"The head" est clairement une série a twist, comme il existe des films à twist.
Sa principale qualité réside donc dans sa construction scénaristique complexe permettant d'arriver à ce rebondissement final inattendu, remettant en perspective tout le récit.
L'annoncer en préambule, c'est certes spoiler partiellement la surprise finale, mais rassurez-vous, on comprend assez vite que la série va jouer sur ce registre-là, dans la manière dont les scénaristes choisissent de divulguer ou non certains éléments de l'intrigue.
On s'efforce alors de repérer les indices potentiels, et de deviner l'issue finale. D'autant que le twist en question n'est pas révolutionnaire, reprenant des éléments narratifs déjà-vus dans d'autres films / séries / romans.
Malgré le cadre constitué d'une base isolée en Antarctique, et la référence directe à "The thing", la série diffusée sur Canal + ne joue pas la carte du fantastique, lui préférant le registre de l'énigme criminelle, avec une narration éclatée sur plusieurs temporalités.
Une poignée de survivants sont retrouvés sur la base par l'équipe scientifique qui leur succède à la fin de l'hiver austral, charge aux nouveaux arrivants de comprendre ce qui s'est passé.
J'avoue qu'au départ, j'ai eu du mal à me passionner pour ce polar en huis-clos, la faute sans doute à des personnages peu charismatiques voire carrément antipathiques, auxquels peine à donner vie un casting cosmopolite composé de seconds couteaux.
Il y a là l'irlandais John Lynch en génie de la science arrogant, l'allemand Richard Sammel en chef d'équipe dépassé, l'espagnol Alvaro Morte en cuistot inquiétant, la jeune britannique Katharine O'Donnelly en survivante fragile, sans oublier le couple danois (Laura Bach - Alexandre Willaume) et le japonais Tomohisa Yamashita en régional de l'étape - "The head" étant une création de HBO Asia.
Il faut dire aussi que j'avais vu il y a peu de temps la série suédoise "Rig 45", autre thriller en huis-clos (sur une plate-forme pétrolière) jouant sur des codes similaires, et pénalisée par la sensation de dépaysement totalement absente (tournage intégralement en studio).
Dans la série des frères Pastor, au budget plus conséquent, les extérieurs tournés en Islande ne dissipent pas complètement un ressenti similaire, où le froid et l'isolement ne sont pas franchement palpables (les nombreuses scènes de studio ayant été tournées... aux îles Canaries!).
Bon, ma critique paraît sévère mais "The head" reste une série honnête et parfois divertissante, jamais vraiment ennuyeuse (le format de 6 fois 50 min fonctionne bien), mais jamais palpitante non plus - hormis lors de l'épisode final réussi.