Une bien belle baraque qui se délite

[Retour sur la première saison seulement, je n'ai pas vu The haunting of Bly manor]

The hanting of Hill House, c'est 10 épisodes de délitement progressif jusqu'à un dernier épisode très "tout ça pour ça". Et attention, le problème ce n'est pas le final à proprement parler, que je vois pas mal de gens critiquer.

La série commence très fort, et les premiers épisodes sont les meilleurs : les apparitions horrifiques sont bien dosées, la mise en scène est soignée (par contre j'aime pas le travail de photo, mais bon, des goûts et des couleurs), les ingrédients du mystère sont là et on mord à l'hameçon, en essayant de comprendre, heure par heure, minute par minute, ce qui a bien pu se passer dans le manoir de Hill House pour transformer une famille heureuse en un catalogue de névroses. Et c'est là qu'on touche au premier problème de la série : cette dimension catalogue, A l'image de pas mal de productions Netflix (films comme séries), les personnages de The haunting of Hill house sont des archétypes peu investis et peu attachants, qui tous et toutes renvoient à une manière différente de gérer le deuil, la mort, le stress, etc. Untel se complait dans le mensonge et la réécriture du passé, une autre se coupe émotionnellement du monde extérieur, un troisième se drogue... Il n'y a pas beaucoup de vie dans ces personnages qui sont quasi-inexistants en dehors de ces quelques traits.

Il n'y a pas beaucoup de vie et d'idées non plus dans la série et sa réalisation. C'est joliment fait, il y a pas mal de mouvements de caméra élégants, d'effets de montage sympathiques, mais très rarement de surprises, aussi car chaque épisode semble suivre un canevas précis. Ce n'est pas le fameux épisode 6 qui m'a fait changer d'avis sur le sujet : il ne suffit pas de faire 4 plans-séquences avec une caméra qui tourne autour de ses personnages pour révolutionner le cinéma (quant aux comparaisons avec Six feet under que je vois régulièrement passer, elles me sont incompréhensibles. Je veux dire, vous avez vu les scènes d'engueulade entre David et Keith, ou, pour citer un seul épisode, celui de la fête d'anniversaire de Nate ? On est quand même très, très loin en matière de qualité).

La conséquence de ce canevas répété indéfiniment, c'est que très vite il n'y a plus de surprise et que la deuxième partie de la série se délite complètement. On en revient à s'attacher aux petits détails liés à l'intrigue que le scénario lâche au compte-gouttes, et pour peu qu'on sache additionner deux et deux et qu'on ait déjà vu des adaptations de Stephen King au cinéma, tout le scénario se dessine et la surprise disparaît. Dans la première minute de l'épisode 7, la série lâche ainsi assez d'indices pour que j'en ai deviné (devinasse ?) sa fin, et les séries à scénario dont on pressent la résolution à seulement la moitié (Broadchurch saison 1 c'est aussi à toi que je pense) c'est jamais bon signe. Si on y ajoute le fait que la série ne laisse presque jamais la place à l'interprétation ou à l'imagination (alors que si je regarde de l'horreur c'est aussi pour avoir cette possibilité), l'écriture ferme beaucoup plus de portes qu'elle n'en ouvre.

Alors il en reste quelques chouettes scènes, quelques moments réussis, une bande-son très classique mais qui touche assez bien son but, et mine de rien une curiosité pour les autres productions de Flanagan (hors du carcan de Netflix peut-être ?), mais bon, tout ça ne casse pas trois pattes à un canard.