour moi un grand classique du survival game d'anime, avec son lot de scènes cultes et sa lourdeur glauque frissonnante...
Une tragédie moderne, avec sa Médée et son Britannicus en rose bonbon. Merci, tellement merci pour ce cadeau !