Quelqu'un peut m'acheter un joint ? Parce qu'apparemment, c'est indispensable pour cette série. Et pourquoi pas ? Autant être prévenu d'avance : "The Midnight Gospel" est une série en soi exigeante. Exigeante de par son originalité assez exceptionnelle, surtout dans quelque chose d'aussi codifié que les séries animées pour adultes. Exigeante, surtout, sur ses intentions de base : parler philo, sur une animation littéralement indépendante, sur 20 minutes pas mal psychédéliques.
En sous-catégorie, parler bouddhisme, sur une animation portée sur la décomposition, sur 20 minutes où les personnages semblent surgir d'un trip corsé. A priori, de belles idées ! MAIS.
Le parler philo, que maintenant je mettrais entre guillemets. Nietzche et tous ses camarades en sueurs. Entre des pensées que je me disais déjà en primaire, les clichés propres à tout Occidental confortablement installé ("lâcher prise", "on crée sa propre réalité", tout ça tout ça), et les banalités toutes faites qui ne font avancer aucun "débat"... Si ça c'est considéré comme de la psychologie, alors ça me vieillit beaucoup, je vais autant en profondeur sur les mêmes sujets qu'une personne de 40 ans... Mais entre ces discussions qui sonnent comme des digressions entre deux étudiants (idéalement Parcours Sup) en soirée fumée et qui ne se retrouveront plus jamais, le plus frappant est que ce sont, apparemment, des professionnels qui s'expriment sur les pensées que leur ont inspiré leur métier. Tout le monde est philosophe, aujourd'hui, alors. Et, surtout, la présence du bouddhisme dans la série... J'ai absolument rien contre cette religion, et justement, je ne peux que suspecter les créateurs et même les intervenants de ne rien y connaitre : ils en parlent en abondants clichés, assimilables à des prospectus pour un club de yoga, et le regard Occidental qui s'y porte ferait sûrement grincer les véritables pratiquants. Non, le bouddhisme, c'est pas juste le "lâcher prise". Un peu de respect s'il vous plait. Donc, niveau propos, c'est foiré ; manque de bol, la série est surtout auditive, car extrêmement bavarde.
L'animation, autonome, reste saccadée. Je peux comprendre qu'on accroche à ce style quand on est dans un état second. Dans un état premier, c'est juste super moche. Autant regarder "Bob l'éponge" ou "Rick et Morty" alors, non ? Niveau animation, c'est tout-à-fait correct autant au premier qu'au second degrés (voire même au 3ème dans le cas de l'ami Bob), et vous passerez de meilleurs moments. Surtout, je trouve qu'elles ont beau être autonomes, elles se répètent toutes : en gros ça crache. Alors, elles nous ennuient, purement et simplement.
Les 20 minutes passent très lentement. Entendre des gens débiter des vérités toutes faites en soirée, même en situation, je préfère aller boire avec les gens qui ne se prennent pas au sérieux et qui savent ce que valent leurs paroles. Oui, le défaut ultime de cette série, c'est sa prétention. On partait d'un pari, vu ce que voulait proposer cette série (et qui était très intéressant !) ; on finit sur des discussions qui n'en sont pas, où on essaie d'amener des pensées de soi-disant remises en question, mais qui ne sont que des ramassis de citations trouvables sur Google Image (ou en faisant des recherches sur nos archives Facebook en 2010).
Alors, qu'on dise de cette série "ah là là, elle nous apprend tellement de leçons de vie, faut apprendre à écouter, ça m'inspire tellement...", ça me fait un peu peur. Alors non, même si c'est évident : fumer de la drogue, ce n'est pas la liberté, même si c'est cool, qu'importe la manière dont vous en prenez.