Chantres de la précision et passionnés d'intrigues nébuleuses, les univers de Park Chan-wook et de John Le Carré devaient se rencontrer. Ce fut chose faite avec THE LITTLE DRUMMER GIRL.
Nous voilà donc propulsés en 1979 où le Mossad traque les membres de l'Organisation de libération de la Palestine. Pour ce faire, il recrute une jeune actrice britannique pour la faire jouer un rôle et infiltrer l'organisation. Dans ce spectacle tant intime que mondial, les forces en place se disputent la réalité qu'ils souhaitent construire. Au milieu de cette opposition se trouve Charlie, en recherche de sa position dans le monde, perdu entre ses sentiments, ses convictions et idéologies. THE LITTLE DRUMMER GIRL ne dépeint ici que l'artificialité du monde d'aujourd'hui, impossible de rétablir la paix, où la plus forte des personnalités peut se voir broyer par sa pleine compréhension des enjeux mondiaux. A ce titre, derrière les masques du jeu de manipulation, une terrible mélancolie se dégage des différents protagonistes. Très judicieusement, les scénaristes parviennent à la lisibilité malgré le sujet abordé et son propos méta-textuel sur la fiction. L'impressionnant travail scénique du réalisateur sud-coréen, entre Hitchcock et De Palma, explique tous des rapports de force. Les compositions, la colorimétrie, ces jolis zooms et le montage viennent entériner le propos et parfaire de longs dialogues souvent très justes, mais parfois quelque peu didactiques.
Loin de proposer une vision manichéenne de ce conflit s'étalant sur des décennies entières, THE LITTLE DRUMMER GIRL pose un regard objectif sur celui-ci, traite son sujet avec maîtrise et en tire une analogie captivante du monde du spectacle.