Dans les séries policières, il y a très souvent un défaut d’équilibre entre l’intérêt de la partie enquête/procès renouvelée à chaque épisode et le fil rouge sur la vie privée des personnages. Dans de nombreux cas, un de ces composants est toujours délaissé au profit de l’autre, et cela limite l’intérêt de la série sur le long terme. L’absence de cette faille dans The good wife fait d’elle une de mes séries préférées, une des rares qui maintienne sa qualité au fil des saisons.
Non seulement les cas traités à chaque fois sont extrêmement recherchés et passionnants, mais la vie privée de ces avocats et surtout d’Alicia Florrick l’est tout autant.
Les cas sont différents à chaque fois, et on assiste à une grande variété de procédures judiciaires (procès, grand jury, médiations, dépositions, sélection de jury, négociations…). Nos avocats ne sont pas des héros de la Justice, défendant la veuve et l’orphelin contre les pires individus, mais présentent des personnages réalistes aux objectifs pragmatiques, recherchant avant tout la victoire et l’appât du gain. Leurs clients ne sont pas tous des saints, à l’instar de Bishop le baron de la drogue ou Colin Sweeney le « meurtrier » pervers sexuel. La série pose ainsi la question de l’éthique, et de la difficulté morale que représente la défense d’un coupable. Jamais je n’ai trouvé un cas ennuyeux en 4 saisons, et ça c’est déjà un tour de force.
Ensuite, l’autre point fort de la série c’est que la vie d’Alicia étant liée à un homme politique en plein scandale, ou même en pleine campagne plus tard dans la série, fait de sa vie privée une sorte « d’enquête » elle-même. On découvre les dessous d’une campagne américaine, les magouilles, l’hypocrisie omniprésente des candidats (bon d’accord ça c’est pas quelque chose de nouveau je vous l’accorde). C’est passionnant et en même temps amusant de voir combien un politique américain dépend de sa femme. Le gars l’a trompée avec une prostituée, mais comme elle ne le quitte pas, il reste un bon candidat pour devenir procureur. Donc si je comprends bien, ses qualités politiques résident dans sa capacité à convaincre sa femme de rester ?! Bien bien…
D’ailleurs le fait qu’elle s’obstine à ne pas le quitter malgré les multiples humiliations publiques est assez mystérieux. Est-ce qu’elle reste pour les enfants? Est-ce parce qu’elle est contre le divorce? Est-ce parce qu’elle a aussi des ambitions politiques ? Ou est-ce parce qu’elle l’aime malgré tout ? Difficile à dire, sûrement pour un peu toutes ces raisons et après tout pourquoi pas.
On trouve, parmi les fans, deux camps, les pro-Peter, le mari repentant, et les pro-Will, le patron ancien flirt de l'université. Le triangle amoureux déchaîne les foules. Dans une interview télé, Julianna Margulies expliquait que les fans qui viennent à elle ont deux attitudes. Les hommes veulent qu'elle reste avec Peter, parce que "come on, we're all weak!", les femmes d'un certain âge sont du même avis parce que "come on, give him a chance!", alors que les femmes plus jeunes veulent qu'elle le quitte, sans doute parce que c'est plus romantique.
Pour ma part j’appartiens au premier camp, pour deux raisons, la plus simple étant que je ne suis pas une fan de Will. Je le trouve peu intéressant et très peu séduisant (et oui je suis superficielle, le physique compte!). Il a toujours une sale gueule avec ses cernes et son nez géant. Loin de moi l’idée de le critiquer, il est sympa, mais pas assez. En plus, j'ai envie de dire, s'il l'aimait vraiment et s'il avait des couilles, il y aurait longtemps qu'il aurait pousser Alicia a divorcer... Le gars se décide pas!
La deuxième raison est que je trouve intéressant qu’Alicia reste avec son mari. Les femmes bafouées divorcent facilement aujourd’hui. Je ne dis pas qu’elles ont tord, d’ailleurs si je découvrais que mon mari m’avait trompé à 18 reprises avec une pute, je serais sûrement la première à brûler ses affaires et à le quitter. Mais là elle ne le fait pas et ne donne jamais de réelles explications sur le pourquoi. Je trouve qu'il y a quelque chose de remarquable à essayer de réparer une union, peut-être qu’on essaye plus assez de nos jours. Et puis Peter m’est sympathique. Je pense que je n’arrive pas à l’imaginer en salaud, et qui plus est Julianna Margulies et Chris Noth ont une belle alchimie.
Bref le tout est évidemment servi par un casting de première classe, et c’est peut-être, finalement, la première qualité de la série. The good wife met en avant une femme plutôt ordinaire, certes avocate et brillante, mais discrète et réservée, ce qui est un choix d’héroïne également assez osé.