Alors que la cinquième saison est en cours de diffusion et me met les nerfs en pelote en me privant d'épisodes le temps de la trêve de Noël (quelle sale habitude !), j'en profite pour revenir sur cette critique et la note associée, pour passer à 9. C'est un minimum tant The Good Wife est en train de réaliser un exploit peu commun : après cinq saisons, elle continue à s'améliorer. Les personnages sont de plus en plus attachants (pas parce que remarquablement excentriques / plus que parfaits dans leurs qualités et défauts, mais par leur justesse, leur crédibilité, ce qui rend leurs prestations toujours jubilatoires), les arcs narratifs - toujours plus subtils et justement dosés de saison en saison - parviennent à présent à insuffler un suspens implacable à chaque épisode, sans minorer les états d'âmes - puissants dans leur délicatesse - de ses héros.
Et pourtant, le terreau de départ était déjà excellent, parvenir à gagner encore en qualité est un sacré exploit de la part des scénaristes, bien aidés par des acteurs tous au diapason.
Pour rappel, The Good Wife a pour pitch de base l'histoire d'une femme au foyer Alicia Florrick (interprétée par la remarquable Julianna Margulies) mariée à un procureur (donc un homme politique aux USA), ce dernier se retrouvant mêlé à une histoire de mœurs et de corruption. Trompée par un époux incarcéré, elle se retrouve dans l'obligation d'assurer la subsistance de sa famille et relance sa carrière d'avocate. La série début alors que le scandale est passé. Le mari attend son procès, et la femme exemplaire Alicia Florrick fait partie d'un cabinet dont un des associés est un ancien ami d'université.
Si le format série policière / juridique est respecté - chaque épisode repose peu ou prou sur un procès - elle ne se contente pas d'affaires criminelles, loin de là. Le cabinet défend des escrocs, des meurtriers avérés, pilote des opérations financières, constitue ses jurys, défend des droits d'image, est confronté au droit numérique balbutiant (l'épisode de la CIA est à voir absolument), etc. Je n'ai jamais eu l'impression de voir un épisode similaire. De plus, avec plusieurs saisons au compteur, les scénaristes s'amusent à présent à rebondir sur des affaires passées télescopant un nouveau dossier trois saisons plus tard, illustrant au mieux l'aspect "vase clos" du système judiciaire américain.
Plutôt que de longs plaidoyers vus et revus, la série s'appesantit sur l'envers du décor du métier d'avocat américain : les nuits blanches, les trouvailles de formes pour bloquer une procédure, les accointances avec la partie adverse, les juges, les luttes de pouvoirs et querelles d'ego au sein d'un cabinet... L'ensemble transpire l'arrangement, les négociations, informelles comme formelles, les coups bas... Rajoutez à cela les intrigues politiques autour du mari, toujours plus présentes, et vous obtenez un cocktail plus que savoureux : passionnant.
Au delà de cette plongée dans le système judiciaire américain, la pièce maîtresse de The Good Wife repose sur le traitement des personnages. Rien n'est racoleur, tout est délicat, en retenue, en non dits et allusions. Au fur et à mesure que les saisons s’enchaînent, la galerie de "tronches" s'étoffe, les ambitions dévorantes et problèmes personnels s'entrelacent pour accoucher de fils directeurs qui font de The Good Wife une série nerveuse et addictive, ce que le pitch n'aurait jamais pu laisser présager.
Alors oui, le revers de cette "finesse" dans le traitement du sujet, c'est que The Good Wife ne démarre pas sur les chapeaux de roues, loin de là. Elle prend le temps de fignoler ses personnages, de distiller ses intrigues, n'espérez pas gigantesques cliffhangers ou de grandes envolées lyriques (quoique... Je me surprend souvent à rembobiner un épisode sur un passage précis tant une réplique d'Elie Gold ou la morgue d'une Kalinda me fait jubiler). Il faut laisser sa chance à la série pour en apprécier toute la saveur.
Bref, tout ça pour dire que l'hallucine un peu de voir que The Good Wife n'atteint même pas les 7 de moyenne sur SC. Elle serait affublée d'un logo HBO / Showtime / ABC, tout le monde se palucherait dessus. Mais non, c'est CBS qui produit, alors on n'accorde pas sa chance au produit. Allez, un petit effort, vous ne le regrettez pas.
PS : dédicace à @Before-Sunrise qui prend un malin plaisir à me teaser sur chaque épisode, me faisant trépigner insupportablement, au point que je redouble de ruse pour m'échapper au plus tôt du boulot afin de visionner la perle de la semaine !