Je suis actuellement dans une de mes passes spécifiques aux fictions policières. Il y a quelques temps déjà, on m’avait conseillé de regarder la mini-série de HBO The Night Of, qui est un reboot de la série britannique Criminal Justice. Possédant un compte OCS j’en ai profité pour me lancer dans cette fiction sérielle.
Nous sommes à New York, le jeune étudiant Naz Khan d’origine pakistanaise et de confession musulmane doit se rendre à une soirée au cœur de Manhattan. L’ami qui devait l’amener en voiture annule le déplacement mais Naz est bien décidé à rejoindre la soirée étudiante. Il décide alors de voler le taxi de son père pour s’y rendre. En chemin et ne sachant pas comment passer son taxi en « off duty » il se fait accoster par des potentiels clients. Dans un premier temps il les refuse, jusqu’à ce qu’une jeune femme entre dans celui-ci. Après quelques minutes de discussion il finit par approuver la course. Les jeunes adultes passent la soirée ensemble, cette jeune femme dont Naz et le téléspectateur ignore le prénom propose à l’étudiant d’abord de la MDMA, puis en rentrant chez elle de l’amphétamine et des shots de tequila. Dans un état second les deux individus ont un rapport sexuel. Lorsque Naz se réveille dans la cuisine, il remonte dans la chambre pour s’habiller et dire au revoir. La jeune femme ne répond pas, en allumant la lumière il s’avère qu’elle est couchée sur le lit, inanimée, du sang recouvre le corps, le lit et les murs. Paniqué notre héros rassemble ses affaires, et avant de s’enfuir de l’appartement s’empare du couteau qui a servi à faire les shooters ainsi que la fiole d’amphétamine. Il se fait arrêter en état d’ivresse, sur le chemin les policiers reçoivent un appel pour une effraction. Un voisin a été témoin et Naz est amené sur les lieux. D’abord perçu comme un témoin on le ramène au poste où l’on découvre qu’il est en possession d’un couteau (la victime a reçue 22 coup de couteau). Tous les indices, le place en tant que principal suspect, pourtant il est innocent (ou du moins semble l’être). C’est alors que commence la longue procédure judiciaire, tandis que l’étudiant est envoyé en prison en attendant son procès.
C’est avec subtilité qu’est traité le sujet à la fois par le scénario, l’image, le jeu d’acteur et la bande son. En effet, tout au long de cette mini-série les musiques sont peu présentes. On en retrouve par exemple lorsque Denis Box – le policier chargé de l’enquête – écoute de la musique classique en voiture, mais à part pour les crédits ou ces petites scènes la bande son n’est guère utilisée pour créer une tension auprès du téléspectateur, ce qui rend la situation encore plus pesante. L’image quant à elle est assez épurée et contemplative avec une colorimétrie assez froide – comme l’ambiance générale –. On prend le temps de présenter les lieux comme si nous rentrions aux côtés de Naz dans chaque nouveau lieu – le commissariat, le tribunal, la prison – avec une approche esthétique des plus plaisante.
Mais bien sûr, les points forts de cette série se trouve principalement dans le jeu d’acteur et les arcs narratifs. En effet, c’est par le biais de ce meurtre qu’est questionné le milieu judiciaire États-unien, avec notamment ses principaux défauts. On y retrouve alors une critique de la justice (policier, avocat…) car l’enquête est bâclée puisque tout semble pointer vers Naz, ce suspect on ne peut plus facile. On omet donc d’effectuer des recherches sur les antécédents d’Andréa, ses relations, ses addictions...Mais aussi sur le passé de Naz. Le téléspectateur est confronté au racisme omniprésent envers les minorités (ici principalement musulmane) ou entre les minorités elle-mêmes depuis le 11 septembre, les vagues subies par famille à cause de cet arrestation (perte d’emploi, déscolarisation du second enfant…). On y représente différents aspects du métier d’avocat notamment l’avocat qui profite de cette affaire pour mettre en avant son cabinet, celui qui tente de se faire un peu d’argent tout en ressentant une compassion forte pour Naz, ou encore la jeune débutante. Ainsi que l’adaptation à une vie carcérale complexe, plus encore quand on est soupçonné d’un viol et du meurtre d’une jeune femme.
Parmi tous ces arcs narratifs, je dois avouer que j’ai été singulièrement touchée par le personnage de John Stone. Cet avocat solitaire dont le visage est placardé dans le métro et qui s’occupe des prostitués et des dealers souvent coupables qu’il trouve lorsqu’il rode dans les commissariats. Mais c’est aussi une victime, principalement de moqueries - de ses collègues, des amis de son fils, d’inconnus - à cause de son eczéma situé sur ses pieds. Ses multiples tentatives de guérison de sa maladie, l’adoption puis le rejet du chat de la victime (alors que ce dernier est allergique aux poils d’animaux) soulignent une ambivalence chez le personnage à ne pas vouloir laisser ce petit animal solitaire – comme lui – seul dans la nature ou à la SPA et à essayer d’aller mieux.
La mini-série (ou long film policier?) traite donc avec finesse des défauts de la justice américaine, et des problèmes sociaux comme la stigmatisation raciale ou physique présente aux États-Unis.
(8/10 - Je me lance dans quelques critiques).