Saison 1 : 8/10
Cette saison inaugurale est un vrai bonheur.
Véritable orfèvre en la matière, puisqu'on le retrouve impliqué à divers degrés dans des shows aussi tordants que "The Office", "Parks and Recreation" ou encore "Brooklyn Nine Nine", le créateur Michael Schur invente un univers aussi délirant que bien pensé, qui emporte "The Good Place" bien plus loin que son format sitcom ne l'aurait laissé imaginer.
Outre son brin de folie assumé, une véritable créativité émane de cette série atypique, aussi bien par ses décors bariolés, par son humour loufoque et décalé (cf l'impossibilité de dire des gros mots, qui sortent déformés : "what the fark"!), et plus encore par sa touche de réflexion métaphysique inattendue.
Rappelons que les personnages du show diffusé sur NBC sont morts, et viennent de débarquer dans une sorte de paradis absurde et coloré, réservé aux humains qui l'ont mérité à l'issue de leur séjour sur Terre. C'est à dire les plus altruistes, les plus généreux.
Sauf que l'héroïne Eleanor a visiblement usurpé sa place, elle qui ne s'est jamais soucié de personne d'autre qu'elle-même...
"The Good Place" s'avance régulièrement sur le terrain de l'éthique et de la philosophie, ce qui n'est pas banal pour une série de network. Surtout que les auteurs parviennent à faire un double usage de cette dimension métaphysique, à la fois ressort comique efficace et véritable source de réflexion (légère, hein, forcément) en lien direct avec l'avancée de l'intrigue.
Ultime atout incontestable du show : des personnages hyper attachants, parfaitement incarnés par une troupe de comédiens de talent, à commencer par l'irrésistible Kristen Bell, dont le potentiel comique m'avait sauté aux yeux dans le pourtant moyen "Bad Moms". La blondinette se lâche totalement dans la peau de l'immorale et dévergondée Eleanor, sachant que les rebonds de l'intrigue lui permettront de montrer d'autres facettes de son jeu.
Avec Jameela Jamil (Tahani, la girafe snob et sexy à l'accent british) et Tiya Sircar (la jolie indienne un peu trop parfaite), Bell constitue un trio de trentenaires absolument ravissantes aux charmes très variés, qui devrait combler un large spectre du public masculin.
N'omettons pas de mentionner l'excellence du casting masculin, avec la révélation William Jackson Harper dans la peau du génial Chidi, le cérébral coincé, la découverte Manny Jacinto, doué pour jouer les débiles légers, et le vieux routier du showbiz Ted Danson, parfait pour incarner le distingué et mystérieux Michael.
Histoire de boucler dignement cette magnifique saison initiale, "The Good Place" s'achève sur un twist futé et surprenant, qui relance totalement l'intrigue et donne envie de se plonger très vite dans la suite des aventures d'Eleanor et ses nouveaux amis.
Saison 2 : 6/10
Loin d'être un naufrage, cette deuxième salve de 13 épisodes marque néanmoins un recul de mon point de vue : "The Good Place" rentre dans le rang.
Il faut dire que l'effet de surprise est passé, inévitablement, et les créateurs semblent énormément s'appuyer sur l'univers existant, au détriment de la créativité exacerbée de la saison inaugurale. Ainsi, les diverses trouvailles et autres fulgurances humoristiques se sont raréfiées, les auteurs s'appuyant davantage sur des ressorts comiques connus (la bêtise de Jason, le snobisme de Tahani, l'indécision de Chidi…).
C'est le revers de la médaille après avoir placé la barre aussi haut lors de la saison initiale, et c'est sans doute aussi le sort inévitable réservé à un deuxième opus (comparable à la suite d'un film à succès) : la quasi-obligation de recycler ce qui a fonctionné, au détriment de l'inventivité.
Il y a pourtant un point sur lequel les scénaristes ont vraiment cherché à se renouveler, c'est celui de la trame narrative : on ne compte plus les rebonds du scénario au cours de cette saison 2, émaillée de nombreux twists et autres changements des "règles du jeu" rebattant complètement les cartes.
L'intention est louable, mais la contrepartie s'avère assez lourde : on finit par se sentir moins impliqué en tant que spectateur puisqu'on sait que les évènements sont constamment susceptibles d'être balayés par quelque péripétie en forme de deus ex machina.
Par conséquent, certains épisodes apparaissent plus faiblards, mais la série offre encore d'excellents passages, bonifiés par une interprétation de premier choix.
Si l'on regrette l'absence de l'hilarant Adam Scott et la quasi disparition de la charmante Tiya Sircar, on apprécie a contrario l'arrivée de guests tels que Jason Mantzoukas ou Maya Rudolph, et le rôle toujours plus important confié à la méconnue D'Arcy Carden dans ses deux versions (gentiment perchée en Good Janet, férocement drôle en Bad Janet).
De plus, la tournure prise par les évènements au cours du dernier épisode augure d'une troisième saison prometteuse, avec sans doute un changement de décor offrant de nouvelles perspectives.
Je serai devant mon petit écran pour connaître la suite, mais seulement après une pause de quelques mois, histoire de laisser renaître une certaine excitation.
Saison 3 : 7/10
Juste quelques mots pour signaler le grand plaisir que j'ai ressenti à me replonger dans l'univers loufoque de "The Good Place", et à retrouver cette petite bande de héros déjantés.
J'ignore dans quelle mesure ma longue pause de plusieurs mois a favorisé cette joie retrouvée à regarder la série, et si cette saison 3 inégale s'avère réellement meilleure que la précédente...
Le fait est que je me suis bien marré, et que je compte enchaîner rapidement sur la quatrième et ultime saison, qui viendra conclure cette drôle d'épopée existentielle.
Saison 4 : 7/10
Vue dans la foulée de la saison 3 (environ 2 ans après les deux premières), cette saison finale offre un dénouement satisfaisant à "The Good Place", davantage axé sur l'émotion puisqu'on quitte définitivement nos héros, qui eux-mêmes vont "disparaître" sur le plan intra-diégétique.
Les spectateurs les plus émotifs auront peut-être la larme à l'œil au cours de ces ultimes épisodes qui diffusent une certaine mélancolie, mais toujours riches en fantaisie et en drôlerie, je vous rassure. Avec ce zeste de réflexion métaphysique qui a constamment accompagné la série satirique de Michael Schur, contribuant à sa richesse thématique.
"The Good Place" aurait sans doute pu apparaître plus aboutie, moins consensuelle, mais c'est une "petite" série comique dont je me souviendrais avec une certaine affection.