Depuis « The Wire », rien vu de cette qualité: photo, réalisation, scénario, casting, rien ne cale.
« The Night Of » est une série qui s’élève au sommet du genre. Le scénario est authentique, on n’est pas dans un univers chic et toc mais dans la vraie vie. Des avocats miteux, des coupables meurtris, des flics débordés et des inspecteurs dépressifs.
L’intrigue nous transporte de bout en bout pour nous laisser à terre au dernier épisode car nos anti-héros ne vont rien gagner à la fin, juste le droit de tenir pour continuer. C’est tragique et bouleversant. Une tornade dans la vie de Naz qui le laissera ravagé à jamais.
Sombre comme certains de ses quartiers, NYC nous avale pour mieux nous emporter d’un côte à l’autre de Manhattan . Seul Richard Price était en mesure de nous faire entendre le son de la ville, son coeur battre au rythme de sa diversité.
Jack Stone est un avocat paumé, qui racole des dealers et des prostitués au poste central du quartier. Au fil de la saison John Turturro va nous rappeler le meilleur de son jeu, il est à l’image de son personnage touchant et touché par la grâce et le malheur. Sa générosité déguisée en ironie est renversante, un sans-faute pour l’un des plus grands comédiens de sa génération au service d’une belle écriture et de son personnage. John peut s’apitoyer sur son eczéma, se lamenter sur sa solitude et faire preuve d’une clairvoyance hors du commun, il peut parfois dans sa dégaine nous rappeler Columbo, miteux, usé et rusé à la fois.
Naz, jeune étudiant pakistanais, veut s’intégrer et surtout rencontrer des filles libres, sa famille est musulmane et très respectueuse des codes de conduites, il veut son émancipation. Bloqué un soir il emprunte le taxi de son père pour quitter le Queens et rejoindre Manhattan où l’attend « The Party ». Dans l’incapacité d’éteindre son voyant lumineux de disponibilité, une jeune femme embarque et l’histoire nous emporte pour 10 épisodes.
Naz se révèle tout au long de la série : physiquement et intellectuellement. Cette nuit cauchemardesque, où il se réveille auprès du cadavre d’Andréa, va changer, définitivement, le cours de sa vie.
Une belle performance et un rôle d’exception pour ce jeune comédien Riz Ahmed. Ses yeux de Bambi et sa candeur donne tout son attrait au personnage de Naz et la force du scénario est de nous faire douter jusqu’au bout, ce jeune homme sait naturellement jouer l’ambiguïté et sa sonne comme du talent.
Les seconds rôles sont soignés avec : Sgt. Box qui mène sa dernière enquête avec un semblant de flegme pour ensuite développe comme de l’acharnement, son départ à la retraite sonne le glas de la dépression, il va s’accrocher à l’enquête avec ténacité, Bill Camp est discret mais grandiose.
La jeune avocate Chandra (Amara Karan) est toute en douceur mais c’est avec détermination qu’elle pense savoir sauver son client, sa naïveté va l’emporter pour l’égarer définitivement.
Michael K. Williams, ancien de « The Wire » décroche le rôle Freddy, taulard, entre ange gardien et prince des ténèbres.
Peyman Moaadi et Poorna Jagannathan, les parents de Naz sont sublimes d’innocence.
Jeannie Berlin joue la Proc redoutable et redoutée puis emparée par le doute.
Steven Zaillian et Richard Price nous offrent une série différente qui fait du bien où ça fait mal.
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