Je précise que je ne parle que de la première saison, n'ayant pas encore vu la seconde.
Copenhague, une jeune fille morte, une enquête sur fond de scandale politique, 20 jours, 20 épisodes. Dans les grandes lignes Forbrydelsen/The Killing c'est ça, puisqu'il n'est pas facile de rentrer dans les détails sans spoiler.
Ce qu'il faut déjà savoir, c'est que la série est lente et ce du début à la fin. The Killing prend son temps comme rarement j'ai pu le voir dans un polar. Cette lenteur peut être parfois frustrante mais au final justifiée car elle sert un scénario complexe et très élaboré qui pourrait facilement nous perdre.
Si le meurtre de Nana Birk Larsen est au coeur de l'histoire, la série se concentre avant tout sur ses différents protagonistes. Car si l'enquête est remarquable sa galerie de personnages l'est encore plus.
La série se focalise sur trois "groupes" différents; la police, la famille de la victime (très touchante) et enfin des politiques qui se retrouvent au coeur de l'enquête. Cela permet d'aborder à la fois le deuil, la vengeance, la tromperie, le mensonge, la détermination, la soif de pouvoir...
Chacun est traité d'égal à égal, chaque personnage est fouillé, travaillé pour rendre l'ensemble encore plus crédible et permettre au spectateur d'en capter tous les enjeux, car ceux ci sont très nombreux.
Et tous ces gens, ils ont un point commun, ils sont faillibles. C'est la constante de The Killing et ce qui est pour moi sa plus grande force. Ici personne n'est parfait, on en est même très loin, pas même les "héros". Tout le monde fait des erreurs, que se soit de principe ou de jugement, et doit en assumer toutes les conséquences, parfois très graves. Il n'y a pas de formule magique dans l'enquête, rien ne vient par hasard et les policiers sont presque tout aussi fragiles que les victimes.
C'est sur cette base fragile que repose l'ensemble qui on le sent peut s'écrouler à la moindre erreur.
Autre caractéristique de la série, la froideur. Celle ci se ressent évidemment de par le lieu de tournage. Ici, pas de soleil, un peu de neige, de la pluie, beaucoup de nuit, de caves et puis forcement l'histoire de fond, très glauque.
Une froideur qui est véhiculée aussi par les personnages (oui encore eux) et qui en rend une très grande partie presque détestable par moments que se soit par rapport à leurs réactions ou leur mutisme. Vous verrez très peu de sourires sincères et de joie, même les deux flics ne peuvent pas se sentir.
Le meilleur exemple est le personnage principal. Sara Lund est une inspectrice sobre et attachante (pas comme son pull),charismatique et intrigante. Mais elle est aussi insolente, bornée, prend beaucoup de risques, adore raccrocher au milieu d'une conversation téléphonique ou partir sans répondre à ses collègues, les laissant en plan et nous aussi par la même occasion.
Du côté de l'histoire rien à redire, c'est du grand art. L'enquête est passionnante de bout en bout et les ramifications tellement nombreuses que le tout en est presque intimidant.
The Killing ne laisse aucun répit, il y a des retournements de situations à la pelle, des surprises et énormément de tension jusqu'au final tout à fait remarquable. Et ce qui est très fort, c'est que malgré cette lenteur le rythme reste très soutenu, un équilibre presque parfait.
Presque parfait parce qu'il y a bien deux petits bémols justement. En effet la série gagnerait à aller un peu plus vite sur certains passages plus "dispensables" et aurait pu éviter certains choix scénaristiques que l'on voit un peu venir.
Deux détails qui au final n'entachent pas du tout sa qualité globale. The Killing est la série policière la plus prenante et fascinante que j'ai pu voir depuis très longtemps. Un travail d'écriture de premier ordre, une galerie de personnages (et d'acteurs) éblouissante pour vingt épisodes d'une enquête marquante et bouleversante.
EDIT: la saison 2, plus courte, avec seulement 10 épisodes est vraiment un cran en dessous. Elle reste assez intéressante mais malheureusement met un peu de temps à vraiment démarrer (ce qui est dommage avec moitié moins d'épisodes).
On y retrouve les mêmes éléments que dans la première saison avec une intrigue mêlant meurtres et politique et faux semblants, et une enquête toujours menée par Sara Lund.
Mais ça fonctionne moins bien, si elle reste d'excellente qualité, elle est moins passionnante, moins suffocante et surtout moins ambitieuse.
9/10 pour la saison 1 et 7/10 pour la saison 2.