Après quelques films horrifiques plutôt bien menés et liés à l'univers kingien - Jessie, puis Doctor Sleep - Mike Flanagan s'est lancé avec brio dans la production de séries pour Netflix avec les différentes saisons de The Haunting of puis le moins convainquant mais intéressant Sermons de minuit.
Cinéma horrifique ultra référencé, sensoriel, souvent bavard mais aux personnages bien construits, il nous tenait en haleine. Autant dire que l'annonce de The Midnight Club me plaisait plutôt bien.
En gros, une série de gamins en fin de vie, dans un hospice, qui se réunissent le soir pour se raconter des histoires qui font peur, sur fond de feu de cheminée crépitant et d'une bonne dose d'hémoglobine. Un terrain de jeu idéal, pas vrai ?
Il faut savoir que la série est tirée de l’ouvre de Christopher Pike, le "Stephen King des adolescents" comme on le surnomme, et c'est peut-être la plus grande faiblesse de The Midnight Club: Flanagan nous fait une série pour ados. Les thématiques sont là, mais tout est tiède, au mieux appétissant, au pire mielleux, mais jamais consistant.
Le fait d'installer une galerie de personnages aussi nombreux, que Flanagan veut développer en parallèle, rend leur exposition au mieux bancale, au pire totalement ratée. L'écriture pèche, les épisodes s'étalent en lourdeurs explicatives alors qu'en même temps certaines réactions paraissent totalement dénuées de toute logique narrative. Premier problème.
De plus, visuellement, Flanagan a fait mieux. Si la photo n'est pas dégueu et si les changements de formats sont parfois amusants, les effets spéciaux sont particulièrement atroces et n'aident pas à s'immerger dans le récit raconté. Second problème.
Mais malheureusement, cela ne s'arrête pas là. L'idée d'avoir à chaque épisode une histoire narrée par un autre gamin est tentant. Une sorte de Conte de la Crypte chez les cancéreux, pourquoi pas ? Sauf que Flanagan veut à tout prix inscrire l'histoire racontée dans le développement même de l'intrigue principale. Et c'est le troisième problème. Les histoires deviennent poussives, lourdingues, parfois interminables, parfois sans queue ni tête.
Si elles permettent, et de manière assez amusante, à Flanagan d'investir une multitude de genres (nanar positronique basé sur le jumpscare, film noir, SF, horreur pure,...) et de citer tous ses maîtres (tantôt King, tantôt Kubrick, Verhoeven, Carpenter pour ne citer qu'eux), elles ne constituent jamais rien qu'un appendice artificiel appondu à la trame narrative principale pour en expliciter des éléments de scénarios pourtant déjà bien clairs.
Cela plombe le rythme de The Midnight Club qui ne réussira jamais à démarrer, jusqu'à se perdre dans un final mielleux et interminable dont le dénouement final ne parviendra guère à attraper l'attention du spectateur pour une seconde saison. Dommage...