Générique, montage, intérêt, émotion, stupeur, colère, rage.
Tout est là.
A la mémoire de Soeur Cathy Cesnik, une de ces femmes courageuses et hors clichés, assassinée à 26 ans en 1969 par deux prêtres pédophiles avec l'aide de complices, pour avoir osé les affronter.
Dans la ville de Baltimore, le plus vieil archidiocèse des USA autorise des nonnes à enseigner dans un lycée publique. Soeur Cathy, qui veut prouver que la vie religieuse n'est pas celle de l'isolement hors du monde laïque ni de l'abandon des autres, décide de donner de sa personne.
Tout le monde apprécie cette femme ouverte, avenante, et empathique, bien différente des autres religieuses plus froides et sévères. Cathy donne aussi des cours de guitare, et s'acquière rapidement un entourage de jeunes lui vouant un intérêt amical et fraternel.
Mais dans ce lycée, deux prêtes chargés de surveiller le programme et d'assurer une permanence psychologique aux élèves, s'adonnent à des viols et à la destruction mentale inimaginable de ceux qui ont le malheur d'ouvrir innocemment leur porte. Leur manipulation est sans limite, et leur goût pour le mal qu'il déversent dans les bouches, plus effrayant que tous les portraits de psychopathes connus.
Les bruits de couloirs qui circulent depuis quelques temps, finissent par tomber dans les oreilles de Cathy, qui suspectait quelque chose mais n'attendait qu'un signe, un battement de cil d'une élève, pour agir. Et lorsque Cathy décide, avec courage, de parler diplomatiquement à ceux qu'elle respecte hiérarchiquement mais à qui elle s'oppose moralement, c'est sans savoir le peu de respect et l'horreur absolue qui allait s'abattre sur elle.
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D'anciens élèves de Cathy à la retraite, profondément bouleversés par son meurtre, vont plusieurs décennies après mener un travail d'enquête remarquable, qu'aucun policier ni détective n'aura réussi à amonceler au moment des faits. Leur bonté de coeur, leur force infatiguable, leur travail de fourmis, auront raison du mystère qui entoure ce fait divers ayant marqué la ville. Ces épris de justice réussiront l'exploit, non sans l'aide d'un groupe Facebook et d'une ex-victime retrouvant la mémoire, de réunir les pièces du puzzle jusqu'au point où la vérité jaillit de l'oubli et du trauma.
Du scandale étouffé par l'Eglise catholique déplaçant ses fous de diocèse en diocèse, jusqu'à l'interview d'un témoin clef du meurtre, en passant par le silence du FBI sur l'enquête encore en cours (sic) et l'étonnement d'un agent prenant connaissance de certains faits, le documentaire avance en suivant le fil thérapeutique d'une victime centrale encore en vie et cherchant la lumière au bout du tunnel.
Madame X, qui aura été la première à parler, est bouleversante par sa force de caractère à vouloir retrouver sa mémoire par elle-même, et à la garder loin de tout contact avec les autres victimes et groupes de discussions pour ne pas la contaminer de faux-souvenirs. Sa lutte, sa peine infinie, et l'amour de son mari qui à l'époque malgré la tristesse de la jeune femme a accepté d'en faire son épouse et lui a permis de fonder une famille, ne peuvent qu'émouvoir et enseigner le respect.
Et on retient ses larmes, lorsqu'un des bourreaux retrouvé et se penchant sur une photo, souffle répétitivement, rongé par le mensonge, tel un vieillard expirant son péché...
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