Fin d’été 2016, buzz sur le planisphère des séries télévisées. HBO lance une mini-série de 8 épisodes, The Night Of. Adaptation d’une série britannique intitulée Criminal Justice, la série relate le procès de Nasir Khan, un étudiant américain accusé du meurtre d’Andrea, une jeune fille rencontrée par hasard en allant à une soirée à New-York. Devant l’amoncellement de preuves accablantes, tout accuse Nasir comme coupable. Celui-ci clame pourtant son innocence.
Après avoir tourné avec Jake Gyllenhaal dans Night Call, mais aussi dans la série britannique Dead Set, l’acteur londonien Riz Ahmed interprète ici le rôle principal de la série, celui de l’accusé Nasir Khan. Sa transformation physique et de son caractère au cours de ces 8 épisodes est bluffante. Cette étoile montante sera bientôt de retour sur grand écran dans le prochain Star Wars. A ses côtés, un des acteurs les plus charismatiques d’Hollywood, John Turturro, interprète le rôle de John Stone, l’avocat de Nasir. Avocat de seconde zone, cette version sombre et désabusée de Saul Goodman se retrouve, un peu malgré lui, à défendre Nasir. Durant son procès, le jeune homme est emprisonné à Rikers où il se place sous la protection du caïd de la prison, Freddy, incarné par Michael K. Williams, rendu célèbre par son rôle d’Omar Little dans la série culte The Wire.
Le spectateur aura la surprise de voir le nom de James Gandolfini apparaitre lors du générique. L’acteur était initialement producteur exécutif de la série et devait endosser le rôle Stone. Malheureusement l’acteur décède peu après le tournage de l’épisode pilote. HBO décide de ne pas abandonner le projet, propose le rôle à De Niro dans un premier temps. Celui-ci étant indisponible à ce moment-là, la chaîne se tourner vers un ami de Gandolfini, John Turturro. Le bel hommage d’HBO envers ce géant est à saluer.
Divergent de Criminal Justice en choisissant comme accusé un musulman d’origine pakistanaise, la série brosse un portrait acerbe du système judiciaire américain ainsi que d’un racisme latent séparant toutes ces communautés composant l’Amérique qui semblent se tourner le dos. La violence en prison, la pression médiatique et la déshumanisation de la justice où la présomption d’innocence perd de plus en plus de terrain face au présumé coupable, sont des thèmes qui sont également abordés au fil des épisodes.
Mis à part quelques éléments scénaristiques peu crédibles, en particulier la scène où l’avocate Chandra fait office de mule et transmet un sachet de drogue à Nasir au nez et à la barbe du gardien, le scénario tient cependant toutes les promesses du premier épisode. Une réussite peu surprenante sachant que les créateurs de la série ne sont autres que Richard Price, qui a travaillé sur The Wire, et Steven Zaillian, scénariste de La Liste de Schindler et Gangs of New York.
L’affiche est une vraie réussite. Ces routes, tirées au cordeau, figurent à merveille les barreaux d’une cellule. Un autre atout de la série est la capacité à avoir mis à nu les personnages en exposant leurs faiblesses et leurs peurs sans concessions.
The Night Of est une descente aux enfers dont on ne se relève pas.